La galerie d'art du Royal Mansour à Casablanca abrite les œuvres récentes de l'artiste peintre Wafaa Mezouar du 2 octobre au 31 décembre. Sur son acte plastique, Mostapha Chebbak, critique d'art, écrit : « Wafaa se définit, d'abord et avant tout, comme une artiste peintre dont les œuvres picturales gravitent autour d'une abstraction aux expressions lyriques. L'artiste dédaigne les slogans de salon. Elle chérit plutôt la distance et la retraite (au sens initiatique) qui ouvrent sur l'introspection et permettent, par la même, une véritable construction de soi. De son coté, Abdellah Cheikh, professeur de l'histoire de l'art à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca et critique d'art, nous a confié : « Passionnée par le patrimoine visuel du Maroc, Wafaa Mezouar anime la surface de ses toiles par des graphismes lyriques, pour aller s'abreuver spontanément à l'art du tapis, du tatouage et de la décoration authentique en général. Elle détourne les signes et les symboles rattachés au corps et les réinterprète avec beaucoup de lyrisme et de purisme. C'est dans ce sens de recherche que l'approche plastique de cette artiste vise à libérer l'imaginaire collectif et assurer une admirable réhabilitation d'un patrimoine pictographique que l'utilisation a confiné dans la dimension utilitaire. Actuellement, cette artiste matiériste opte pour des atmosphères telluriques d'une abstraction gestuelle délibérée et abondante. Il s'agit d'un acte plastique qui rappelle, entre autres, l'être et le parâtre, les racines et les appartenances. Au-delà de l'option figée entre les deux pôles de la tradition et de la modernité, elle a inscrit par son œuvre ouverte la possibilité d'ouvrir d'autres voies singulières, en partageant avec le regardant avisé ses interrogations et ses préoccupations et en laissant l'exemple illustre de l'originalité. Le désir s'accorde avec la nécessité intérieure … Discrètement, elle peint et s'interroge sur la confrontation de la peinture avec la réalité marocaine dans son terroir symboliques et ses traces identitaires. Réflexion sur « la trace indélébile dans les mémoires», quête de l'universalité en partant de la culture populaire marocaine, préoccupation d'élaborer un style personnel. Wafaa répond à « une irrépressible émergence des racines », en relevant tatouages, jeux de tapisserie, motifs artisanaux, autant de formes reconnaissables et mémorisable ». Wafaa Mezouar est née en 1957 à Meknès. Elle est diplômée de l'école des Beaux Arts de Casablanca ainsi que de l'école de Dessin de bâtiment (section architecture). Sa première consécration fut en 1978 où elle obtient la médaille d'or au Festival international des arts plastiques à Tunis. L'influence de l'un de ses professeurs à l'école des Beaux Arts de Casablanca a été pour beaucoup dans son choix de la tapisserie murale comme mode d'expression. Dans ses tissages, elle assemble des bijoux arabes anciens aux bijoux berbères, alliant merveilleusement dans son travail tradition et modernité. Les matières utilisées sont simples, brut et nobles à la fois (laine, coton, raphia, toile de jute, cuir …). En admiration devant l'écriture berbère, cette artiste accomplie un mélange de textures et de matériau Elle passe ensuite de la tapisserie d'art moderne et de la sculpture à la peinture abstraite faite d'ocre rouge, de brun, de jaune luminescent, illuminant son territoire de pigments bleus volatiles où se côtoient quelques notes d'or. Ses tableaux sont des œuvres qui allient à la fois les tissus, la soie, les bijoux et les parures. Une part de rêve s'installe alors, celui d'un Orient relié aux mémoires subtiles, si souvent imprégné du regard de la peinture au cours de l'histoire.