Et nous voici revenus aux grandes joutes sportivo-diplomatiques qui accompagnent les élections des villes hôtes des Jeux Olympiques. Elections qui ressemblent en tous points à celles qu'organisent la FIFA pour l'attribution du Mondial. Avec une différence qui compte. Au CIO, il y a près de 120 votants alors qu'à la FIFA seuls les 24 membres du Comité exécutif ont le droit au scrutin. Quatre ans après les batailles pour les J.O. de 2012 où le Londres de Tony Blair a raflé la mise à la dernière minute, de 4 voix seulement, face à Paris laissant loin derrière, Moscou, New York et Madrid, voici le CIO de Jacques Rogge et de Nawal Moutawakil dans les difficultés d'un vote qui s'annonce historique. Si on a privilégié Nawal sur ses 119 collègues, c'est parce que la Marocaine a été, tant pour les J.O. 2012 que ceux de 2016, la présidente de la commission Olympique devant établir un rapport sur le meilleur candidat. Mais on sait que dans ces circonstances entre grandes villes aussi puissantes les unes que les autres, les rapports d'inspection comptent pour beurre. C'est du folklore promotionnel pour un CIO qui, durant les candidatures, se fait courtiser par les gouvernements du monde entier. Et aujourd'hui, veille du vote à Copenhague tous les membres du CIO sont l'objet de lobbyings extraordinaires. Ça doit discuter ferme dans les suites des palaces. Rappelons que pour 2012, l'action de Tony Blair qui avait reçu plus d'une trentaine de votants à son hôtel a été reconnue comme décisive. Et demain que se passera-t-il ? Que sortira de l'urne où 120 personnes auront fait leur choix. A l'heure qu'il est Jacques Rogge, président du CIO sait qui organisera les J.O de 2016. Car ce serait drôlement peu professionnel pour un président de laisser le sort décider à sa place, un président de comité international a d'abord pour but de veiller aux intérêts économiques de son organisme. Et l'intérêt économique du CIO est que les Jeux aient lieu à Chicago. Pas seulement parce qu'Obama s'y est investi personnellement mais surtout parce que Chicago est la ville où se situe le siège de Mac Donalds, qui est l'un des plus vieux et des plus gros sponsors du CIO, lequel Mc Donalds a déclaré que si Chicago n'avait pas les J.O il reviserait sa position. On ne peut pas être plus clair. Comme a été clair Coca Cola quand pour 96, on a laissé tomber Athènes ville olympique historique, pour désigner Atlanta, siège de la firme de la fameuse boisson gazeuse. En outre les chaînes de télévision américaines ABC et NBC qui possèdent les droits de retransmission des J.O, droits achetés à coup de milliards ne voient pas d'un bon œil des J.O organisés dans un pays lointain (Tokyo par exemple) qui comme pour Pékin 2008 les obligerait à modifier leurs grilles de programmes pour cause de décalage horaire. Alors face à ces arguments, que valent la poésie de la candidature de Rio de Janeiro « au nom d'un continent qui n'a jamais organisé les J.O », ou la beauté de la candidature madrilène meilleur pays sportif européen sur le plan des résultats ? Quant à Tokyo, il paraît condamné d'avance, on voit mal les J.O revenir en Asie, huit ans après Pékin. Voilà le tableau est tracé. Concluez-vous mêmes.