La tempête tropicale qui a balayé Manille et ses environs, provoquant les pires inondations en 40 ans et faisant au moins 240 morts, rappelle de nouveau la nécessité vitale d'apporter des réponses à la question du changement climatique, estiment des experts. La violence de la tempête tropicale Ketsana, avec des pluies qui n'ont pas cessé neuf heures durant et un niveau d'eau qui a atteint 6 mètres par endroits, a fortement étonné les experts dans un pays touché en moyenne par vingt typhons chaque année.De plus, des changements “étranges” notamment dans le parcours de ces typhons, au cours des deux dernières années, ne manquent pas de surprendre les spécialistes.En avril, période d'été aux Philippines, trois typhons se sont abattus sur le pays, l'un d'eux provoquant un glissement de terrain à l'origine de la mort de 250 personnes au sud de Manille, souligne ainsi Anthony Golez, responsable du Centre de coordination des catastrophes nationales.Par ailleurs, en juin, les typhons ont dévié de leur route traditionnelle, traversant pour la première fois le nord et le centre de la grande île de Luçon, relève de son côté Prisco Nilo, le chef prévisionniste de la météorologie philippine. “En tentant d'analyser scientifiquement les données, on observe que cette année et l'an passé ont donné lieu à des phénomènes étranges et l'on peut seulement présupposer que cela s'explique par le changement climatique”, avance M. Golez.Yvo de Boer, le plus haut responsable onusien sur le climat, a estimé mardi que la tempête tropicale qui a balayé les Philippines démontre la nécessité d'aboutir à un accord contre le réchauffement de la planète. “Une des raisons pour les pays de se retrouver ici est de s'assurer que la fréquence et la sévérité de ce genre d'événements climatiques extrêmes diminue grâce à une politique ambitieuse”, a-t-il estimé, en marge des négociations sur le climat qui ont repris lundi pour deux semaines à Bangkok. Quelque 2.500 délégués se sont retrouvés à Bangkok avec une quasi-obligation de résultats sous peine de voir deux ans de négociations accoucher d'un désastreux échec à la fin de l'année, lors du sommet de Copenhague.Pour tenter de limiter le réchauffement de la planète à + 2 degrés, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent cesser d'augmenter en 2015, selon les scientifiques.Si cet objectif n'est pas atteint, ils craignent une accumulation de catastrophes naturelles, sécheresses, inondations et autres élévations du niveau de la mer d'une ampleur sans précédent.Selon Jose Bresales, responsable de l'ONG World Vision, la tempête qui a ravagé Manille doit servir “d'alerte avant le sommet de Copenhague”.Citant un rapport du Groupe d'experts sur le climat (Giec), l'ONG souligne que les cyclones tropicaux vont devenir plus intenses, accompagnés de vents encore plus puissants et de précipitations plus importantes.Le phénomène aurait alors un impact disproportionné sur les Philippines où 43% de la population, soit 36 millions de personnes, vivent avec 2 dollars par jour ou moins.”Il faut aider des millions de Philippins à se préparer à des tempêtes encore plus dévastatrices”, souligne M. Bersales. Vietnam: 170.000 personnes évacuées Le Vietnam a annoncé avoir évacué quelque 170.000 personnes en prévision du typhon Ketsana, dont l'approche a déjà provoqué de nombreuses coupures de courant, chutes d'arbres et inondations dans le centre.Ketsana s'est transformé en typhon après son passage sur les Philippines.Il s'approchait mardi des côtes vietnamiennes, où, après avoir légèrement changé de trajectoire, il était désormais attendu dans l'après-midi.Dès la nuit de lundi à mardi, de fortes pluies et des vents violents se sont abattus sur plusieurs provinces du centre du pays communiste. Plusieurs parties de la ville de Hué, qui abrite une citadelle classée au patrimoine mondial de l'Unesco, étaient envahies par les eaux. Certains devaient utiliser des barques pour se déplacer.