Contexte : Le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) a organisé, en collaboration avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et avec l'appui financier de l'Ambassade du Royaume des Pays bas, le séminaire de clôture du projet « Promotion des droits des femmes et de leurs rôles dans le processus de justice transitionnelle au Maroc », initié par l'IER. Le CCDH, en charge du suivi, a engagé des mesures dans les domaines de réhabilitation des victimes, à travers des actions d'indemnisation financière, de régularisation de la situation administrative ou professionnelle, de couverture médicale et d'intégration sociale. Il a intégré également un programme de réparation communautaire dans les onze provinces ciblées par les recommandations de l'IER, et d'une meilleure intégration de l'approche genre. Ce projet, qui prend fin, a été signé conjointement entre l'UNIFEM et le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) pour la mise en œuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), surtout en ce qui concerne la stratégie d'intégration de l'approche genre dans l'ensemble du processus de suivi des recommandations, notamment celles concernant le programme de réparation communautaire. Ce grand chantier rentre également dans le cadre du processus de justice transitionnelle au Maroc, de la mise en exergue de la violence politique pendant les années de plomb, mettant ainsi en valeur le rôle et la contribution des femmes au processus démocratique et le besoin de renforcer leur participation dans le domaine de la réconciliation et de la résolution de conflit. L'approche participative, en faveur de la promotion des conditions humaines de la femme au Maroc, a permis une meilleure concertation sur la problématique, donné des résultats représentatifs sur le terrain, et mis en relief les progrès enregistrés, les entraves, les contraintes et les points négatifs à combler. Les réalisations et acquis sont énormes, a assuré M. Ahmed Herezeni, président du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme, pointant le doigt sur les trois expériences pilotes réalisées au niveau national. A savoir, la préservation positive de la mémoire à Errachidia, les projets générateurs de revenus à Figuig et le renforcement des capacités des femmes à Zagoura. Pendant ces deux années du projet, cinq études ont été éditées, confirmant la reconnaissance par la société et l'Etat des préjudices subis par les femmes et à la réhabilitation de ces dernières dans leur dignité ; deux documentaires ont été réalisés sur l'expérience marocaine et l'institution d'une commission genre au sein du CCDH. L'objectif de ce séminaire de fin et de démarrage d'un projet spécifique de questions de genre et de justice transitionnelle, a rappelé Mme Zineb Touimi Benjelloun, Représentante au Maroc du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) et Directrice régionale des programmes pour l'Afrique du Nord, est de présenter toutes les réalisations et de voir quels sont les nouveaux chantiers pour accroître la participation des femmes dans la construction de la paix et dans tout processus de réconciliation. Rappelant que le programme était très important, que ce soit au niveau du Maroc ou au niveau international. Au Maroc, le travail de l'IER était très innovant et encore plus par son traitement des questions de genre, dès le départ, ce qui permet la visibilité du rôle et de la place de la femme dans tout le processus. Toutes les leçons et les pratiques apprises de l'expérience pilote marocaine seront partagées avec la communauté internationale. Le troisième point important, c'est que ce travail représente une réponse directe du Royaume à deux Résolutions importantes du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Résolution 1325 qui porte sur les questions de la participation des femmes à la construction de la paix et de la sécurité, ainsi que la Résolution 1820, adoptée le 18 juin 2008, qui incrimine la violence sexuelle en tant que tactique de guerre. Etant souvent les premières victimes de guerre, elles pourront aussi apporter des solutions. Pour ce qui est de l'étape suivante, ce serait la poursuite de ce travail en terme d'institutionnalisation des questions de genre et d'habilitation des femmes dans tout le processus du CCDH, continuer les questions de réparation communautaire, visibiliser les femmes encore qu'elles en bénéficient, travailler encore sur la mémoire pour apprendre du passé et construire un meilleur avenir. Au Maroc, la prise de conscience sur la nécessité d'impliquer la femme dans la construction démocratique, l'instauration d'une paix durable et la promotion de la culture de l'égalité s'inscrit dans ce projet de société qu'est la justice transitionnelle. Ce projet illustre l'intersectorialité dans la consécration des droits avec en relief la spécificité de la Réconciliation et de la Mémoire, explique Mme Benjelloun. Le film marocain de la série documentaire »Women in the frontline », largement diffusée par BBC, a obtenu le « Prix Mondial TV 2009 pour le meilleur documentaire de contribution à la résolution des conflits » décerné par le « Asia Pacific Institute for Broadcasting Development ». Mme Benjelloun a également relevé les trois projets pilotes, encore en cours, qui ont permis l'aautonomisation des femmes, de leur leadership et de leur présence dans l'espace public à la problématique de réconciliation et de mémoire. Au cours du séminaire ont été présentées les réalisations, les acquis et avancées en la matière, l'analyse qualitative et les leçons tirées du projet ainsi que les témoignages des organisations non gouvernementales porteuses de projets pilotes. Les leçons tirées et les recommandations de la journée constitueront une plate-forme pour le suivi du projet en ce qui concerne l'appui à l'institutionnalisation du genre, des outils de diagnostic et des indicateurs genre au sein du CCDH et à la qualification des acteurs pour relever les défis d'un pays démocratique. D'autant plus que les difficultés persistent face à la diversité des problématiques et les spécificités de chaque région, de l'isolement, de la marginalisation et la situation climatique, ce qui rend difficile l'élaboration d'une stratégie unifiée et mieux coordonnée.