Le Conseil de Sécurité s'apprête à prendre acte des briefings de Staffan De Mistura et d'Alexander Ivanko sur la situation au Sahara. Une occasion de découvrir de près les exactions du polisario dans les camps de Tindouf et les blocages de la circulation de la MINURSO. Détails. Peu de jours nous séparent de la prochaine réunion du Conseil de Sécurité sur le Sahara, prévue le 19 avril. Comme à l'accoutumée, les membres du Conseil devraient tenir des consultations à huis clos où ils seront informés de l'évolution de la situation sur le terrain sur la base d'un exposé du Représentant spécial pour le Sahara et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko. En plus, les Etats membres prendront acte du bilan des consultations menées par l'Envoyé personnel du Secrétaire Général, Staffan De Mistura, avec toutes les parties concernées. Ce dernier a enchaîné les rencontres avec tous les pays impliqués de près ou de loin dans le différend. De Mistura rend compte de ses consultations « off record » L'émissaire onusien a préféré mener ces discussions dans un cadre officieux, en y intégrant les représentants de l'Algérie et du polisario, en plus des pays du groupe des amis du Sahara. Le front séparatiste a subi un revers humiliant lorsque son prétendu « ambassadeur aux Nations Unies » a dû revoir sa qualification. Comme le front n'a pas de forme juridique, et est non reconnu par les Nations Unies, on l'a présenté comme étant « représentant du front à New-York ». Ces consultations sont une occasion de recueillir les positions des pays membres du Conseil de Sécurité en plus des parties directement concernées. Le Maroc, par la voix de son ambassadeur aux Nations Unies, Omar Hilale, a été clair quand il a souligné que le plan d'autonomie demeure incontournable pour la résolution du conflit, d'autant que la majeure partie de la communauté internationale soutient l'initiative marocaine. Force est de constater que 90 pays au sein de l'ONU ont clairement exprimé leur soutien au plan marocain, dont plus de quatorze pays de l'Union Européenne. L'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Hongrie, l'Autriche, Chypre et d'autres pays soutiennent sans équivoque et sans réserve le plan proposé par le Royaume en 2007, en plus des Etats-Unis qui ont franchi le Rubicon en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara dès 2020. Contactée par nos soins, une source diplomatique a expliqué que le Maroc demeure rassuré et confiant quant aux conclusions de Staffan De Mistura. « Il ne faut jamais s'inquiéter quand on a un bon dossier », lâche le diplomate. La présidence russe ! L'examen de la situation au Sahara aura lieu cette année dans un contexte particulier, sachant que c'est à la Russie qu'incombe la présidence tournante du Conseil de Sécurité. L'instance exécutive de l'ONU, rappelons-le, est présidée par un Etat-membre, qu'il soit permanent ou non-permanent, pour une durée d'un mois. Attribuée par ordre alphabétique, la présidence tournante est assurée par le Chef de la délégation du pays désigné. En l'occurrence, c'est l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassili Nebenzia, qui en prendra la charge. Ce dernier a dû, dès le début de son mandat, faire face aux critiques adressées à son pays, surtout par les pays européens, qui reprochent à Moscou son impartialité durant sa présidence compte tenu de son intervention militaire en Ukraine et de son bras de fer avec l'Occident. «La Russie n'abuse pas des prérogatives de la présidence. Il y a d'un côté la position nationale et de l'autre le rôle de la présidence du Conseil», a rassuré l'ambassadeur russe lors d'une conférence de presse, tenue lundi, et qui marque le début de chaque présidence tournante du Conseil. Concernant le Sahara, la Russie semble d'ores et déjà sceptique quant au travail de Staffan De Mistura. Le défi de la clarté C'est dans ce climat que les Etats-membres délibéreront à huis clos sur le Sahara, dont la situation sur le terrain s'est détériorée dans la zone tampon. Les éléments de la MINURSO avaient de la peine à circuler librement à l'Est du mur de défense à cause des entraves dressées par les milices du polisario. Le blocage est devenu tel que la mission de maintien de la paix n'était plus en capacité de s'approvisionner en carburants pour mener à bien ses patrouilles dans la zone. Ce n'est qu'après une forte pression que le front séparatiste s'est résigné à autoriser l'accès, à titre exceptionnel, aux convois de la mission pour qu'ils puissent se déplacer de Smara au Maroc vers le « team site » qui se trouve à l'Est du mur. La mission a pris connaissance du rétropédalage du polisario dans une lettre confidentielle destinée à l'ONU. Une façon d'embellir l'image du front pour éviter qu'il soit épinglé dans le rapport d'Ivanko. Ces blocages récurrents pèsent de plus en plus sur la mission qui peine à accomplir sa mission. Ceci devrait être souligné dans le briefing d'Alexander Ivanko, sachant que le Conseil de Sécurité est préoccupé par ces blocages depuis l'année dernière. Dans sa Résolution 2654, le Conseil a adressé implicitement une mise en garde au polisario en exigeant la reprise du « réapprovisionnement sûr et régulier des bases d'opérations de la MINURSO afin de garantir la viabilité de la présence de la mission ». Le rapport sera une occasion également pour décrire l'état actuel au mur de défense vu la poursuite des provocations et du harcèlement des milices du polisario qui semblent vouloir installer la zone dans une sorte de fièvre endémique. Selon le rapport du Secrétaire Général datant du 3 octobre 2022, le Maroc a signalé près de 691 faits impliquant des tirs contre ses unités stationnées le long du mur de sable ou à proximité, dont 64% à Mahbas. Ce à quoi les Forces Armées Royales se réservent le droit de riposter dans le cadre de la légitime défense. Le polisario s'est soustrait de ses obligations en se retirant de l'accord de cessez-le-feu, signé en 1991, portant ainsi, seul, la responsabilité de la reprise des hostilités. Au milieu de la tension actuelle, Staffan De Mistura tente tant bien que mal de resusciter les tables rondes qu'avait lancées son prédécesseur. Une mission ardue compte tenu de l'obstination de l'Algérie qui les juges obsolètes. Alger préfère des négociations directes entre le Maroc et le polisario pour échapper à sa propre responsabilité dans ce conflit.