Après une fermeture qui a duré depuis le 4 septembre, une certaine activité régnait hier, lundi, devant le chantier de l'Anfaplace Living Resort, ce grand projet touristique, résidentiel et financier en cours de réalisation sur la Corniche d'Aïn Diab à Casablanca. Des dizaines d'ouvriers ont été informés que le chantier allait reprendre ce jour et se sont présentés dans l'espoir d'être réembauchés. Ceci, sachant que la reprise des travaux dans un chantier aussi important, si elle devrait avoir lieu, ne peut se faire que graduellement. L'affaire de l'Anfaplace Living Resort continue à animer les débats après l'arrêt du chantier et la constitution par le ministère de l'Intérieur d'une commission d'enquête chargée de déterminer les conditions d'autorisation et de suivi du chantier. En attendant, la publication des résultats de cette enquête devant déterminer également "les conditions futures d'exploitation et le respect de la réglementation en vigueur tant sur le plan urbanistique ou de circulation que sur le plan environnemental ou sur le plan du respect des distances réglementaires par rapport à la mosquée adjacente pour ce qui concerne les autorisations des débits des boissons alcoolisées », des parties intéressées ont fait des sorties médiatiques pour minimiser l'importance de l'affaire. Ainsi, tous les problèmes évoqués à savoir « le manquement relevés au niveau de la sécurité du chantier », « la salubrité de l'environnement », « la circulation automobile et les nuisances sonores », « l'incompatibilité de certaines activités du projet avec la proximité de la mosquée Al Saoud », seraient dépassés. Tout se serait arrangé selon les vœux exprimés par les autorités, assure-t-on. Et il n'y aurait rien à redire également concernant les conditions d'autorisation du projet. « C'était du clean et conclut en toute transparence». Les défenseurs de l'environnement sont d'un autre avis. Jamais un projet d'une telle envergure n'aurait du être validé par les autorités de la ville au vu de la partie qu'il occupe sur une plage de sable fin, estime un écologiste. S'il s'agissait d'une plage rocailleuse, cela pourrait passer et encore. Mais la partie pied dans l'eau du projet Anfaplace Living Resort empiète totalement sur le sable d'Anfa Plage jouxtant la Plage Lalla Meryem. On rappelle que c'est justement pour des raisons urbanistiques et environnementales que l'autorisation a été refusée à un investisseur saoudien qui avait repris, début des années 90, l'établissement qui existait sur les lieux, Anfa Plage, pour en faire un grand complexe touristique et résidentiel. Les autorités de l'époque ont opposé un niet catégorique à ce projet. L'établissement Anfa Plage, se situant dans le prolongement du Lido (l'actuel Paradise Club), est ainsi resté longtemps à l'abandon, à l'état de ruine. Plus imposant que le projet rejeté, le projet Anfaplace Living Resort a été cependant validé et son chantier a été lancé il y a un an. Les dégâts qu'il a causés à l'environnement marin ne sont apparus pour les observateurs que dernièrement avec les travaux engagés avec les excavatrices sur le sable de la plage. Des dunes entières ont été déplacées. Or, l'équilibre sédimentaire d'une plage est très sensible à toutes les modifications qui peuvent intervenir dans son voisinage immédiat, rappelle-t-on. Les phénomènes naturels tels que les houles, les vents, les courants et les marées, vont s'associer pour modeler le rivage ou la plage pour donner un tracé d'équilibre du trait de côte, qui peut subir des modifications dans le temps si l'un des paramètres naturels est perturbé, explique-t-on. Aussi, on se demande si l'autorisation du projet Anfaplace a été basée sur une étude préalable d'impact sur le rivage. Il convient de rappeler que le projet Anfaplace Living Resort autorisé s'étend sur une superficie de 93 000 m_. Le maître d'ouvrage est le groupe espagnol Inveravante, fondé en 2007 par l'ex-propriétaire du groupe Fadesa qui a déclaré faillite et qui s'est désengagé de Mediterrania Saïdia, la première station du Plan Azur. S'élevant sur 4 étages sous le niveau du Boulevard de la Corniche, il comprend un shopping center installé dans un immeuble regroupant des magasins, des restaurants et des zones de loisirs ainsi qu'un parking. La zone de restauration complète l'ensemble par des espaces spécifiques donnant sur la mer, des zones aménagées en espaces verts pour la promenade, et des terrasses. C'est aussi un business center de plus de 16 000 m2 repartis en bureaux de différente distribution, avec le premier club financier de Casablanca. Anfaplace est également un living center disposant d'un hôtel haut standing de 234 chambres dont 17 suites, un centre de conférences ainsi que de 104 appartements touristiques. C'est aussi une offre résidentielle avec 260 appartements de haut standing, de différentes tailles (de 1 à 4 chambres). Le maître d'ouvrage du projet est le cabinet d'architecture britannique Foster and Partners. Anfaplace Living Resort est commercialisé par le bureau international de conseil en immobilier CB Richard Ellis qui déclare avoir déjà vendu sur maquette 40% de l'ensemble. Le prix du mètre carré oscille entre 35.000 et 45.000 DH.