Une large frange de Marocains se déclare « religieuse », tel que cela ressort d'une récente enquête d'opinion réalisée par le Baromètre arabe. L'attachement aux repères religieux est d'ailleurs à la hausse depuis l'avènement de la pandémie, pour un bon nombre de personnes dans les pays arabes. Près de 90% des Marocains se sont dit « religieux » ou « un peu moins religieux » selon les données relevées par le Baromètre arabe au titre de l'année 2021-2022. 100% des Mauritaniens, 97% des Jordaniens, 96% des Palestiniens, 95% des Egyptiens, 87% des Algériens, le sont, et la liste n'est pas exhaustive.. Depuis le début de la pandémie, précisent les auteurs, plusieurs personnes ont changé leur vision par rapport à la religion, ce qui s'est traduit au niveau de leur comportement. Les termes « prière » et « douâa » ont été les plus recherchés dans les moteurs de Google. Des constats confirmés par plusieurs statistiques réalisées aux Etats-Unis, qui confirment une évolution religieuse dans le monde.
Le Maroc et la religion... Réalisé auprès de 75.000 personnes jusqu'à ce jour, dans près de 15 pays du monde arabe, le Baromètre de l'opinion arabe remet en discussion la question de la religion dans nos pays. La proportion des Marocains, en particulier les jeunes, qui se disent "religieux" a augmenté au cours de ces quatre dernières années, estime-t-on, de même pour une large palette de personnes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il en ressort qu'une large majorité se déclare être totalement religieuse, ou l'est un peu moins. Le nombre de jeunes marocains de 18 à 29 ans, qui affirment ne pas être « religieux », a considérablement diminué, passant de 22 %, selon l'enquête 2018-2019, à seulement 10 % en 2021-2022. Entre 2012-2013, la proportion de jeunes Marocains qui tenaient les mêmes propos était d'environ 4 %. C'est ce qui a fait du Maroc le premier pays où la proportion de ceux qui se considéraient "non religieux" a chuté de 7 points, contre six points enregistrés en Egypte, cinq points en Algérie et quatre points en Jordanie, en Palestine, au Soudan et en Tunisie. Lorsque les actes comptent... L'enquête ne s'intéresse pas seulement à la recherche de l'identification du « religieux», mais aborde aussi la pratique religieuse. Ainsi, il en découle une forte augmentation de la proportion de citoyens qui déclarent interagir quotidiennement avec des textes religieux, entre 2018-2019 et 2021-2022. Au titre de l'année 2021-2022, près de 53% de Marocains ont dit oui, lorsqu'ils étaient interrogés sur « leur pratique religieuse », contre 34% enregistrés en 2018-2019. Par pratique religieuse, précisons-le, les auteurs de l'enquête entendent dire si la personne lit ou écoute le Coran ou autre texte sacré au moins une fois par jour. Pour le détail, le pourcentage de personnes qui disent le faire toujours ou la plupart du temps dans un certain nombre de pays a considérablement augmenté, y compris le Maroc (+19%), la Tunisie (+13%), la Palestine (+11%), le Liban (+7 %), le Soudan (+5%) et l'Algérie (+4 %). Chez les jeunes Marocains, près de 38% affirment en avoir fait la pratique quotidiennement ou la majorité du temps, entre 2021-2022, contre seulement 20% en 2018-2019.
Qu'est-ce qui stimule notre rapport à la religion ? Les auteurs soulignent que l'identité et la pratique religieuse ne sont pas constantes, mais changent en fonction du temps. Ils rappellent à cet égard que le pourcentage de citoyens de la région MENA, en particulier les jeunes, qui se disent « non religieux » était en hausse dans les années 2010, mais cette tendance s'est inversée dans les années 2020. Cette reprise de connexion avec la religion pourrait être attribuable à de nombreux facteurs, notamment la crise sanitaire liée à la propagation de COVID-19, la détérioration des conditions économiques ou d'autres facteurs qui motivent les gens à se tourner vers la religion.