Le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a mis en avant, mercredi 22 mars à New York, lors de la Conférence des Nations Unies (ONU) sur l'eau, les grandes lignes de la stratégie mise en œuvre par le Maroc en matière de gestion intégrée des ressources hydriques en lien avec les menaces de raréfaction. A la tête d'une délégation de haut niveau, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a représenté le Maroc aux travaux de la Conférence des Nations Unies sur l'eau, tenue du 22 au 24 mars courant à New York. Ce fût donc une occasion idoine pour le Royaume de réitérer son engagement à assurer une gestion durable des ressources en eau, mais aussi alerter sur les conséquences de la pénurie de l'eau et les défis de gestion de cette denrée précieuse, tout en en mettant en lumière les grands axes de la stratégie du Royaume en matière de gestion des ressources hydriques dans un contexte marqué par les aléas et les incertitudes. Intervenant lors de la séance plénière de ladite Conférence, Nizar Baraka a relevé l'engagement du Maroc dans la gestion de la demande en eau et de la valorisation de cette denrée précieuse, et ce, dans une approche Nexus Eau-Energie-alimentation et écosystème. L'objectif étant d'assurer à la fois la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, dans une perspective de développement durable. Ainsi, l'opération de mise à niveau des infrastructures hydrauliques, qui s'inscrit dans le cadre de la politique nationale de gestion de l'eau, a permis au Royaume de répondre de manière satisfaisante aux besoins. La diversification des infrastructures pour préserver l'eau D'après les données fournies par le ministre de tutelle, le Royaume dispose désormais de 152 grands barrages, avec une capacité de stockage de plus de 19 milliards de m3, en plus de 16 autres en cours de construction avec une capacité de stockage de près de 4.8 milliards de m3, ainsi que 136 autres petits barrages. En droite ligne de la feuille de route dont les contours ont été définis par SM le Roi dans le discours royal au Parlement, à l'occasion de l'ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 11ème législature, le Maroc s'est engagé à poursuivre ses efforts à tous les niveaux. Il s'agit, notamment, de la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles, la gestion de la demande sur l'eau et sa valorisation à travers des projets structurants, notamment la poursuite de la construction de petits et grands barrages en vue de soutenir la dynamique du développement local. A cela s'ajoutent les actions déployées par le Royaume en vue de renforcer la solidarité spatiale entre les bassins versants, sous forme d'un projet d'interconnexion des bassins du Sebou et du Bouregreg avec un débit de 15m3/S qui va permettre d'approvisionner en eau Rabat et le pôle urbain du Grand Casablanca, a détaillé le ministre. Parallèlement à la construction des barrages, le Maroc a fait le choix, précise Baraka, de faire recours aux ressources en eau non conventionnelles, notamment par le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées, pour assurer l'approvisionnement en eau potable. Priorité à une utilisation rationnelle de l'eau Le Royaume a décidé, conformément à la stratégie adoptée en matière de gestion de l'eau, de prendre toutes les précautions nécessaires à la rationalisation des ressources en eau, notamment à travers la modernisation des réseaux de distribution d'eau potable, outre le dessalement de l'eau de mer au moyen des énergies renouvelables pour faire baisser son coût. Expérience à l'appui, la station de dessalement à Dakhla a permis de réduire le coût de la production de l'eau (0,29 dollars/m3) à travers l'énergie éolienne. Dans le même sens, le Maroc compte poursuivre la mise en œuvre du projet de modernisation des réseaux d'irrigation et le recours à l'irrigation localisée qui s'inscrit dans le cadre du Programme national d'économie d'eau en irrigation (PNEEI), avec comme objectif de couvrir un million d'hectares d'ici 2030. Il s'agit aussi d'améliorer la production d'énergie hydroélectrique en se fixant pour objectif d'atteindre 14% d'énergies renouvelables, qui constitueront 52% de l'énergie totale produite au niveau national en 2030, avant de passer à 70% en 2040 et 80% en 2050. Elément incontournable pour la mise en œuvre des objectifs de Développement durable de l'Agenda 2030 de l'ONU, la coopération internationale a été instamment mise en avant par Nizar Baraka, qui a plaidé pour une coopération renforcée à tous les niveaux entre les pays, les départements et les utilisateurs de l'eau en vue d'aboutir à des partenariats fructueux dans ce secteur clé. Et a lancé une invitation à la troisième conférence internationale sur l'eau et le climat, qui se tiendra les 6 et 7 juillet 2023 à Fès, sous le thème « la gestion par bassin, clé de l'adaptation et de la réalisation des Objectifs de Développement Durable ». Par ailleurs, en plus de l'inclusion au niveau des secteurs (eau, énergie, alimentation et autres), le ministre de l'Equipement et de l'Eau a précisé que l'inclusion devrait être considérée également au niveau des catégories des parties prenantes (privées, publiques et société civile). Ceci dit, qu'il est nécessaire d'agir et de coopérer à tous les niveaux, entre les pays, les secteurs, les utilisations et les usagers et, bien sûr, de créer des partenariats. A la fin, Nizar Baraka a insisté sur la nécessité d'adopter des approches collaboratives, inclusives et innovantes pour sensibiliser le monde à la nécessité d'économiser et d'évaluer l'eau, d'améliorer l'efficacité et les performances, de maîtriser les données et l'information, d'attirer des financements privés pour l'eau, d'améliorer la gouvernance et la réglementation économique des services de l'eau, de mettre en œuvre une gestion intégrée de l'eau plus forte dans le cadre du nexus WEFE et, enfin et surtout, de tenir compte de l'empreinte de l'eau dans la planification urbaine. La Conférence internationale sur l'eau, rendez-vous annuel de l'ONU, a été consacrée cette année à l'examen à mi-parcours de la mise en œuvre des objectifs de la décennie d'action pour l'eau 2018-2028. D'après le Secrétaire Général de l'ONU, Antonio Guterres, la Conférence des Nations Unies sur l'eau de mars 2023 « doit déboucher sur un programme d'action audacieux pour l'eau » dans un contexte de crises hydriques de plus en plus menaçantes.