A la base, le personnage d'Albert Poussin devait s'appeler Albert Piteux, en hommage au vrai nom de l'ingénieur du son qui a inspiré le personnage. Réalisateur d'un «San Antonio» de triste mémoire, Frederic Auburtin fait aujourd'hui son grand retour, soutenu par le comédien Gerard Lanvin, en signant la mise en scène du film «Envoyés très spéciaux», ayant pour thème, entre autre chose, la prise d'otage, ici traité avec humour. Quelque mois après la libération d'INGRID Betancourt, le long métrage cré d'ores et déjà la polémique, en reposant l'éternel débat : «Peut-on rire de tout ?». L'humouriste Pierre Desproges répondait à cela : «Oui, mais pas avec n'importe qui». En ce sens, nul doute que certains risquent de s'offusquer à la vue de ce film détournant un sujet ô combien houleux vers une force burlesque dans la plus grande tradition française. Dommage, car le résultat se révèle être une totale réussite ou presque. Dans un premier temps, nous étions en droit de nous inquiéter. Sur le papier, le projet se présentait comme une énième comédie à la française, basée sur un duo, certes inédit dans la force, mais dans le fond ultra-répétitif : le boulet et le meneur. A l'écran cependant, force est de constater l'efficacité de ce nouveau couple, aussi irrésistible qu'attachant. Jugnot interprète un personnage proche du film «Tandem» dans une version nettement moins dramatique, face à Lanvin, toujours aussi dur, mais cachant en lui une sensibilité insoupçonnée. Les deux personnages se complètent ainsi inerveilleusement bien et apportent beaucoup à l'humour au film, l'essentiel reposant même sur leur seule confrontation. Par ailleurs, certaines séquences devraient rapidement devenir cultes, à l'instar de l'enregistrement vidéo des deux otages, ou bien encore celles des claques successives données par les ravisseurs, clin d'œil sympathique au film réalisé et y a maintenant plus de vingt ans par Francis Veber : «La chèvre», l'une des références les plus importantes du genre. Mais cette force à ses limites. Trop centre sur les protagonistes, le film en oublie parfois ses personnages secondaires dont le potentiel n'est pas assez exploité. C'est notamment le cas de la gente féminine, représentée ici par Valerie Kaprisly, toujours aussi envontante, et Anne Marivin, surfant sur l'interminables succès de «Bienvenue chez les ch'tis». Indispensables au récit et responsables en grande partie du caractère des deux héros, elles n'interviennent que trop brièvement au sein du métrage à tel point que leurs apparitions finissent par en devenir presque gratuites. Et nous pourrions dire autant de Omar Sy, formidable dans le service après vente des émissions sur «Canal Plus», mais ici, à la limite de l'anecdote, dans un miniscul rôle d'homosexuel. Un réel gâchis. En revanche, le film à la bonne idée de mettre en avant de nouveaux visages, tels que Guillaume Dudand, ou l'humoriste Laurent Gerra, jusqu'ici ignoré par le septième art. Est-ce l'annonce d'une grande carrière ?