Entre déception et indignation, la polémique ne cesse d'enfler parmi les candidats « avocats » auxquels la chance au concours n'a pas souri. Dans l'autre rive, près de 1.999 candidats ont pu caresser le rêve d'obtenir un certificat d'aptitude à la profession d'avocat. C'est un total de 1999 candidats parmi 2081 qui ont réussi l'épreuve orale pour l'obtention du Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA), alors que 82 candidats ont échoué. Les épreuves orales pour obtenir le fameux sésame, donnant droit à l'exercice du métier d'avocat, ont ainsi livré leur verdict officialisant la réussite de la grande majorité des candidats, qui ont été évalués entre les 1er et 4 mars au siège de l'Institut Supérieur de la Magistrature (ISM).
Retour sur les faits
Une fin de non-recevoir pour les recalés est cependant loin d'être désarmante dans ce genre de situation, surtout que plusieurs étudiants sortis bredouilles lors de la première partie de l'épreuve d'avocats ont initié une grève de la faim, depuis le 24 février dernier.
Constitués en « Comité national des victimes de l'examen pour l'obtention du CAPA », les grévistes ont cependant interrompu leur mouvement, il y a quelques jours, suite à l'intervention de la Délégation Interministérielle des Droits de l'Homme (DIDH) et des acteurs de la société civile, d'autant plus que l'état de santé de certains d'entre eux était en détérioration continue, nécessitant quelques hospitalisations.
La Délégation a affirmé vendredi 4 mars « la disposition du ministère de la Justice à accueillir des représentants des grévistes, afin d'ouvrir un dialogue avec eux dans un délai qui ne dépasse pas les deux semaines».
Pour leur part, les grévistes ont « exigé la publication, par la DIDH, d'un communiqué contenant un engagement de la part du ministère de la Justice d'entamer un dialogue avec eux», a indiqué Mohamed El Ghalloussi, avocat au barreau de Marrakech, et président de l'Instance nationale pour la protection des biens publics au Maroc, dans une publication sur Facebook.
Mais, l'histoire n'est en aucune façon terminée. Les « victimes » ont organisé un nouveau sit-in, ce dimanche 5 mars, devant le Parlement pour réclamer l'ouverture d'une enquête sur les résultats de l'examen écrit, refusant ainsi la proclamation des résultats de l'examen oral.
Les propos de Ouahbi pourraient-ils briser le gel ?
Pour donner le change, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a affirmé que les candidats ayant fait recours à une procédure consultative, en sont sortis « convaincus » de l'objectivité de la correction.
Dans une réponse au groupe du Parti de la Justice et du Développement (PJD), le ministre a expliqué que son département s'était montré ouvert aux doléances de ces candidats. En témoignage de sa disponibilité, le ministère a ouvert la voie à une « consultation et une revérification » des copies.
Ils étaient plus de 300 personnes à présenter une demande en la matière, a-t-il précisé, y compris les personnes ayant des ordonnances judiciaires, leur conférant l'autorisation de consulter les copies de l'examen.
« Ces personnes ont eu la possibilité de comparer leurs copies avec le modèle de réponses adopté par le ministère » ainsi que les notes qu'ils ont obtenues. Ils étaient effectivement « convaincus » que l'opération de correction des examens était « objective » et n'était entachée en aucun cas « d'une manipulation humaine ».
Le ministre de la Justice a précisé, dans ce sens, que l'examen de qualification pour la profession du barreau, organisé le 4 décembre, s'est déroulé dans « un climat empreint d'égalité de chances, de discipline et de rigueur », notant que toute personne ayant un avis contraire a le droit de consulter sa copie et tous le processus afférant à la correction automatique, conformément aux dispositions légales en vigueur.
Ouahbi réagit aux accusations !
De nombreuses critiques se sont élevées pour protester contre ce qui est décrit comme des « abus de pouvoir ». Pour plusieurs candidats, Ouahbi a enfreint la loi en rabaissant le seuil d'admission à l'examen, pour permettre à près de 2.081 candidats n'ayant pas la moyenne de réussir, au lieu de 800 pour la première étape du concours.
Ouahbi est toutefois d'un autre avis, le ministre a précisé que « chaque candidat ayant reçu une note générale d'au moins 80 sur 160 points, a été considéré admis », notant que le nombre de candidats qui ont obtenu cette note n'a pas dépassé les 800. Or, « ce nombre reste très restreint par rapport aux candidats ayant participé à l'examen écrit », a-t-il poursuivi.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la commission de l'examen a accepté 1.281 candidats au lieu de 800, car le quota concerné, tel que revu à la hausse, a obtenu une note qui n'est inférieure que d'un seul « point » à la note générale précitée.
Ouahbi a rappelé que 70.847 candidats ont été convoqués pour passer l'examen écrit, dont 48.577 se sont présentés à la première épreuve et 48.222 à la deuxième, enregistrant un taux de présence de 68 %.