Les changements imposés par la crise sanitaire aux administrations publiques ont permis d'inciter à plus d'inventivité pour adopter des solutions technologiques. En joignant l'utile à l'agréable, l'équipe SEER a remporté la première place de la compétition IDARATHON grâce à son application mobile « Idarti Bin Yeddi ». - L'équipe « SEER », s'est distinguée en remportant la première place du hackathon IDARATHON, grâce à une application mobile baptisée « Idarti Bin Yeddi ». Quelles sont les caractéristiques de votre solution mobile ? - Le projet porté par l'équipe SEER consiste en une application destinée aux Marocains analphabètes. Elle se base sur les illustrations ludiques et les instructions vocales dans les dialectes nationaux pour permettre à ces citoyens d';accéder aux informations relatives aux démarches administratives et d'être assistés tout au long des étapes d'une procédure. -La compétition a pour objectif de doter l'administration publique d'une banque de projets innovants pouvant être implémentés pour répondre aux nouveaux besoins. Quelle sera la valeur ajoutée de votre solution ? - Notre solution intervient pour permettre aux personnes analphabètes de rejoindre la transformation digitale que connaît le Maroc. De plus, elle va leur permettre de bénéficier des facilités offertes par les différents services e-Gov en toute autonomie. N'oublions pas que selon le recensement général de 2014, on a 11 millions de Marocains qui sont analphabètes et qui rencontrent des difficultés pour interagir avec les outils du digital basés sur le texte. - Votre équipe est formée de fonctionnaires de l'Agence de développement du digital (ADD), de la Caisse marocaine des retraites (CMR) et du ministère de la Santé. Est-ce que ces deux secteurs sont les seuls à être servis par votre application mobile « Idarti Bin Yeddi » ? - « Idarti Bin Yeddi » est la maille qui connecte les portails e-Gov avec ces citoyens. Notre application se veut un outil qui sera mis à la disposition de toute administration souhaitant mettre ces outils dans la main de ses usagers. Au cours de la conception de la solution, nous avons pensé aux usagers qu'on rencontre dans notre quotidien. - Peut-on affirmer que votre solution vient en réponse aux changements imposés par la crise sanitaire aux administrations publiques, en termes de dépendance vis-à-vis des nouvelles technologies ? - Effectivement, la crise sanitaire a prouvé que le digital peut résoudre plusieurs problèmes et améliorer la qualité des services rendus aux requérants. Toutefois, pour bénéficier amplement des avantages du digital, on a pensé de manière holistique à tous les Marocains, à ceux qui doivent se déplacer plusieurs fois pour effectuer une démarche qui est maintenant dématérialisée faute de ne pas pouvoir lire, de comprendre ou d'utiliser une plateforme e- Gov. En termes de rendement des fonctionnaires, cette solution réduira de façon significative la charge de travail sur eux tout en leur permettant de se concentrer sur la qualité de service. - A l'issue de la compétition nationale, quel suivi sera donné à votre initiative ? - Grâce à l'implication de l'Agence belge de développement (Enabel) et des partenaires des différentes administrations, le projet sera mis en place en utilisant les dernières méthodes de développement de projets d'inclusion digitale. On bénéficiera d'un accompagnement continu et d'échanges d'expérience avec différents experts et acteurs au Maroc ou en Belgique. - Par ailleurs, en matière de rapprochement de l'administration des citoyens, quels défis restent-ils à relever ? - Le chantier de la réforme et de la modernisation est en cours, on peut célébrer plusieurs exploits qui ont effectivement impacté positivement le vécu des citoyens. Cependant, ce processus d'amélioration est un processus continu. L'administration marocaine est de plus en plus consciente de l'importance centrale des besoins du citoyen, de la nécessité d'interagir et de s'adapter à l'environnement où l'administration opère. Du coup, on est en train de voir émerger des solutions qui émanent du citoyen : une approche participative qui considère le citoyen partie prenante et « owner » des projets de réforme. Propos recueillis par Safaa KSAANI E-administration : IDARATHON dévoile les équipes gagnantes Le voile a été levé sur la deuxième édition de la compétition IDARATHON, vendredi 17 février à Rabat. Les équipes les plus performantes et qui forment le trio de tête sont, par ordre de mérite, « SEER »,« AGRI INNOV' MAKERS » et « OTOTIQA TEAM ». L'équipe « SEER », composée de fonctionnaires de l'Agence de Développement du Digital (ADD), de la Caisse Marocaine des Retraites (CMR) et du ministère de la Santé, a remporté la première place du hackathon, grâce à une application mobile destinée à faciliter les démarches administratives aux personnes dont l'usage de l'outil digital est limité. « Cette application mobile se base sur les illustrations ludiques et les instructions vocales dans les dialectes nationaux pour permettre à ces citoyens d'accéder aux informations relatives aux démarches administratives et d'être assistés tout au long des étapes d'une procédure », nous explique Milouda Bouichou, membre de l'équipe primée. Quant au deuxième Prix, il a été octroyé à l'équipe « AGRI INNOV' MAKERS » pour le développement d'une solution digitale interactive permettant aux ouvriers agricoles qualifiés de s'inscrire, de consulter les offres d'emploi et de se porter candidats, en plus d'un suivi de leurs demandes pour décrocher un emploi. Quant à l'équipe « OTOTIQA TEAM », elle a remporté le troisième Prix d'encouragement pour sa plateforme de consolidation des informations techniques et administratives d'un véhicule d'occasion. Notons que IDARATHON, le hackathon de l'innovation dédié à l'administration publique du Maroc, est une initiative lancée par le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration en partenariat avec l'Agence belge de développement Enabel. Cette deuxième édition du concours IDARATHON a connu la participation de quatre-vingt-dix-sept fonctionnaires représentant dix-huit administrations publiques, répartis en 12 équipes et retenus pour leurs capacités à développer des solutions innovantes en réponse aux défis qui se posent.