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De plus en plus de célibataires parmi les 18-34 ans Surfant beaucoup sur Internet et consommant tous azimuts, ils constituent une nouvelle cible pour le marketing.
Si très peu de personnes restent célibataires tout au long de leur vie, chacun la commence en étant «seul». En constante augmentation depuis les années 1960, les célibataires sont également de plus en plus jeunes. Ce phénomène récent est dû à l'allongement de la durée des études, mais aussi à une peur croissante de l'engagement face à un marché économique en berne. Une tendance qui n'a pas échappé aux grandes entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à surfer sur cette vague du célibat. Car si très peu de personnes restent célibataires tout au long de leur vie, chacun la commence en étant «seul». «Auparavant, les femmes évoluaient directement du statut d'enfant à celui de femme mariée, explique Jean-Claude Kaufmann, sociologue et auteur de La Femme seule et le Prince charmant. Aujourd'hui, elles passent toutes par la case étudiante, ce qui fait augmenter le nombre de célibataires.» Ils seraient ainsi un sur trois à vivre seul aujourd'hui en France, selon le sociologue, et près de un sur deux à Paris. Soit 14 millions, contre 9 en 1999. La “célibattante” s'est imposée
Selon une étude réalisée récemment par l'agence Acxiom, experte en connaissance client et en ciblage marketing, plus d'un tiers des foyers français sont ainsi constitués par des célibataires, dont plus de la moitié sont des femmes. Le plus gros contingent concerne la tranche des 18-34 ans, qui représentent 6 % des foyers. Viennent ensuite les 50-64 ans (5,1 %), les 35-49 ans (4,6 %) et les 65 ans et plus (2,8 %). «Je vois souvent des jeunes de 25 ans, un peu affolés puisque tous leurs amis sont en couple et pas eux, confirme Odile Lamourère, psychothérapeute et conseillère conjugale. Il y a aussi ceux de 30-35 ans qui se retrouvent sur le carreau car leur relation n'a pas marché. Et bien sûr, les femmes trentenaires qui pensent tout d'un coup à leur horloge biologique !» Un constat partagé par Franck Tapiro, président de l'agence de publicité Hémisphère Droit : «Le célibat touche toutes les tranches d'âges aujourd'hui, mais les personnes seules sont de plus en plus jeunes.» Et d'ajouter : «Je suis sidéré de voir que les seniors cherchent l'âme sœur tandis que les 18-35 ans préfèrent rester seuls. Les femmes célibataires avec un enfant sont de plus en plus nombreuses.» Ces cas sont en effet de moins en moins isolés. «L'image des personnes seules a changé dès les années 1970 lorsque la “célibattante” s'est imposée, affirme Jean-Claude Kaufmann. Au début des années 2000, la figure du célibataire a même commencé à ringardiser l'image du couple plan-plan.»
90 % surfent sur Internet
Les grandes entreprises ont alors commencé à investir ce marché en pleine expansion. Sites de rencontres sur Internet, clubs de voyages réservés aux célibataires, mais aussi speed dating et multiplication des packages individuels dans les supermarchés se sont multipliés. «Les célibataires représentent un marché énorme, car ils sont très nombreux. De plus, ils n'ont pas de familles à charge et dépensent donc beaucoup plus en restaurants, théâtre, voyages…, précise Franck Tapiro. Internet constitue aujourd'hui un des vecteurs essentiels de ce marché. 90 % des célibataires surferaient ainsi régulièrement sur le Web à la recherche d'un partenaire, selon la coach pour célibataires Odile Lamourère. «Tout ce qui peut accélérer leur accès au bonheur et au plaisir est bon à prendre. Et le meilleur média pour rencontrer quelqu'un est bien entendu le Web, explique Franck Tapiro.» Mais si le marché des célibataires existe, il reste malgré tout ambigu, la norme dans la société étant toujours le couple. «Le célibataire est encore stigmatisé, ce qui rend le secteur complexe, affirme Jean-Claude Kaufmann. Les clubs de vacances ne disent par exemple pas toujours qu'ils sont réservés aux personnes seules. Ils préfèrent préciser que les enfants ne sont pas admis…» Pour la psychothérapeute Odile Lamourère, les couples se rassurent en stigmatisant parfois les personnes vivant seules. Or, finalement, «un célibataire heureux ça existe !», conclut-elle.