Le football est né avant l'arbitrage, mais sans arbitre il n'y a pas de football. Et pourtant, dans les premières lois du jeu de la Football Association on ne fait pas mention d'arbitres. Il est fait confiance dans les qualités d'autodiscipline des participants. Mais très vite les compétitions et les enjeux vont rendre plus difficile « l'arbitrage ». Les manquements aux règles et au fair-play se multiplient. Dans les lois de 1886, il est ainsi spécifié qu'un arbitre doit se trouver à l'intérieur du terrain. Cela ne suffit sans doute pas, puisque deux ans plus tard, il reçoit l'appui de deux arbitres assesseurs. Ceux-ci deviendront les juges de touche, avec deux tâches spécifiques, en 1891. Aujourd'hui, l'arbitrage est un grand problème dans le football, notamment dans le football de masse. Chaque semaine, des milliers de rencontres ont lieu en France, ainsi que de par le monde; dans des conditions telles que la sécurité de l'arbitre n'est pas toujours assurée. Chaque club a pour obligation de présenter un arbitre officiel chaque saison. Des cours ont lieu dans toutes les écoles internationales, ainsi que dans les agences de la FIFA, presque annuellement, ainsi que dans les ligues de chaque pays affilié à cette dernière, qui visent à donner une formation de qualité à ceux qui ont la charge de veiller au bon déroulement des rencontres. Des actions de promotion cherchent à encourager l'arrivée de nouveaux arbitres. Mais dans certaines régions, le renouvellement se fait difficilement et ceux qui, chaque dimanche, partent sur les petits terrains de banlieue ou de campagne pour assumer cette fonction bien ingrate jouent un rôle prépondérant pour la sauvegarde de l'esprit sportif et de la régularité des épreuves. Chez les arbitres aussi, il existe des vedettes. Même si l'on dit communément que le meilleur arbitre est celui qui passe inaperçu; la médiatisation du football fait de l'arbitre de haut niveau, un personnage important et reconnu. Il fait partie du spectacle. Depuis la Coupe du Monde de 1994 , il a même été autorisé à abandonner la sévère tenue noire pour des maillots discrètement colorés ! Dans la période récente, le corps arbitral français, souvent mieux considéré à l'étranger qu'en France même, a donné trois des plus prestigieux arbitres internationaux,Robert Wintz, Michel Vautrot, Joël Quiniou, et plus récemment, Alain Sars et Eric Poulot. -Une carrière atypique: Un système de notes et d'examens permet la promotion des meilleurs arbitres. Lorsque ceux-ci arrivent à un haut niveau, leur sacerdoce devient aussi une activité physique exigeante. L'arbitre des rencontres entre professionnels doit posséder une forme physique qui lui permette de suivre le rythme des champions. C'est la raison pour laquelle la limite d'âge des arbitres a été abaissée à 45 ans. Cela pose un problème, car l'expérience de l'arbitre s'acquiert lentement, et la hiérarchie est longue, ce qui réduit donc la durée de la «carrière» au niveau le plus haut. L'exigence est telle que l'arbitre s'entraîne physiquement comme un sportif de haute compétition. Lors des stages d'avant saison, il passe des tests médicaux et athlétiques qui conditionnent son admission. Depuis longtemps, la perspective d'une professionnalisation du corps arbitral est évoquée. Les impératifs sont grands, les répercussions économiques d'une erreur de jugement si considérables que cette évolution vers un corps d'arbitres de métier est désormais inéluctable. Pour permettre aux arbitres de mieux se consacrer à leur activité, les indemnités qui leur sont versées par la ligue nationale ont été réévaluées. En 1998, a été adopté un statut semi professionnel. - L'arbitrage en question L'arbitre est le bouc émissaire privilégié des joueurs et des médias. Une décision erronée et voilà la planète du ballon rond qui ne tourne plus rond. L ‘homme en noir - il a depuis quelques années revêtu des tenues plus colorées- est un élément central de toute rencontre. Son rôle a été revu, mais les erreurs restent. L'aléatoire et l'injustice ne seraient-ils pas des ingrédients inhérents au sport ? Des hors-jeu sifflés à tort empêchent un but, des hors-jeu non sifflés amenant un but, des buts non validés, des penalties non sifflés ou accordés à tort... L'histoire du football peut se raconter comme une litanie de décisions arbitrales qui ont modifié le cours d'un match, transformant un rêve en cauchemar ou vice-versa. Plus de quarante ans après l'évènement, Anglais et Allemands se redemandent toujours si le ballon avait vraiment franchi la ligne de but lors de la finale de la Coupe du Monde 1966, qui donna la victoire à l'Angleterre aux dépens de la RFA . Les Portugais s'indignent encore à l'évocation du penalty accordé à quelques minutes de la fin des prolongations, à la France, en demi-finale de l'Euro 2000 pour une main dans la surface de réparation d'Abel Xavier, qui permit à Zidane de qualifier les Bleus pour la finale. On pourra ajouter le but non accordé à Patrick Vieira, le 18 Juin 2006 à Leipzig contre la Corée du Sud, alors que le ballon avait manifestement franchi la ligne de but. , . Ce qui se passe au niveau des sélections nationales se reproduit au niveau des clubs à tous les échelons. Ainsi, en 2004-2005, en demi-finale de la ligue des champions, Liverpool a éliminé, sur un but non prouvé, le Chelsea de Mourinho avant de s'imposer à Istanbul en finale, aux dépens du Milan A.C. Quant aux Milanais, en 2006, ils se demandent encore pourquoi, lors du match retour de la demi-finale de la ligue des champions opposant, dans le stade du Nou Camp, le F.C. Barcelone au Milan A.C., l'excellent arbitre allemand Markus Merk a refusé à l'attaquant milanais Andrei Chectchenko un but pour une faute imaginaire sur Carlos Puyol, qui aurait pu conduire les deux équipes aux prolongations. • La télévision, juge suprême de l'arbitre Avec la télévision, l'arbitre devient un des acteurs principaux d'un match. Pourtant, il ne devrait en être qu'un des vingt trois acteurs: plus sa prestation est bonne, moins il devrait faire sentir sa présence. Un paradoxe, tant les joueurs et les entraîneurs exercent une pression constante sur ses décisions. Avec la généralisation des performances techniques des moyens de télédiffusion (ralentis, palette graphique, multiplication des angles de vue...) toutes ses décisions sont analysées dans l'instant. Montrées et remontrées; ces images sont elles- même matière à des commentaires contradictoires. Un nouvel homme en noir-technologique cette fois s'impose au jugement de l'homme solitaire et impartial, que décrivent les lois de jeu, qui doit prendre ses décisions à la fois sur les faits, mais aussi dans l'esprit du jeu, tout au long d'une partie. • L'arbitre fait partie du jeu Face à cette réalité de plus en plus contestée, les autorités internationales-l'International Board et la FIFA- s'appuyant sur le règlement qui définit le jugement des actions et fixe les sanctions graduées selon la gravité des fautes jugées dans l'instant, défendent le statu quo actuel parce que l'arbitre fait partie du jeu et qu'à ce titre il assure le déroulement de celui-ci, erreurs comprises, au même titre que les joueurs. La minimisation des erreurs d'arbitrage s'accompagne également d'une affirmation non prouvée, comme quoi- dans le cadre d'un championnat le poids des erreurs qui ont avantagé une équipe et celles qui l'ont désavantagée s'équilibreraient comme dans le meilleur des mondes. C'est sans doute faire abstraction de la plus ou moins grande faillibilité des arbitres et de leurs subjectivités. Sans oublier que les arbitres ont pu être rattrapés par l'appât du gain et des bonnes affaires, comme l'ont fait apparaître en 2006, deux scandales qui ont touché le corps arbitral en AlIemagne. (Affaire Hoyzer) et en Italie (Affaire Moggi). • L'introduction de la vidéo pose problème Avec la mondialisation du football, la portée économique des décisions arbitrales (désormais un résultat négatif se mesure en pertes financières pour le club et non pas seulement par une ligne de moins dans le palmarès) est de plus en plus mise en avant par les propriétaires des clubs professionnels. Ces derniers s'appuient sur l'exemple de ce qu'offrent d'autres sports, tels que le rugby, pour que le recours à la vidéo soit introduit dans les lois du jeu. Mais de leur côté, l'International Board et la FIFA invoquent pour en refuser l'emploi le principe de l'universalité des règles du football: Les mêmes règles doivent régir le jeu en quelque lieu de la planète et à quelque niveau que ce soit. On voit mal des équipements vidéo équiper tous les terrains de football de la planète! Pour d'autres, le recours à la vidéo contribuerait à hacher le jeu et à affaiblir la portée du spectacle. Ce qu'on appelle à tort l'arbitrage vidéo consiste seulement dans le respect des procédures de validation de certaines phases de jeu, comme cela se fait en rugby depuis le début du professionnalisme sur la demande de j'arbitre. Ainsi, dans un premier temps, on pourrait imaginer que l'arbitre décide de faire valider un but par un autre arbitre, placé dans une cabine de visionnage, lorsqu'il n'est pas sûr que la balle ait franchi sans équivoque la ligne de but.