L'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell a appelé jeudi au Caire les protagonistes du conflit israélo-palestinien à "prendre leurs responsabilités" pour relancer le processus de paix. "Les Etats-Unis demandent à toutes les parties, Israël, les Palestiniens et les pays arabes de prendre leurs responsabilités envers la paix, par des actions qui aideront à créer un contexte favorable à la reprise des négociations", a-t-il déclaré à sa sortie d'une rencontre avec le président égyptien Hosni Moubarak. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, a pour sa part affirmé que son pays "voit qu'un effort est fait pour tenter de poser les fondations en vue de négociations". Aboul Gheit a ajouté que le Pt palestinien Mahmoud Abbas était de nouveau attendu en Egypte "vendredi ou samedi" pour une rencontre avec Moubarak. Abbas s'était déjà rendu au Caire le 5 septembre, suivi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 13 septembre.La venue de M. Mitchell au Caire entre dans le cadre d'une tournée régionale au cours de laquelle il s'est déjà rendu en Israël, en Cisjordanie et au Liban. Il doit également se rendre en Jordanie et prévoit de revoir Netanyahu et Abbas vendredi. Mitchell et le chef du gouvernement israélien s'étaient quittés mercredi sans accord sur la question épineuse de la colonisation juive en Cisjordanie occupée, qu'Israël refuse de geler malgré les pressions internationales. Washington espère parvenir à un compromis sur ce dossier, qui permettrait d'organiser la semaine prochaine à New York sous l'égide duPt Obama, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, une rencontre entre Netanyahu et le Pt palestinien Abbas. Mais cette manière de voir ne fait pas l'unanimité en Israël. “L'idée de parvenir à la paix, dans toute l'acception du terme, n'est pas à la portée de cette génération”, souligne Shoval, en évoquant la division de ‘Al Qods et le retour des réfugiés palestiniens, des contentieux qu'il juge impossibles à régler aujourd'hui. Comme alternative, il estime que les deux camps feraient mieux de se fixer des objectifs accessibles, tels que l'amélioration du niveau de vie des Palestiniens, ce que Netanyahu appelle la “paix économique”...PourMoshe Arens, ex-ministre de la Défense, “Il y a surement des moyens d'éviter une collision avec Washington mais, en dernière analyse, elle est inévitable à moins que le gouvernement israélien ne cède au “diktat” américain, ou bien qu'Obama et ses conseillers ne reconnaissent que les juifs ont le droit de vivre et de s'installer en(Cisjordanie”...“Lorsqu'on en vient à nos droits les plus fondamentaux, à savoir le droit pour les juifs de vivre sur la “terre d'Israël”, les USA s'en remettront à Israël. A condition, bien sûr, que nous défendions fermement nos droits”, exhortait Arens.Les analystes considèrent que M. Obama finira par se rendre compte qu'il y a des limites aux pressions qu'il peut exercer sur Israël.“Il faut du temps à l'administration (américaine) pour qu'elle comprenne combien la situation (israélo-palestinienne) est complexe”, explique Mark Heller, de l'université de Tel-Aviv. Mais pour le conseiller Zalman Shoval, c'est à Israël de faire “une partie du chemin, voire la plus grande partie du chemin”, compte tenu de la dépendance d'Israël vis-vis du soutien diplomatique et militaire américain.Certains analystes pensent même que Netanyahu se trompe à propos de Barack Obama et sous-estime la gravité de la dispute avec Washington.”Le désaccord sur les colonies constitue un des pires différends qui ait jamais éclaté avec” Washington, diagnostique Alon Liel, ex-directeur général des AE.”Israël ne peut se permettre un tel conflit, les Américains ne vont pas céder”, prédit-il. Netanyahu a affirmé jeudi qu'il ignorait s'il rencontrerait le président palestinien Mahmoud Abbas la semaine prochaine aux Etats-Unis. “Je ne sais pas s'il y aura ou pas une rencontre. Moi, je n'ai pas demandé de rencontre. L'important, ce n'est pas la rencontre, mais sa teneur concrète”, a déclaré . Netanyahu au quotidien Israël Hayom (droite).Mais déclare Netanyahu, “je n'ai jamais posé de condition préalable à des discussions avec les Palestiniens, ni avec personne d'autre. Mais je pose des conditions très claires sur la fin des négociations. Pour qu'elles s'achèvent sur un succès, deux éléments sont nécessaires: la reconnaissance (d'Israël comme l'Etat juif) et la sécurité”. Netanyahu réitère par ailleurs son son opposition à un gel de la colonisation. “La construction continue et continuera”, répète-t-il.