Pour faire face au manque de liquidité, la Banque centrale est intervenue les 9 et 16 janvier sur le marché secondaire des bons de Trésor. Les 9 et 16 janvier, la Banque centrale a effectué deux opérations de rachat de bons de Trésor sur le marché secondaire, pour une enveloppe globale de 16,2 milliards de dirhams. Il s'agit d'un des outils de politique monétaire à la disposition de Bank Al-Maghrib (BAM) afin d'assurer la liquidité du marché. Ce 19 janvier, le responsable par intérim de la Direction des opérations monétaires et des changes à BAM, Younes Issami, a tenu une conférence de presse pour expliquer les motivations et les objectifs de ces opérations. Selon le responsable, ces opérations rentrent dans le cadre des opérations Open Market, qui visent à injecter de la liquidité de manière structurelle, à travers l'achat de titres. "Ces opérations ont porté sur l'achat de bons de trésor à très court terme. Elles ont été effectuées au prix du marché, la majorité des bons de Trésor achetés avaient une maturité autour de six mois", explique Younes Issami.
Selon le responsable, la Banque centrale a choisi de mettre en place cet instrument pour deux raisons. La première raison est la volonté de répondre à la situation actuelle du marché. "Nous avons constaté qu'il y avait une forte baisse de la demande, lors des adjudications organisées par le Trésor. L'origine de la baisse de cette demande vient de plusieurs facteurs, dont principalement l'atteinte de la limite des bons de Trésor que peuvent détenir les banques dans leur portefeuille", détaille-t-il. En effet, les départements de risque des banques commerciales ont ré[1]duit la limite de l'exposition aux bons de Trésor. Cette décision fait suite à la hausse des taux, qui a impacté négativement les portefeuilles détenus. La seconde raison est la méfiance des investisseurs par rapport à l'évolution des taux d'intérêt. "Ils n'ont pas de visibilité par rapport à l'évolution des taux d'intérêt. C'est un comportement normal de plusieurs investisseurs qui préfèrent at[1]tendre plutôt qu'investir", poursuit-il.
"Nous avons examiné comment on pouvait contribuer à l'amélioration de la liquidité au sein du marché des BDT, en essayant de mettre en place des instruments qui existent, qui ne compromettent ni l'indépendance de la Banque centrale, ni la conduite de sa politique monéaire. L'un des outils à la disposition de la banque centrale sont les opérations d'Open Market", a-t-il justifié.
Ce n'est pas du QE
Concernant l'enveloppe allouée à ce type d'opérations, il a été fixé par la Banque centrale à 25 milliards de dirhams. "Nous avons fait des projections sur le manque de liquidité sur les deux prochaines années. Ce manque se situerait entre 90 et 100 milliards de dirhams.
Nous avons en parallèle des outils pour inciter les banques à donner des crédits aux entreprises, qu'on a voulu conserver. On a prévu que 25 milliards est le plafond qu'on pouvait se permettre, sans influer sur les autres programmes", explique Younes Issami.
Le responsable par intérim de la Direction des opérations monétaires et des changes à BAM a tenu à rappeler qu'il ne s'agissait nullement d'une opération de Quantitative Easing (QE). "Ces programmes de QE sont intervenus dans les pays développés dans une situation où les taux d'intérêt ont atteint leur niveau zéro et les Banques centrales n'avaient plus de marge pour agir sur l'inflation. Ils ont utilisé ces manières non conventionnelles pour injecter de la liquidité sur le marché. Ces achats massifs ont porté non seulement sur les BDT, mais aussi sur les obligations d'entreprise.
Il en a résulté en l'exposition de la taille des bilans de la plupart des Banques centrales", a-t-il indiqué. De plus, "dans le cas du QE, les Banques centrales interviennent sur les maturités longues. Le fait que ce soit des achats massifs a influencé les taux. On a assisté à une baisse des taux de la plupart des pays", a-t-il poursuivi.