En juin dernier, une mission exploratoire temporaire a été mise en place à l'initiative de la Commission des infrastructures, de l'énergie, des mines et de l'environnement à la Chambre des Représentants, pour s'arrêter sur la situation de l'Oued Oum Rabii. Le rapport de cette dernière, qui a été réalisé après des années de plaintes de la population locale, fait état d'une pollution alarmante au niveau du deuxième plus grand fleuve du Royaume, qui permet d'assurer l'approvisionnement de plusieurs grandes villes en eau potable, dont Casablanca, Berrechid, Settat, Safi et Marrakech. L'impact de ce drame écologique, dont les causes sont essentiellement les déchets industriels et les ruissellements agricoles contenant des pesticides et des fertilisants, est perceptible sur la biodiversité et la population des poissons, comme en témoigne l'épisode des tonnes de poissons retrouvés morts, en 2021, sur les rives du Oued.
La raison est que, depuis de longues années, le bilan d'inventaire et de sécurisation des biens du domaine public hydraulique est particulièrement faible, sans oublier que le recours aux mécanismes juridiques de protection a toujours été limité. Des problèmes structurels que la tutelle tente de résoudre dans la mesure du possible, notamment en mettant en place une agence dédiée à la gestion dudit fleuve. Mais encore faut-il trouver les moyens matériels et institutionnels pour traiter un bassin dont la superficie dépasse les 35.000 km2. C'est dire qu'il faut fédérer les efforts pour sauver, non seulement le fameux «Morbêa», mais tout le domaine public hydraulique du Royaume.
Des mesures drastiques, mais nécessaires, sont également de mise, telles que l'application du principe « pollueur-payeur » sur les industries, bien qu'elles soient contraignantes pour les opérateurs. Un principe qui requiert une police de l'eau forte, indépendante et dotée des moyens nécessaires pour assurer son rôle de gendarme.