Composante architecturale fondamentale et instrument décoratif des plus élégants et raffinés, le Zellige marocain «handmade» demeure une source de «fierté» et un patrimoine singulier transmis de génération en génération au Maroc. Pour célébrer comme il se doit cette authenticité marocaine unique en son genre, la Cité des Sept Saints, à l'initiative de la Chambre Régionale de l'Artisanat, dans un signe de reconnaissance à des générations de Maâlems-artisans, a aménagé au sein du Salon Régional de l'Artisanat, un Musée éphémère spécialement dédié au Zellige marocain, baptisé «Musée Expo Art du Zellige». Une immersion complète et si rare au cœur d'un monde inventif où, rigueur géométrique, esprit inventif, finesse des motifs, beauté et magie des palettes de couleurs, et minutie du façonnage, font bon ménage pour livrer ce joyau de l'art du bâtiment et de la décoration traditionnels au Maroc, le «Zellige». Par définition, le Zellige marocain pro- vient du mot arabe «Zalg» qui signifie «Lisse». C'est une céramique polie desti- née particulièrement à l'ornementation géométrique et dans certains cas, au décor épigraphique et floral. Par ailleurs, cette forme d'art islamique qui trouve ses racines dans le langage universel des mathématiques bidimensionnelles, présente néanmoins, toutes les caractéristiques d'un moyen d'expression artistique. La technique du zellige consiste à fabriquer des carreaux de céramique émaillée, découpés en pièces de formes géométriques bien définies, appelées : «Ferm» (pluriel de) «Ferma» qui signifie (petite pièce). Celles-ci sont, ensuite, associées pour former une composition orne- mentale plus au moins complexe afin de couvrir, les sols, les murs, les colonnes et quelque fois, même des plafonds. Toutefois, il convient de noter que si la technique de fabrication du Zellige n'a pas changé à travers les âges, la palette de couleurs a, quant à elle, évolué avec l'émergence, d'une ère à l'autre, de nouvelles couleurs. C'est dire que durant des siècles des artisans ont veillé à perpétuer la tradition des motifs géométriques d'une beauté esthétique inégalable de l'art islamique, en s'outillant d'une règle et de compas pour se lancer dans la conception de « croquis » auxquels, avec finesse et précision, vont donner corps. Cet ingéniosité de Maâlem marocain a eu pour effet de permettre au Zellige de vivre au rythme d'un développement fulgurant et de connaitre un rayonnement esthétique extraordinaire grâce à ses petites pièces colorées, d'abord conçues avec toute la précision et la minutie requises pour être montées, par la suite, en toute harmonie, homogénéité et soin, pour fournir «un tout» indivisible, d'une beauté et une magie singulières. De par sa beauté esthétique et sa valeur patrimoniale, le Zellige marocain a eu donc, le grand mérite d'orner des dômes des mosquées et des palais, des faïences des mausolées, des murs de Medersas, ainsi que des fontaines entre autres, suscitant admiration et nourrissant la curiosité des visiteurs. Au rang de ces décorations emblématiques figurent celles en couleurs blanche et bleue turquoise sur les minarets des mosquées de la Koutoubia et de la Kasbah à Marrakech, ou encore multicolores au palais Bahia. Un art ancestral qui illustre le génie de l'artisan marocain, qui s'est donné corps et âme pour préserver ce savoir- faire, mieux l'adapter aux nouvelles tendances décoratives, sans altérer sa nature ou entacher son authenticité, tout en fournissant l'effort nécessaire pour relever les défis d'ordre technique, et consolider davantage les dimensions, les formes et les couleurs, permettant ainsi, au Zellige marocain de se distinguer par son façonnage «complexe» mais aussi par son évolution.