Fondée au 16ème siècle sous la dynastie des Sâadiens par Bouabid Echcharki, la ville de Bejàad était, à l'origine, un pôle de rayonnement spirituel qui avait acquis le statut de zaouia prestigieuse et fréquentée par les oulémas et les soufis les plus célèbres du Royaume. Né en 1520, Bouabid Cherki, éminent soufi qui était le 24ème descendant du Calife Omar Ibn Al-Khattâb, fonda en 1559 la ville de Bejaâd et la zaouia cherkaouia. Quant à l'étymologie du nom de cette ville, il en existe deux versions : une race de chacal qui vivait dans la région portait le nom de Abou Jaâda et l'autre version est celle d'une plante appelée Jaâda qui foisonnait dans les collines. Bouabid Cherki a appris le Coran et la science sous la férule de son père Sidi Ben Belkacem Azaâri, lui-même disciple de sidi Abdelaziz Tebbaâ, un disciple de Sidi Mohamed Benslimane Al jazouli. Ainsi, à la mort du Cheikh Bouabid Eccharki, ses fils perpétuèrent le développement de ce carrefour culturel et spirituel du Royaume. Et donc la zaouia cherkaouia continua, à travers les temps, à rester fidèle à sa noble mission théologique, spirituelle et culturelle. En effet, dès sa création, la ville de Bejâad se dota d'une multitude de médersas qui avaient contribué à l'érudition d'éminents oulémas dans des écoles comme celles de Cheikh Mâati et surtout la médersa Hassania, la médersa Mohammedia qui dispensaient des formations dans des disciplines aussi diverses telles la théologie, le droit, la calligraphie, la littérature et l'astronomie. A cet effet, le mausolée du cheikh Bouabid Cherki a toujours été un pôle de rayonnement spirituel et un lieu de piété et de dévotion des siècles durant. En outre, la Zaouia Cherkaouia devint aussi un carrefour commercial surtout sur l'axe Fès-Marrakech et elle acquit ainsi le statut de l'une des plus importantes zaouïas et de l'un des pôles d'affluence des Oulémas et des soufis les plus célèbres du Royaume dont Mohamed Essghir Al Afrani, Attaib Al Meknassi Abdellah Ben Sassi et Abou Abdallah Mohamed Ben Omar Al Mokhtari. Cette année, la ville de Bouabid Echcharki organise donc son moussem annuel qui draine des milliers de visiteurs venus de toutes les contrées du Royaume du 7 au 11 septembre 2022 sous le signe de : « Héritage culturel et spirituel au service du développement ». Le choix d'un tel slogan est très significatif car la cité cherkaouia acquiert une grande place dans le développement de la région Béni Mellal-Khénifra. Et à cette occasion, les autorités de la province et le conseil communal de la ville ne ménagent aucun effort afin de valoriser la symbolique et les dimensions spirituelles, culturelles, économiques et récréatives d'une telle manifestation. La cité cherkaouia vivra ainsi au rythme de chants religieux et de psalmodies du Coran, de processions, de tables rondes, d'expositions, de foires agricole et artisanale, ainsi qu'au rythme de belles chevauchées et de baroud des meilleurs cavaliers de la région et du Royaume. Un beau spectacle en perspective et qui drainera les passionnés du baroud. Ce grand moussem de Bejâad qui est une occasion pour rendre hommage au saint fondateur de cette ville est donc un espace de rencontre annuelle des habitants surtout des régions de Tadla- Azilal et de Chaouia- Ouardigha pour qui, c'est un lieu de pèlerinage et de dévotion. ELAZHAR