Cheminots, dockers, éboueurs... alors que l'inflation dépasse la barre des 10%, le Royaume Uni fait face à des grèves d'une ampleur inédite depuis des décennies. Les grèves prennent de l'ampleur au Royaume-Uni. Ce dimanche 21 août, c'est au tour des 2000 dockers du port le plus important du pays, à Felixstowe, de débrayer. Ils se mobilisent contre les suppressions d'emploi, les conditions de travail, mais surtout contre les salaires, trop bas, pour faire face à l'inflation grandissante. Seul un train sur cinq circulait dans le pays jeudi. De nombreux secteurs participent aux "grèves de la colère" depuis le début de l'été, pour réclamer des hausses de salaires face à un inflation record. Le plus grand mouvement de grève britannique depuis des décennies se poursuit. Le Royaume-Uni connaît depuis jeudi 18 août un nouvel épisode de débrayages massifs dans de nombreux secteurs, des transports à la poste en passant par les ports, pour réclamer des hausses de salaires face à l'inflation au plus haut depuis 30 ans. Pour l'heure, les négociations avec le ministère des transports sont au point mort. Une offre a été proposée aux syndicats. Mick Lynch, secrétaire général du syndicat Rail, Maritime and Transports, a indiqué qu'"ils refuseraient l'offre, puisqu'il s'agit d'une augmentation de salaire de 8%, sur trois ans. Cette semaine, l'inflation s'élevait à plus de 12%". Selon lui, l'offre n'est pas à la hauteur de l'augmentation du coût de la vie. De leur côté, 45.000 cheminots entament une quatrième journée de grève. Des mobilisations qui divisent l'opinion publique, puisque les voyageurs britanniques doivent adapter leurs déplacements. Parmi les plus touchés : les supporters de foot, ainsi que les festivaliers. Les mobilisations devraient encore se poursuivre. Depuis le mois de juin, c'est la cinquième fois que le Royaume-Uni se retrouve paralysé. Il s'agit du plus gros mouvement de grève, depuis des décennies. Un débrayage qui se poursuivrait indéfiniment Une nouvelle journée de grève des trains était prévue samedi et le mouvement des cheminots pourrait "se poursuivre indéfiniment", a prévenu le secrétaire général du syndicat RMT, Mick Lynch, en l'absence d'accord salarial depuis le début des débrayages en juin. Le mouvement s'est déjà étendu au-delà du secteur ferroviaire : les dockers du plus grand port de fret du pays, à Felixstowe, démarrent une grève de huit jours à partir du dimanche 21 août, menaçant de mettre à l'arrêt une grande partie du trafic de marchandises du pays. Postiers, employés de l'opérateur télécoms BT, manutentionnaires d'Amazon, mais aussi avocats pénalistes ou éboueurs ont également débrayé ou prévoient de le faire. L'inflation dépasse 10% sur un an Partout, le mot d'ordre est le même : les employés réclament des revalorisations de leur paie en phase avec l'inflation, qui a atteint en juillet 10,1% sur un an et pourrait dépasser 13% en octobre, selon l'Agence nationale de statistique britannique. Les prix sont notamment tirés par les cours du gaz, qui s'envolent avec la guerre en Ukraine et dont le pays est très dépendant, mais aussi par les perturbations des chaînes d'approvisionnement et les pénuries de travailleurs provoquées par le Covid-19 et le Brexit. Dans le secteur ferroviaire, les négociations avec la multitude d'opérateurs privés sont dans l'impasse, selon les syndicats. Ces derniers ont rejeté une offre de revalorisation salariale de 8% par Network Rail, qu'ils accusent d'être conditionnée à des licenciements massifs. Ils critiquent également la décision du ministre des transports Grant Shapps, qui a refusé de s'impliquer directement dans les discussions, et qui a modifié la loi pour permettre de remplacer les grévistes par des intérimaires. Le ministre reproche de son côté aux organisations syndicales de refuser des réformes pour moderniser le rail, et a assuré qu'il pourrait les passer de force. Liz Truss, la favorite pour succéder à Boris Johnson au poste de Premier ministre, a déclaré sur Twitter : "En tant que Premier ministre, je ne laisserai pas notre pays être rançonné par des syndicalistes militants". Le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, s'est dit de son côté "inquiet que le gouvernement ne pousse délibérément [les syndicats] à la grève à Londres". Crainte d'une « crise humanitaire » pour cause d'explosion des prix La NHS Confederation s'alarme ce vendredi de l'explosion des prix de l'énergie, tandis que le pays est frappé par des mouvements de grève. Des professionnels de santé ont mis en garde vendredi le gouvernement britannique contre la menace d'une « crise humanitaire » due à l'explosion des prix de l'énergie. « Beaucoup de gens pourraient être contraints de choisir entre sauter des repas pour chauffer leur logement, ou vivre dans le froid et l'humidité », a prévenu la NHS Confederation, regroupant de nombreuses organisations de santé publique. Celles-ci craignent de voir augmenter le nombre de malades mais aussi de décès résultant de logements trop froids, déjà estimés à 10.000 par an. En plein choc pétrolier, des augmentations drastiques des prix de l'énergie sont prévues dans les prochaines semaines : les tarifs de l'électricité pour les particuliers devraient avoir plus que triplé sur un an en janvier prochain. L'inflation a déjà atteint 10,1% sur un an en juillet, un record en 40 ans. Les hausses de prix pourraient dépasser 13% en octobre, selon la Banque d'Angleterre. « Le pays est confronté à une crise humanitaire », a résumé le dirigeant de la NHS Confederation, Matthew Taylor, pour qui la situation « pourrait provoquer des vagues de maladies dans le pays », avec notamment des répercussions sur la mortalité infantile. « À moins que le gouvernement ne prenne des mesures en urgence, cette situation va provoquer une crise de santé publique », a-t-il insisté.