Les banques cotées au Maroc ont affiché des indicateurs au vert en 2021, selon Attijari Global Research (AGR) qui évoque, en exemple, un PNB (Produit Net Bancaire) agrégé de 67,7 milliards de dirhams. Soit une hausse de 3,6% par rapport à 2020, année de déclenchement de la pandémie de Covid-19. Une croissance justifiée principalement par l'évolution de la marge d'intérêt, explique AGR dans sa publication « Research Report Equity », publiée mercredi 27 juillet, consacrée à la situation des banques cotées au Maroc. « En effet, les banques cotées ont évolué dans un contexte favorable marqué par une bonne dynamique de la collecte conjuguée à une optimisation continue du coût des ressources », ajoute la même source. Et de poursuivre que 4 institutions sur 6 ont affiché une évolution modérée du PNB comprise entre 2% et 4%. CIH Bank affiche un profil de croissance décalé par rapport à la tendance du secteur justifié par une politique de diversification de ses emplois clientèle hors immobiliers. Par ailleurs, BMCI marque l'exception du secteur bancaire avec une quasi-stagnation de son PNB en 2021. Au final, les analystes d'AGR estiment que la structure du PNB du secteur bancaire coté a été marquée par le renforcement de la marge d'intérêt dont le poids gagne 0,9 pts passant de 67,7% à 68,6% durant la période 2020-2021. Maîtrise des coûts Ils notent aussi que depuis le déclenchement de la crise sanitaire début 2020, les banques cotées ont démontré une capacité indéniable à maîtriser leurs coûts. À cet effet, ils tiennent à souligner trois grandes tendances. D'abord, les frais de gestion récurrents (hors don Covid) affichent une croissance maîtrisée de 2,1% en moyenne annuelle durant la période 2019-2021, sensiblement inférieure à celle du PNB qui ressort à 3,6% sur la même période. Pour la seconde tendance, il s'agit du taux de progression annuel moyen des frais de gestion qui a été divisé par près de 2 fois, passant de 5,1% entre 2015 et 2019 à 2,1% durant la période 2019-2021. Il est question, enfin, du coefficient d'exploitation récurrent qui s'améliore de manière continue depuis 2018, passant d'un plus haut de 52,7% à 50,9% en 2021. Il s'agit d'une baisse cumulée de -1,8 pts. Ce coefficient ressort en dessous de la moyenne du secteur bancaire coté observée durant la période 2015-2021, soit de 51,5%. A ce sujet, AGR relève deux tendances disparates au sein du secteur bancaire coté durant la période 2019-2021. D'une part, une amélioration généralisée du coefficient d'exploitation au niveau des Groupes bancaires marocains. Et c'est Attijariwafa bank qui a affiché le meilleur ratio du secteur à 46,3% en 2021 contre 49,9% pour BCP, 54,5% pour BOA et, enfin, 55,3% pour CIH Bank. D'autre part, une dégradation du coefficient d'exploitation au niveau des Groupes bancaires français. Là, c'est BMCI qui a accusé un dérapage de son ratio de 16,2 pts à 70,0% sous l'effet de la refonte de son système d'information. Parallèlement, le Crédit du Maroc enregistre une hausse de ses amortissements en lien avec le projet d'entreprise Tajdid 2022. Ce dernier couvre la construction d'un nouveau siège, la mise en place d'un nouveau Core Banking System et, enfin, le déploiement du projet de transformation digitale. Décélération des créances en souffrance post-Covid Dans cette analyse, AGR met l'accent aussi sur la situation des créances en souffrance dans les banques cotées. Elle indique ainsi que le taux de contentieux des banques cotées, après avoir rompu avec sa tendance baissière observée sur la période 2016-2018, affiche une hausse significative en 2020 de +83 pbs à 8,40%. « En effet, les répercussions de la crise sanitaire se sont traduites par une augmentation des créances en souffrance (CES) de 15,2% contre seulement 3,8% pour les créances brutes clientèle. En 2021, nous assistons à une nette décélération de la croissance des créances en souffrance à 4,0% permettant ainsi de stabiliser le taux de contentieux autour des 8,50% », relève-t-on de ladite publication. S'agissant du taux de couverture des créances en souffrance par les provisions, il s'améliore légèrement à 68,7% en 2021, attestant du maintien de l'effort de provisionnement des banques cotées. Un niveau cohérent avec la moyenne observée sur la période 2009-2019, soit de 68,8%. Sur une base sociale, le coût du risque des banques cotées s'améliore de 34 pbs passant de 1,36% en 2020 à 1,02% en 2021. Toutefois, ce taux demeure supérieur de 13 pbs par rapport à la moyenne observée durant la période pré-Covid 2015-2019, soit de 0,89%. Dans ces conditions, AGR croit que les grandes banques cotées disposent toujours d'un potentiel intéressant en termes de normalisation de leur coût du risque durant la période 2022-2023. Dans un contexte de reprise économique, les banques cotées améliorent sensiblement leur taux du coût de risque par rapport à 2020. Toutefois, AGR estime que le taux du coût du risque du secteur coté en 2021 demeure toujours supérieur aux niveaux observés durant la période 2017-2019, à l'exception de deux banques. D'une part, le Groupe CIH Bank est revenu, selon son Top Management, à des niveaux normatifs en termes de coût du risque, soit autour des 0,60%. D'autre part, le Crédit du Maroc a bénéficié en 2021 d'un effet exceptionnel de reprise sur un dossier important. En 2021, deux banques arrivent à améliorer leur taux de contentieux, surperformant ainsi la tendance du secteur coté. D'une part, Attijariwafa bank qui affiche le taux le plus bas de son secteur à 6,51%, d'autre part, le Crédit du Maroc qui profite d'un effet de rattrapage par rapport à une année 2020 marquée par une dégradation de son taux d'impayé à 9,32%. Perspectives Côté prévisions, AGR anticipe une croissance du PNB consolidé des banques cotées en 2022 à 3,2% contre 1,3% initialement. À l'origine, un dynamisme meilleur que prévu de la marge d'intérêt qui tire profit de l'optimisation générale du coût de la ressource. En 2023, la même source prévoit une progression du PNB consolidé de 3,3% légèrement en dessous de la moyenne des croissances annuelles des sept dernières années, soit de 3,6%. Les analystes d'AGR s'attendent aussi à une amélioration du coefficient d'exploitation à 50,5% en 2022 contre une prévision initiale de 51,6%. Ce ratio devrait poursuivre sa tendance baissière en 2023 à 50%. Ils anticipent, d'autre part, une baisse moins rapide que prévu du coût du risque, soit de -14,9% en 2022 contre -19,0% initialement. Cette révision est justifiée par les perspectives moins favorables de la croissance économique en 2022 sous l'effet du manque de visibilité quant à l'orientation future du conflit russo-ukrainien. Ils pensent enfin que les bénéfices du secteur bancaire coté devraient atteindre la barre des 13,0 milliards de dirhams en 2023, soit +5,7% en comparaison au niveau pré-crise de 2019. A. CHANNAJE Décélération de la croissance des crédits observée depuis 2019
En 2021, la croissance des crédits bancaires affiche une décélération visible à 2,8% en comparaison à 4,6% en 2020 et à une moyenne de 3,7% durant la période 2015-2019. Une croissance limitée par l'attentisme des acteurs économiques tant au niveau de l'investissement qu'au niveau du développement de nouveaux projets immobiliers, explique AGR dans cette analyse. A titre d'exemple, les crédits à l'équipement reculent pour la 2ème année consécutive à -4,9% contre -2,2% en 2020 dans un contexte marqué par le décalage des décisions d'investissement des acteurs économiques. À noter que le produit Intelaka dédié aux porteurs de projets poursuit sa dynamique à travers un encours à 6,2 MMDH en 2021, en hausse de 130% par rapport à 2020. A cet effet, le poids des crédits Intelaka dans les crédits à l'équipement du secteur bancaire progresse de 1,5% à 3,6% durant la période 2020-2021.