CDG Capital Insight prévoit que le deuxième Conseil de Bank Al- Maghrib, au titre de l'année 2022, maintiendra le taux directeur inchangé à 1,5%. Le deuxième Conseil de Bank Al- Maghrib, au titre de l'année 2022, se tiendra le 21 juin pour décider de la conduite de la politique monétaire, souligne CDG Capital Insight dans son « Flash pré-Conseil de Bank Al-Maghrib », fraîchement rendu public. Ce Conseil, poursuit la même source, intervient dans un contexte national et international très difficile, marqué, entre autres, par la flambée de l'inflation, le fort ralentissement prévu de la croissance économique en 2022 et la crise russo-ukrainienne. A l'image de plusieurs Banques centrales au niveau international, les décisions de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib sont confrontées, en effet, au dilemme de la relance de la croissance économique post-crise Covid 19 dans un contexte hyper inflationniste, nécessitant un retour vers des politiques monétaires restrictives. CDG Capital Insight note, à cet égard, que dans le cadre du rapport relatif au Nouveau Modèle de Développement, la Commission spéciale a retenu comme principale recommandation pour améliorer la conduite de la politique monétaire au Maroc : « une conduite de la politique monétaire qui concilie de manière plus équilibrée les objectifs de croissance et l'inflation dans le cadre d'un mandat dual ». Dans ce cadre, la banque d'affaires tient à rappeler que depuis le déclenchement de la crise Covid-19 en 2020, la Banque centrale a adopté une série de mesures expansionnistes en vue d'amortir le choc de la crise sanitaire sur l'économie nationale et faciliter l'accès au financement. Elle a, par exemple, baissé le taux directeur de 25 Pbs en mars 2020 et de 50 Pbs en juin 2020. CDG Capital Insight souligne, par ailleurs, que le prochain Conseil de BAM interviendra dans un contexte où le déficit de la liquidité du système bancaire, après une atténuation enregistrée en T4-2021 et janvier 2022, a renoué avec la hausse, à partir de février 2022, pour passer à -74,8 Mrds en moyenne hebdomadaire en avril 2022 contre -66,7 MrdDH et -64,2 MrdDH enregistrés respectivement les deux mois précédents. Cette hausse s'explique par une détérioration conjuguée des deux principaux facteurs autonomes de la liquidité bancaire. D'abord, une régression des avoirs officiels de réserve, qui sont passés à 329,2 MrdDH au terme du mois d'avril 2022 contre 332,7 MrdDH et 335,7 MrdDH enregistrés respectivement en mars et février 2022, reflétant ainsi, partiellement, le fort creusement du déficit commercial suite à une envolée des importations, notamment en valeurs. Ensuite, une hausse importante de la circulation fiduciaire au rythme de 9,4% en glissement annuel à fin avril 2022, en liaison principalement avec la baisse importante des taux créditeurs bancaires. De même, les créances nettes sur l'Etat ont fortement augmenté au cours du premier trimestre de l'année 2022 de +27,9 MrdDH à 300,4 MrdDH, et ce, avant de reculer légèrement d'environ 5 MrdDH en mois d'avril. Cette situation reflète les besoins importants, d'un côté, du Trésor public compte tenu du recours quasi-total au marché intérieur pour son financement et, de l'autre, des Entreprises et Etablissements Publics en cette phase de redressement post-Covid 19. Dans ces conditions, BAM a augmenté l'encours de ses interventions auprès des banques, passant à une moyenne d'environ 90,8 MrdDH enregistrée au mois de mai 2022 contre 85,4 MrdDH et 78,7 MrdDH enregistrées respectivement les deux mois précédents. Le prochain Conseil de BAM interviendra également dans un contexte où le rythme d'accroissement, en glissement annuel, des crédits bancaires au secteur privé a légèrement progressé au mois d'avril 2022 de 4,6% contre 3,8% et 4,4% les deux mois précédents et 3,4% une année auparavant. La hausse du taux d'accroissement des crédits demeure toujours alimentée par les comptes débiteurs et les crédits de trésorerie et à l'habitat contre des replis de ceux destinés à l'équipement et à la promotion immobilière, ajoute la même source. Sur la base de l'ensemble de ces évolutions, CDG Capital Insight pense qu'il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce prochain Conseil, et ce, compte tenu (i) de l'origine des tensions inflationnistes, limitant ainsi l'effet d'une action restrictive de la politique monétaire sur la maîtrise de l'inflation et (ii) les conditions de relance post-crise Covid-19, qui restent fragiles et entourées d'incertitudes. A. CHANNAJE