Nul n'ignore qu'être propriétaire est LE marqueur social de réussite qui concerne toutes les couches sociales. En plus d'être un facteur de réassurance, l'acquisition d'un bien immobilier reste un moment enthousiasmant, du fait que c'est un rêve, fort de sa symbolique bien implantée dans nos conventions sociales, qui se réalise. Aujourd'hui, dans un contexte international perturbé, où les perspectives de croissance sont entourées de risques baissiers liés notamment à la persistance des goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et aux pressions inflationnistes, la réalisation de ce rêve relève du parcours du combattant. Pour faire simple, la flambée des prix qui règne sur le marché de l'immobilier, surtout au niveau des logements neufs, nourrit la réticence des Marocains, dont le pouvoir d'achat ne tient plus qu'à un fil, suite à la cherté du coût de la vie. Car oui, malgré la conjoncture morose, le prix global du neuf connaît en moyenne un bond de 10%, alors que les taux de crédits immobiliers n'ont pas bougé d'un iota. Il est vrai que le coût de revient a explosé, avec la hausse des prix du ciment, de l'acier, de l'aluminium, du verre, du bois ou encore de la peinture. Néanmoins, cette hausse concerne également des chantiers finalisés avant l'avènement de la crise sanitaire, qui ne sont en aucun cas touchés par les effets ravageurs de la crise Covid et le chamboulement des cours internationaux. De quoi laisser les potentiels acheteurs aller voir sur le marché de l'immobilier ancien, où les prix sont certes élevés, mais demeurent soutenables. Un état des lieux défavorable pour l'Etat, mais surtout pour les opérateurs, qui se retrouvent avec des stocks difficilement liquidables, et qui peinent à lancer de nouveaux chantiers pour la même raison. Les promoteurs immobiliers sont donc contraints de changer de démarche, optant pour des marges de bénéfice moins larges, de sorte à inciter les individus à acheter, dans une période où l'austérité est le maître mot. Ceci devrait également être accompagné par des mesures étatiques courageuses, à l'instar de l'exonération des droits d'enregistrement, totale ou partielle, prise au début de la pandémie, surtout qu'une éventuelle hausse du taux directeur n'est pas exclue. Car, en fin de compte, quand l'immobilier va, tout va ! Saâd JAFRI