Selon un Policy paper du Policy Center for the New South (PCNS), la restructuration des petites et moyennes entreprises (PME) marocaines s'impose pour accélérer l'intégration du Royaume dans les Chaînes de Valeur Mondiales (CVM). Détails. Bien que le Maroc ait gagné 7,6 points dans sa participation aux Chaînes de Valeur Mondiales (CVM), la dynamique de son insertion et de sa montée en gamme demeure faible par rapport à des pays comparables, d'où la nécessité de renforcer les usines économiques locales et les petites et moyennes entreprises (PME) pour ainsi s'adapter aux enjeux et mutations, notamment industrielles. C'est du moins ce qui ressort d'une étude dévoilée par le Policy Center for the New South (PCNS) qui s'articule autour de l'émergence du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales, auxquelles l'intégration rapide nécessite une restructuration des PME marocaines. Cette restructuration devrait s'opérer à travers la mise en place d'un programme national dédié ou un fonds de joint-venture, pour permettre une intégration graduelle des opérateurs marocains dans la dynamique internationale des CVM, écrivent Abdelmonim Amachraa de la Fondation OCP, chercheur et expert en entrepreneuriat et des chaînes de valeur mondiales, ainsi que Bertrand Quelin, professeur à HEC Paris. Pour une intégration rapide des CVM Contacté par nos soins, M. Amachraa a expliqué qu'«une chaîne globale de valeur intègre dans un processus de production un ensemble d'acteurs », précisant que « le but principal est de diviser le travail et de créer une valeur ajoutée finale à travers des valeurs ajoutées intermédiaires, chaque acteur étant focalisé sur un métier spécifique ». « Ces chaînes de valeur sont pilotées par des opérateurs structurants dits « donneurs d'ordres » autour desquels s'articulent des couches d'équipementiers de différents rangs ainsi que toute la chaîne de sous-traitance requise pour aboutir au produit final », a-t-il ajouté. Tout en précisant que l'amélioration de la capacité d'innovation requiert de recourir à la formation et à l'apprentissage, M. Amachraa a estimé que « si les PME marocaines peuvent à terme améliorer leur contribution aux CGV (Chaînes Globales de Valeur) à travers l'innovation, des processus de plus en plus performants, et une main d'oeuvre qualifiée et créative, elles pourront ainsi être reconnues comme des partenaires contribuant de plus en plus à la valeur ajoutée créée ». L'intégration rapide des CVM est tributaire, également, de la massification des marchés pour atteindre une taille critique qui justifie l'installation de larges locomotives ainsi que de l'appui de la dynamique industrielle par le biais de programmes de formation et de la recherche et développement pilotés par le secteur privé. En outre, « le Maroc devrait être vigilant quant à la qualité des projets de CVM qui lui seront présentés », notamment ceux qui sont uniquement attirés par le système fiscal, ont mis en garde MM. Amachraa et Quelin. Pour une consolidation des partenariats En ce qui concerne les investisseurs et les multinationales, le Royaume aurait besoin de partenaires étrangers de confiance pour un transfert éventuel de technologie, ont-ils relevé, notant que l'émergence du Maroc devrait aboutir à une création de valeur durable dans le respect de l'environnement. Les compétences et les ressources des multinationales devraient être mises à la disposition de l'industrie locale, ont-ils insisté, ajoutant que le nouveau cadre de la participation du Maroc dans les CVM doit garantir aux clients et fournisseurs une meilleure valorisation de leurs capitaux, produits et services et l'exploitation la plus efficiente des ressources. Le défi de faire partie de CVM sophistiquées offre au Maroc l'opportunité de déclencher l'ensemble des initiatives potentielles et de construire des écosystèmes novateurs au fil du temps, a fait remarquer le policy paper, ajoutant que le Royaume devrait étendre son cadre de participation actuel pour inclure toutes les parties prenantes. Quatre secteurs clés Ladite étude prend en modèle quatre industries performantes dans le pays, à savoir les phosphates, l'automobile, le textile et l'agroalimentaire. Ce choix ne semble pas anodin. Selon M. Quelin, « les quatre secteurs sont bien représentatifs de l'économie marocaine, à l'exception du secteur informel », ajoutant que « chacun d'eux, y compris le secteur de l'énergie qui sera également couvert, présente des caractéristiques structurelles permettant de bien illustrer les mécanismes de création de valeur ». « La même chose pour le secteur aéronautique qui partage beaucoup de particularités avec celui de l'industrie automobile et qui est aujourd'hui structuré autour des grands constructeurs d'avions au niveau mondial ». Cependant, « la question relative à l'énergie mérite un focus particulier de la part des pouvoirs publics avec des choix longtermistes qui permettent de donner de la visibilité aux industriels sur les volumes de l'énergie produite avec bien évidemment des coûts de production compétitifs afin de pouvoir installer les opérateurs énergivores nécessaires à l'intégration des chaînes de valeur en question », a conclu M. Quelin. Siham MDIJI