En signe d'engagement européen, 450 millions d'euros d'équipements vont être livrés par l'UE aux forces armées ukrainiennes, au-delà des sanctions financières par les 27 qui ont aussi interdit leur espace aérien aux avions russes. "L'Europe se réveille", titre du quotidien espagnol el Mundo, et repris par « courrier international ». Le journal fait référence à l'annonce par l'Union européenne dimanche de l'achat et de la livraison d'armes à l'Ukraine, moins d'une semaine après le début de l'invasion russe. C'est la "première fois de son histoire" qu'elle assiste ainsi un pays attaqué, précise le journal, citant Josep Borell, le haut représentant aux affaires étrangères : "aujourd'hui, un tabou est brisé, à savoir que l'UE ne fournit pas d'armes dans une guerre. Oui, nous allons le faire. Cette guerre nécessite notre effort pour soutenir l'armée ukrainienne". A savoir l'équivalent de 450 millions d'euros en équipements dits létaux et 50 autres millions pour des ressources comme le carburant ou des appareils de communication. L'UE a également décidé d'interdire la diffusion de Russia Today et Sputnik, deux médias proches du Kremlin pour "mettre fin à la manipulation" et "à la désinformation toxique", a justifié Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. L'espace aérien européen a par ailleurs été fermé à tout avion à destination ou en provenance de Russie. Si le fait que l'Allemagne a décidé d'augmenter significativement dimanche son budget dépense a beaucoup fait parler, la Suède s'est départie pour sa part de sa neutralité en envoyant à l'Ukraine 5000 lance-roquettes anti-char, 5000 casques et 5000 gilets pare-balles. Du jamais vu depuis 1939 et l'agression russe en Finlande, indique la télévision publique SVT. Autre "décision historique", la Commission européenne, rapporte el Pais, va activer une directive "jamais utilisée" permettant l'entrée sur le territoire communautaire d'un nombre illimité de personnes alors que plus de 365.000 réfugiés auraient déjà quitté l'Ukraine. « Une guerre est engagée doit être gagnée » Toutes ces mesures font dire à Politico, que Vladimir Poutine "a réussi l'impossible : créer une véritable unité européenne" selon le site. Lui qui pensait diviser pour mieux régner "comme il l'a fait avec succès sur d'autres fronts pendant des années" a finalement "créé le plus grand défi auquel son hégémonie a été confrontée : un continent uni". Toutefois, prévient Le Temps dans un éditorial, en adoptant "une posture guerrière" dépassant les seules sanctions financières, qui ne constituaient pas "un mur infranchissable pour le Kremlin", les 27 prennent un risque. "Cette guerre que les Européens sont aujourd'hui forcés de mener, parce qu'elle se déroule à leurs frontières, (...) ne peut pas, comme jadis lors de la dislocation de l'ex-Yougoslavie, être considérée comme une seule crise humanitaire. Cette guerre est engagée. Elle doit être gagnée", insiste le quotidien, qui invite la Suisse à se joindre à cet effort. « Signe d'échec, la menace nucléaire » L'un des risques, c'est la menace nucléaire brandie dimanche par le chef d'Etat russe. Elle est interprétée unanimement comme le signe que "les choses ne se passent pas comme le très confiant leader l'avait prévu" (Washington Post) ou qu'il est "sous pression" (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Même si, d'après le Daily Mail, des images satellites montrent une colonne de blindés russes à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, le maire de Kiev Vitaly Klitschko a démenti les rumeurs selon lesquelles sa ville était encerclée, note KP. Les gains russes restent modérés et les autorités ont reconnu des pertes humaines, sans donner de bilan. La résistance des Ukrainiens "a causé des dommages durables au mythe d'une armée russe renaissante", commente Die Welt. "C'est pourquoi le chef du Kremlin rappelle au monde : mes militaires peuvent avoir l'air miteux et saigner du nez en Ukraine - mais bon, nous avons toujours des armes nucléaires", peut-on lire dans le journal allemand. "Je vais être honnête, je suis nerveux", confie Pavel Podvig, expert de l'arsenal nucléaire russe au Guardian. La rationalité n'a pas été une des caractéristiques majeures du Kremlin ces derniers mois, dit-il. La faiblesse et l'insécurité de M. Poutine, si c'est bien ce que démontrent ses menaces, ont de quoi préoccuper de la part d'un dirigeant d'une superpuissance nucléaire, s'inquiète le quotidien anglais. D'autant que, relève le Sun, Alexander Loukachenko, président de la Biélorussie et allié de Poutine, agite le spectre d'une troisième guerre mondiale provoquée par les sanctions européennes et américaines. "Une lueur d'espoir s'ouvre", signale malgré tout la Repubblica en évoquant les pourparlers attendus entre Volodymyr Zelensky, le président ukrainien et le "médiateur" Loukachenko. Des discussions qui auront lieu près de Tchernobyl, lieu de compromis.
Kharkiv sous contrôle de l'armée ukrainienne L'armée ukrainienne aurait repris le contrôle de toute la ville de Kharkiv, deuxième plus grande ville du pays, après que les forces russes y sont entrées dimanche à l'aube. "Kharkiv est entièrement sous notre contrôle, les forces armées, la police et les forces de défense travaillent et nettoient la ville de l'ennemi", a déclaré Oleg Sinegoubov, gouverneur de la ville, dans un communiqué sur l'application Telegram. Plus tôt dimanche, Sinegoubov a annoncé le déclenchement de combats dans les rues de Kharkiv, entre Russes et Ukrainiens, à 20 km au sud de la frontière avec la Russie. Jeudi à l'aube, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, qui a été suivie de réactions internationales et de l'imposition de sanctions à Moscou.