Dans son dernier rapport sur l'hydrogène, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a souligné que le Maroc fait partie des pays les mieux placés pour devenir producteurs et exportateurs, avec une influence sur les prix de cet or vert qui captera une large part du marché du pétrole et du gaz. Selon l'IRENA, l'hydrogène vert pourrait couvrir jusqu'à 12 % de la consommation mondiale d'énergie en 2050, ce qui affecterait considérablement les changements géopolitiques et géoéconomiques et créerait de nouvelles relations mondiales dans le commerce de l'énergie. L'économie de l'hydrogène laisse présager une nouvelle dynamique mondiale du pouvoir. Le Maroc s'est classé au quatrième rang mondial des pays candidats pour devenir de grands producteurs d'hydrogène, après l'Australie, le Chili et l'Arabie saoudite, et devant de nombreux pays qui occupent actuellement une part importante du commerce du pétrole et du gaz, avec en tête les Etats-Unis, l'Algérie, le Qatar, le Sultanat d'Oman, les Emirats arabes unis et le Royaume-Uni. Le rapport place le Maroc sur la carte des pays qui pourraient devenir des acteurs majeurs dans la course à l'hydrogène vert, aux côtés du Chili, de l'Australie et de l'Arabie saoudite. Ces pays pourraient devenir des fournisseurs mondiaux de carburants propres d'ici le milieu du siècle. Avec des incitations découlant de l'action climatique et un programme visant à réduire les émissions nettes à zéro, la part d'hydrogène vert est en passe d'atteindre 12% de la consommation mondiale totale d'énergie d'ici 2050, estime l'IRENA. L'augmentation des investissements et du commerce de l'hydrogène vert sur le marché de l'énergie augmentera probablement la compétitivité économique avec de nouveaux accords bilatéraux et affectera le paysage de la politique étrangère. Dans cette perspective, le Maroc se positionne peu à peu comme un véritable pionnier en matière d'énergies renouvelables et s'active dans le déploiement d'une nouvelle source d'énergie propre qui est l'hydrogène vert, clé de voûte de la transition verte des secteurs énergétique et industriel. Cet objectif stratégique se traduit en un plan d'actions à l'horizon 2050, portant sur la réduction des coûts tout au long de la chaîne de valeur de la filière d'hydrogène vert et de ses dérivés, ainsi que l'intégration industrielle locale de la filière hydrogène à travers la formation des ressources humaines et le transfert d'expertise auprès des compétences marocaines. Les ressources humaines et les infrastructures au coeur de la stratégie marocaine Incluant l'hydrogène au plus haut niveau de leur diplomatie, les exportateurs potentiels peuvent tirer parti de leurs marchés des énergies renouvelables, des infrastructures énergétiques établies, d'une main-d'oeuvre qualifiée et des relations commerciales énergétiques existantes pour attirer des investissements dans la production d'hydrogène vert, indique l'Agence, notant que l'Australie, le Chili, le Maroc et l'Espagne font partie de ces exportateurs nets d'hydrogène, notant que le Chili et le Maroc qui disposent d'un potentiel de production suffisant pour subvenir à leurs propres besoins sans recourir aux importations, passeront par une phase d'autosuffisance en hydrogène vert avant de devenir de grands producteurs d'hydrogène propre d'ici 2050. En effet, le développement d'un marché national de l'hydrogène nécessite des conditions favorables à la production et à l'exportation, notamment en invitant les opérateurs et les investisseurs à utiliser une énergie propre basée sur l'hydrogène vert, en assurant le financement nécessaire au développement de l'hydrogène et aux activités de production associées, en renforçant la coopération internationale avec les partenaires internationaux, ainsi que la création de nouveaux partenariats en vue de saisir les opportunités offertes par la filière hydrogène. Conscient de ces enjeux, le Maroc a créé une Commission nationale de l'hydrogène en 2019 et publié une feuille de route pour l'hydrogène vert en janvier 2021. L'hydrogène est mentionné comme un secteur de croissance clé dans l'économie nationale. D'ici 2030, le pays envisage un marché local de l'hydrogène de 4 térawattheures (TWh) et un marché d'exportation de 10 TWh, qui nécessiteraient la construction de 6 GW de nouvelles capacités renouvelables et soutiendraient la création de plus de 15.000 emplois directs et indirects (MEM, 2021), souligne le rapport. Technologie énergétique : le Maroc appelé à construire sa position d'acteur mondial L'étude de l'IRENA met en avant la technologie comme un moteur important dans la course à la suprématie de l'hydrogène. Au cours des dernières années, les solutions zéro carbone se sont développées plus rapidement que prévu, laissant la place à de nouvelles sources de création et de croissance économique. Avoir un intérêt dans les chaînes de valeur des technologies énergétiques sans danger pour le climat, telles que l'hydrogène propre, peut stimuler la compétitivité économique, la sécurité nationale et l'indépendance énergétique des pays. Le leadership technologique pourrait être développé autour de nombreux aspects de la chaîne de valeur de l'hydrogène, relève la même source, appelant les pays qui aspirent à exporter l'hydrogène ou ses dérivés, en l'occurrence la Colombie, l'Egypte, le Maroc, Oman et les Emirats arabes, à développer les recherches technologiques en la matière. Ainsi, le Maroc qui figure parmi les premiers pays au monde à avoir introduit de nouvelles technologies en vue d'améliorer son efficacité énergétique, pourra aller au-delà des initiatives de développement de l'hydrogène vert, qui sont déjà lancées sur le territoire national, pour entamer un trajet de recherches relatives aux technologies de l'hydrogène, qui sont des technologies visant à créer de l'électricité à partir de l'hydrogène. Kawtar CHAAT