Pour résoudre les problèmes liés à la qualité des prestations consulaires, Nasser Bourita parie sur la numérisation et la révision de la carte consulaire afin de mieux optimiser les ressources. Détails. L'un des problèmes récurrents dont souffrent les Marocains du monde concerne la qualité des services consulaires qui ont besoin d'une amélioration palpable, d'autant que les difficultés que rencontrent les MRE dans l'accès aux services administratifs auprès des consulats sont nombreuses. Procédures administratives complexes, indisponibilité du personnel, accueil discourtois, les réclamations ne manquent pas. Raison pour laquelle l'amélioration des services consulaires est l'un des chantiers prioritaires de la diplomatie marocaine, surtout après le discours royal à l'occasion du 16ème anniversaire de la Fête du Trône où le SM le Roi a appelé à améliorer le contact et la communication avec les membres de la communauté marocaine à l'étranger, rapprocher les prestations qui leur sont destinées, simplifier et moderniser les procédures. Dans Son discours, le Souverain ne manqua pas de souligner le désappointement des MRE, "lorsqu'ils font des comparaisons entre, d'une part, le niveau des prestations fournies par les services administratifs et sociaux des pays de résidence, et l'accueil qui leur est réservé, et, d'autre part, le traitement dont ils sont l'objet à l'intérieur de ces missions consulaires nationales". Vers une nouvelle carte consulaire La crise du Covid-19 a montré à quel point le rôle des consulats est crucial, voire vital, pour les Marocains expatriés. La gestion du rapatriement des personnes bloquées à l'étranger et le sort des personnes laissées-pour-compte pendant le confinement ont mis à l'épreuve les différents responsables consulaires. Près de sept ans se sont écoulés après le message royal, l'heure maintenant est au bilan des réalisations faites depuis lors. Raison pour laquelle le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita s'est présenté, lundi, à la Chambre des Représentants, lors de la séance hebdomadaire consacrée aux questions orales. Interrogé sur les mesures prises pour l'amélioration des services consulaires, le chef de la diplomatie marocaine a reconnu la nécessité de revoir la carte consulaire pour une meilleure répartition des consulats de telle sorte qu'ils soient plus proches aux MRE. Nasser Bourita a saisi l'occasion pour donner plus de détails sur la communauté marocaine à l'étranger. Celle-ci est estimée à près de six millions, dont 5,3 millions sont déclarés auprès des consulats. La révision de la carte consulaire est une façon d'optimiser les ressources, aux yeux de Nasser Bourita, qui pense que l'amélioration des prestations consulaires ne passe pas forcément par l'ouverture de consulats supplémentaires. A cet égard, des efforts ont été faits ces dernières années avec l'ouverture de trois nouveaux consulats à Toronto au Canada, à Napoli en Italie et à Murcie en Espagne. Des provinces à forte concentration de la diaspora marocaine. Le réseau consulaire compte désormais 56 consulats. Selon M. Bourita, la refonte de la carte consulaire consiste à élargir la couverture sur les zones où la communauté marocaine est la plus nombreuse. Le ministère des Affaires étrangères songe à ouvrir de nouvelles représentations consulaires en France, notamment dans la banlieue parisienne, en Galice en Espagne et dans le Nord de l'Italie. Aussi, les efforts seront-ils concentrés sur la région du Golfe et sur quelques pays d'Afrique subsaharienne. Numérisation : la solution miracle aux complexités administratives Afin d'amender la qualité de l'accueil, les autorités estiment nécessaires le réaménagement et la modernisation des bâtiments des consulats, dont neuf ont été réaménagés. Il s'agit des consulats du Royaume à Barcelone, Algésiras, Marseille, Oran, Amsterdam, Paris, Lille, Rennes et Madrid. En outre, le ministère a investi dans cinq nouveaux locaux dans quelques villes européennes, dont Anvers en Belgique et Bologne en Italie. Comme l'augmentation du nombre des consulats n'est pas l'unique solution aux problèmes d'accès aux services consulaires, la diplomatie marocaine met le paquet dans la numérisation. « Quoique nous fassions, nous ne pourrons jamais rapprocher les consulats à chaque MRE », a expliqué Nasser Bourita qui croit en les vertus du digital. Sur ce point, le ministère a mis en place la plateforme "Consulat.ma" et le guide consulaire unifié, accessible au grand public. L'objectif est de renforcer l'accès à l'information et harmoniser les procédures d'acquisition des papiers administratifs tels que l'acte d'état civil, l'extrait d'acte de naissance, le passeport, etc... L'état civil : fin d'un calvaire ? Cependant, l'octroi de l'état civil a fait l'objet des réclamations des MRE, dont plusieurs se plaignent de la complication des procédures. Cette question n'a pas manqué d'être abordée pendant la séance parlementaire, sachant que de nombreux députés ont souligné ce casse-tête qui tracasse les Marocains du monde. Prenant acte de cela, Nasser Bourita a rétorqué en n'hésitant pas à adresser un léger reproche aux législateurs qui, à son avis, contribuent à la complexité des procédures en votant des législations complexes. « Excusez-moi de vous dire que vous avez également une part de responsabilité, lorsque vous votez la loi relative à l'état civil, songez à la diaspora marocaine », a martelé le chef de la diplomatie marocaine, plaidant pour prendre en compte les spécificités des Marocains du monde dans la conception des procédures administratives, surtout en ce qui concerne l'état civil, afin qu'elles ne soient pas aussi éprouvantes qu'elles le sont aujourd'hui. « Nous nous sommes aperçus que plusieurs dispositions relatives à l'octroi de l'état civil ne peuvent pas s'appliquer aux MRE, ce qui nous contraint à faire des circulaires conjointes avec le ministère de l'Intérieur pour trouver des solutions à titre exceptionnel », a-t-il repris, appelant à simplifier les procédures également pour l'obtention du casier judiciaire et de la fiche anthropométrique. Anass MACHLOUKH Facilitation des prises de rendez-vous
Pour simplifier les choses autant que possible, les services consulaires ont procédé à l'amélioration des procédures de prise de rendez-vous pour la demande des pièces administratives. Les demandes se font désormais par voie électronique, a indiqué M. Bourita, qui a annoncé que ce dispositif sera élargi aussi bien pour les demandes de carte d'identité nationale que pour celles du passeport. Ceci se fera en collaboration avec les services de Sûreté nationale et le ministère de l'Intérieur. « Soyez rassurés que nous sommes disposés à appliquer les hautes instructions royales, ce qui doit être fait sera fait sans le moindre doute », a répondu le ministre aux remarques des députés, qui ont souligné la valeur des MRE, qui contribuent considérablement à l'économie de la patrie par les transferts en devises.