Le Maroc est loin de remporter le combat contre la corruption, un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Malgré d'innombrables stratégies nationales, rien ne semble entraver ce genre de pratiques aussi bien dans le secteur public que dans le privé. Alors qu'on imaginait que le Royaume gagnait des points en matière de transparence, l'Indice de perception de la corruption a eu l'effet d'une douche froide. Le pays recule dans le classement et le rapport annuel de l'Instance de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption a signifié clairement qu'un long chemin attend le Maroc dans ce domaine. Pourtant, l'espoir subsiste, selon le Patron de l'INPPLC Bachir Rachdi, qui estime que la corruption n'est pas une culture ancrée dans la société marocaine, mais une pratique récurrente à laquelle il faut s'attaquer. Encore faut-il des réponses fermes et sans concession vis-à-vis des auteurs des actes de corruption qui doivent finir devant les tribunaux plutôt que sortir indemnes d'enquêtes sans effet juridique. Le Ministère public a, pour sa part, fait des efforts. Le numéro vert lancé en 2018 est certes une mesure louable puisqu'il a abouti à 117 arrestations de personnes en flagrant délit. Toutefois, ce dispositif ne neutralise que la petite corruption et ne touche pas les zones impénétrables des grands conflits d'intérêts, le trafic d'influence, les malversations, l'évasion fiscale, la fausse facturation, le détournement des fonds publics, etc. La seule façon de lutter contre l'impunité est que la justice soit outillée. C'est, en effet, le rôle de l'Instance de Probité, dont le pouvoir d'investigation qui lui est dévolu par la loi 46.19 devrait permettre de traduire plus facilement ce type de dossiers devant la Justice. Encore faut-il accélérer la formation du Conseil de l'Instance qui attend l'aval des autorités de nomination. En définitive, l'activation de l'Instance représente une opportunité pour lancer une stratégie nationale de lutte contre la corruption, basée sur la coercition, c'est l'un des chantiers majeurs de ce gouvernement qui compte renforcer le principe de reddition des comptes.