Des pressions sont exercées sur les leaders libanais pour qu'ils révoquent le ministre de l'Information à cause de propos qui ont déclenché des tensions diplomatiques avec l'Arabie saoudite. L'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs et ont ordonné aux ambassadeurs libanais de rentrer chez eux. Les EAU ont également interdit à leurs citoyens de voyager au Liban. Ces décisions font suite à des commentaires que le ministre de l'Information, George Kordahi, avait faits lors d'une entrevue qui a été enregistrée avant qu'il ne soit nommé ministre. Il avait ainsi dit que les Houthis soutenus par l'Iran se défendaient et que la guerre au Yémen devait cesser. Alors que la crise s'aggrave, Kordahi a affirmé dans un discours télévisé qu'il ne démissionnerait pas. Le Liban a appelé des fonctionnaires américains et français à intervenir et à l'aider à trouver un moyen de sortir de la crise provoquée par les propos de Kordahi qui vont à l'encontre de l'avis officiel du pays en ce qui concerne le conflit au Yémen. L'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, Fawzi Kabbara, a annoncé dimanche qu'il était rentré à Beyrouth. Il a affirmé que «la restauration des relations libano-saoudiennes serait possible si le Liban acceptait les conditions». Lors de son homélie du dimanche, le patriarche maronite du Liban, Bechara Boutros Al-Rai, a appelé à une «action décisive», insinuant qu'il voulait que Kordahi démissionne. «Nous espérons que le président Michel Aoun, le Premier ministre Najib Mikati et toute autre personne impliquée dans cette affaire prendront des mesures décisives pour sauver les relations entre le Liban et le Golfe. Le meilleur exploit que les forces politiques puissent accomplir, c'est celui de ne pas entraîner le pays dans ce jeu interétatique, surtout pendant cette phase critique que traverse la région», a-t-il dit. «La crise du Liban avec l'Arabie saoudite d'abord, et avec les autres pays du Golfe ensuite, a des causes multiples et accumulées, sans oublier qu'elle nuit aux intérêts du Liban et à ceux des Libanais», a-t-il poursuivi. L'atteinte aux relations Libano-saoudiennes à dessein ? Le Conseil d'affaires libano-saoudien a condamné les propos de Kordahi ainsi que ceux de l'ancien ministre Charbel Wehbe et d'autres responsables qui ont nui aux relations du pays avec ses voisins arabes, «surtout ceux qui ont été là pour le Liban dans les moments difficiles – notamment l'Arabie saoudite». Il a demandé instamment que des mesures soient prises pour démettre Kordahi de ses fonctions qui, selon le Conseil, a causé une dispute sans précédent avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, à cause «de ses propos irresponsables suite auxquels il n'a même pas pris la peine de s'excuser ni de démissionner» afin de préserver les relations du Liban avec les pays du Golfe et de protéger les intérêts nationaux. Dimanche, l'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, a cité Gibran Khalil Gibran dans un tweet : « Un pécheur ne commettrait pas de péché s'il n'avait pas de volonté cachée». Boukhari a quitté le Liban samedi. L'ancien député et actuel vice-président du courant du Futur, Moustapha Allouche, a dit que la situation aurait été différente si Kordahi avait démissionné deux jours après l'incident. «Aujourd'hui, je suis sûr que l'atteinte aux relations du Liban avec l'Arabie saoudite était volontaire. Le Hezbollah poursuit son projet en multipliant les hostilités avec les pays arabes», a-t-il révélé à Arab News. «Mais toute cette affaire remonte à un long passé de déclarations et de positions anti-saoudiennes de la part de Kordahi, de l'ancien ministre Wehbe et du député Gebran Bassil, sans oublier le problème de contrebande de Captagon en provenance du Liban vers l'Arabie saoudite qui n'a pas encore été réglé et les insultes continues que le Hezbollah adresse à l'Arabie, tout en menaçant sa sécurité».
« Le principal problème du Liban est le Hezbollah »
«Que Kordahi démissionne ou pas, cela n'a plus vraiment d'importance. Le gouvernement libanais est désormais pris en otage et la preuve, c'est que les positions de Mikati et du ministre libanais des Affaires étrangères n'étaient ni décisives ni fermes. Mikati aurait dû obliger Kordahi à démissionner et menacer de dissoudre le gouvernement». Le principal problème du Liban est la mainmise du Hezbollah sur son système politique, précise le ministre saoudien des Affaires étrangères. « La crise là-bas n'est pas une crise entre nous et le Liban dans une certaine mesure. La crise au Liban concerne les mandataires iraniens qui dominent la scène, c'est ce qui nous préoccupe et qui rend caduque tout rapport avec le Liban », déclare le Prince Faisal ben Farhane dans une interview avec Al Arabiya en marge du sommet du G20. Le ministre ajoute que les dirigeants libanais doivent « redonner au Liban sa place dans le monde arabe », ce qui, selon lui, est « possible ». L'interview du ministre intervient après que les commentaires du ministre libanais de l'Information George Kordahi sur la guerre au Yémen ont déclenché un différend diplomatique avec les pays du Golfe.