L'entrée en vigueur du pass vaccinal le jeudi 21 octobre représente un changement dans les habitudes quotidiennes des Marocains. De par sa nature, cette décision devrait avoir une forte incidence sur le libre arbitre et le droit à la libre circulation des citoyens. De prime abord, l'obligation du pass sanitaire peut paraître anticonstitutionnelle, mais il ne faut pas oublier que cette décision a été prise dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire qui, lui, est passé par les rouages de la représentativité démocratique et a été validé et voté par les deux Chambres du Parlement. Cette nouvelle étape dans la lutte contre la pandémie se justifie par plusieurs paramètres. Le premier est que la campagne de vaccination a dépassé le seuil des 50% de la population ayant reçu les deux premières doses. Le second est la nécessité d'une relance économique qui se fait attendre, et il est fort à parier que les tenants des hammams, les cafetiers et les restaurateurs doivent se réjouir d'une telle mesure qui éloigne la perspective d'un retour à des mesures restrictives plus draconiennes et assure une continuité pour leurs activités. Cela n'empêche pas, d'un autre côté, qu'il existe une partie non négligeable de citoyens que l'on peut considérer comme des vaccino- sceptiques ou qui sont attachés à leur libre droit de s'inoculer le vaccin ou pas et qui s'opposent à cette décision. Sur ce point précis, la question est de savoir si la tranche vaccinée de la population qui représente plus de 50% et qui, logiquement, ne devrait pas avoir d'objection contre le pass vaccinal, peut être prise en otage, comme d'ailleurs l'effort de relance économique. Cela n'empêche pas que cette même décision aurait pu être prise et surtout annoncée différemment. Une entrée en vigueur annoncée 48 heures à l'avance et la veille d'un jour chômé ne peut que susciter un appel d'air vers les centres de vaccination et donc potentiellement causer une rupture de stocks. Aucun travail préparatoire ne semble avoir été mené au niveau des cafetiers, restaurateurs et autres gérants de commerces quant aux modalités de contrôle du pass vaccinal. Sans oublier les administrations publiques où plusieurs ministères ont publié des communiqués qui annoncent que les fonctionnaires ne disposant pas du pass vaccinal ne pourront accéder à leurs lieux de travail. Est-ce que cela signifie que les personnes concernées risquent une ponction de leur paie ou un renvoi jusqu'à régularisation de leur situation ? La logique aurait voulu qu'un effort de communication et de pédagogie soit déployé avant l'officialisation de cette décision pour éviter les inévitables cafouillages qui ne sauraient tarder au niveau des transports publics, des administrations et des centres commerciaux. Amine ATER