« La Religion dans la politique et la société : Entre le dogmatisme des précurseurs et les distorsions des disciples » est le titre de l'ouvrage d'Alboukacem CHEBRI, édité en langue arabe aux éditions « Al-Fassila » à Tanger, en collaboration avec la Librairie de Paris à Al-Jadida, et préfacé par l'actuel doyen de la Faculté des Lettres d'Al-Jadida, Hassan Qranfal. Formé dans les sciences de l'archéologie, de l'anthropologie et des politiques culturelles, acteur politique depuis les années 80's, Alboukacem CHEBRI a plongé dans les premières manifestations des croyances et de la religiosité chez les premières communautés humaines, en essayant essentiellement de retracer le cheminement de la naissance et du développement des mouvements religieux des temps contemporains. Partis des Universités et des lycées pour contrecarrer la gauche et les communistes, les groupes islamistes gagnent du terrain, se constituent en associations puis en partis politiques, dont certains vont gouverner des pays. Traitant du fondamentalisme musulman en particulier, l'auteur étend son étude à toutes les communautés des religions révélées, critiquant le monopole du champ religieux par les seuls «hommes de religion». L'objectif déclaré d'Alboukacem CHEBRI est d'inciter toutes les composantes de la société à reposer la question du religieux dans sa relation intime avec la Communauté et la politique. La religion est faite pour servir la société et, selon les propos de l'auteur, elle doit être un sujet de débat public, dans sa dimension socio-politique, alors que la croyance, c'est un lien entre l'humain et son Dieu. L'Islam en est le meilleur illustrateur. Si plusieurs publications d'académiciens ont traité du sujet, l'ouvrage d'Alboukacem CHEBRI se veut un appel à renouveler le débat, dans un climat serein et respectueux, pour définir un nouveau modèle de société où la Religion et la politique ne s'entremêlent pas en brouillant les cartes, où la Religion garde ses lettres de noblesse en tant que croyance individuelle et sociétale et où la modernité, en tant que système socio-politique, culturel et économique ne rejette pas le religieux aveuglément. L'auteur soutient que chaque époque a son système de modernité depuis la nuit des temps, et il insiste sur le fait que la Religion ne contredit pas la modernité, ne s'oppose pas au développement, ni à la technologie et à la raison, contrairement à ce que pensent religieux et modernistes, malheureusement, dans leur dialogue de sourds-muets. Critiquant les deux principaux protagonistes du débat, se rangeant du côté des gauchistes modernistes, tout en vantant l'Islam intellectuel et scientifique, l'auteur prône ouvertement une laïcité bien pensée où religieux et modernistes se feront des accolades en toute entente, amitié et respect mutuel, pour le bien de la société et son devenir. Mohamed LOKHNATI