Le premier octobre est la nouvelle date fixée pour la rentrée scolaire. Une décision annoncée une nouvelle fois en pleine nuit et qui a pris de court les parents d'élèves comme les opérateurs du secteur. L'Exécutif semble prendre un malin plaisir à prendre au dépourvu les Marocains par des annonces surprises faites au milieu de la nuit. C'est aux environs de 21h lors de la nuit du lundi 06 septembre que le ministère de l'Education a annoncé le report de la rentrée scolaire jusqu'au 1er octobre. Une décision qui a pris de court les parents d'élèves qui s'attendaient à un retour en classe pour le 10 septembre. La tutelle joue la carte de la vaccination Ce nouveau report vise, selon la tutelle, de « permettre de réunir les conditions appropriées pour l'adoption du mode de l'enseignement présentiel pour tous les élèves, les étudiants et les stagiaires de la Formation professionnelle ». Autre élément mis en avant par le département d'Amzazi : il s'agit aussi de « maintenir la courbe descendante des cas d'infection ainsi que le bon déroulement de la campagne nationale de vaccination, particulièrement pour les tranches d'âges des 12-17 ans et des 18 ans et plus ». Autre argument avancé par le ministère de l'Education nationale (MEN), « la nécessité d'éviter toute détérioration de la situation par l'éventuelle apparition de foyers du virus au sein d'établissements d'éducation et de formation ». Des éléments de langage qui n'ont pas calmé les interrogations des internautes et la polémique qui va avec. Dans les minutes qui ont suivi la publication du communiqué, les réseaux sociaux ont été submergés par les réactions des parents d'élèves. Pris de court, ces derniers ont durement critiqué la décision et son ambiguïté, le communiqué ne contenant aucune information sur les modalités que le ministère compte mettre oeuvre pour rattraper le retard pédagogique qu'un nouveau « mois de vacances » devrait entraîner pour les élèves. Autre question qui revient sur les réseaux sociaux : celle des frais de scolarité du mois de septembre pour les élèves relevant du système privé. En effet, la plupart des parents ont déjà procédé au paiement de ce mois, voire de l'ensemble du premier trimestre. Dans une récente sortie médiatique, le ministre de l'Education nationale Saaïd Amzazi a annoncé que les parents d'élèves seront exonérés du paiement de la mensualité du mois de septembre, alors que ceux qui s'en sont déjà acquitté n'auront pas à payer pour le mois d'octobre. Des négociations tendues à venir Une annonce qui, pour l'instant, n'engage que le ministre, alors que du côté des établissements, c'est toujours le silence radio qui prévaut. La question des remboursements et leurs modalités devrait faire l'objet de négociations entre la tutelle et les opérateurs du secteur. Ces derniers devraient solliciter un soutien financier de l'Etat, notamment via le Comité de veille économique, pour assurer le remboursement ou le rééchelonnement des paiements au mois d'octobre. En plus des frais engagés par les parents, s'ajoute la question du versement des salaires des employés des écoles privées, qui, à l'instar de l'année dernière, risque de susciter une nouvelle polémique. D'ailleurs, les établissements privés qui s'apprêtaient à ouvrir leurs portes le 10 septembre ont également été pris de court par l'annonce du MEN. Ces derniers avaient déjà engagé des frais pour démarrer leur activité, en renouvelant leurs équipements pour certains, là où d'autres viennent tout juste de finaliser le recrutement d'enseignants et autres cadres éducatifs. Des éléments qui devraient rentrer en compte dans les discussions à venir entre les établissements et la tutelle, qui devra également composer avec le ministère des Finances. A noter que l'Exécutif est à quelques jours de la fin de son mandat... Cette décision démontre ainsi l'absence de vision à moyen et long termes dans la gestion de la pandémie par le gouvernement. L'Exécutif semble affectionner les communiqués nocturnes, malgré les désagréments qu'il entraîne pour les citoyens : à titre d'exemple (et il y en a tant !), la fameuse décision de l'Aïd El Kebir de 2020 et le chaos qu'elle a entraîné demeurent toujours dans les esprits. Tout ceci n'a pas empêché le gouvernement de réitérer l'exercice tout au long de l'année. Cette attitude représente ainsi un manque évident de respect pour les citoyens comme pour les acteurs économiques qui sont infantilisés et se retrouvent obligés d'adopter une planification au jour le jour, sacrifiant par la même leurs stratégies à moyen et long termes, ce qui cause des pertes colossales tant pour le simple citoyen que pour les entreprises. Amine ATER L'info...Graphie 3 questions à Khadija Zoumi « Les Marocains en ont marre des décisions de dernière minute »
Khadija Zoumi, membre du Comité Exécutif de l'Istiqlal et Conseillère à la deuxième Chambre, nous donne sa lecture de la décision annoncée par le ministère de l'Education Nationale.
- La décision de report de la rentrée scolaire annoncée par la tutelle suscite la polémique sur les réseaux sociaux. Comment jugez-vous cette décision ? - Une fois de plus, le gouvernement a pris de court les Marocains avec une décision annoncée à la dernière minute, démontrant son incapacité à gérer la crise sanitaire de manière efficace. Le gouvernement avait annoncé la campagne de vaccination pour les élèves pour assurer une rentrée protégée, il a ensuite annoncé le report de cette dernière au 10 septembre pour ensuite la repousser d'un mois, sans pour autant donner un justificatif valable. Pour ce genre de décisions, il faut passer par une cellule ad hoc, constituée des représentants du ministère de l'Intérieur, de la Santé et de l'Education, pour donner une vision complète sur les raisons derrière ladite mesure. Il faut également se concerter avec les différents acteurs concernés pour éviter le chaos. - Quelles seront les conséquences de cette mesure ? - Les conséquences de cette décision seront graves. Il faut s'attendre à voir un nouveau conflit entre les parents d'élèves et les écoles, même si le département a annoncé, a posteriori, que les parents dont les élèves étudient dans les écoles privées seront dédommagées. Sans oublier qu'outre les parents, certains enseignants seront également impactés par cette décision hâtive. Sans oublier aussi que cette mesure va charcuter un mois d'étude pour les élèves, et la tutelle n'a pas précisé comment elle compte y remédier. Il ne faut donc pas s'étonner de voir notre système éducatif en retard par rapport à d'autres pays puisque la première cause, ce sont nos dirigeants. - Comment peut-ont sauver l'Ecole marocaine ? - La première chose, c'est la réhabilitation de l'Ecole publique marocaine, tout en consolidant les acquis qualitatifs des établissements privés. En vue de hausser le niveau des élèves du secteur public, il faut assurer gratuitement des cours de soutien pédagogique dans les écoles. Il faut aussi accélérer la généralisation et l'amélioration de la qualité de l'enseignement avec la contribution des Régions et des collectivités territoriales, en fournissant les ressources et les conditions appropriées, pour que tous les enfants bénéficient du service éducatif. Et pour les parents qui inscrivent leurs enfants dans les écoles privées, il faut les aider avec une diminution des taxes. Recueillis par S. A.