L'année en cour annonce une tendance haussière en matière de transferts de fonds des Marocains du Monde. En 2020, ces transferts ont fait preuve d'une forte résilience, en enregistrant une augmentation de 5% pour s'établir à 68 milliards de dirhams, contre 64,7 milliards de dirhams, en 2019. L'ouverture des frontières et la vaccination aidant, la reprise s'annonce sous de bons auspices avec les MRE. La rencontre de communication avec les Marocains résidents à l'étranger, organisée avant-hier mardi par le Centre régional d'investissements de Béni Mellal-Khénifra, est venue enrichir l'actualité sur l'apport de cette frange de la population à l'économie nationale. Au-delà de la thématique traitée « l'investissement des MRE, un levier de développement régional », la rencontre illustre l'attachement de nos compatriotes à leur patrie. Et en cette période de Covid-19, le mot vaut son pesant d'or dans la relance de l'activité économique. Et la reprise de l'opération Marhaba en 2021 donne le tempo à la relance notamment dans le secteur touristique avec l'arrivée du premier navire, en début de semaine, au port de Tanger Med en provenance de Sète. D'ailleurs, celui-ci est l'un des deux navires night ferry affrété par le Maroc auprès de la compagnie maritime estonienne Tallink, d'une capacité de 2000 passagers 500 voitures chacun. Un début d'éclaircie pour les professionnels du tourisme. Car faut-il rappeler que les recettes voyage des Marocains du Monde ont baissé drastiquement durant la crise de la Covid-19, passant de 78,6 milliards de dirhams, en 2019, à 36,4 milliards de dirhams, en 2020, sous l'effet de la fermeture des frontières internationales. Une perte sèche, peut-on dire. Levier du développement En effet, qualifiés de « 13ème région », les MRE sont des acteurs incontournables dans la dynamique économique du royaume. Et c'est à juste raison que Mahmoud Arbouch, économiste au Policy Center For The New South (PCNS), parle de « levier de développement socio-économique pour le Maroc » dans une analyse publiée par le think tank marocain. L'expert conforte son argument par des chiffres. Les transferts de fonds des Marocains du Monde, dit-il, ont fait preuve d'une forte résilience, en réalisant une surprenante hausse de 5%, en 2020, pour s'établir à 68 milliards de dirhams, contre 64,7 milliards de dirhams, en 2019. Ce qui était à contre-courant de toutes les prévisions, lesquelles tablaient sur une baisse comprise entre 20% et 30%, faisant preuve d'un caractère fortement contra-cyclique dans un contexte économique mondial particulièrement délicat. Cette tendance haussière devrait continuer comme le fait remarquer Bank Al-Maghrib. Elle rapporte que les transferts d'argent des MRE resteraient soutenus avec un taux de 7,6% à 73,3 milliards en 2021 et de 2,8% à 75,4 milliards en 2022. De son côté, l'Office des changes, dans ses indicateurs mensuels des échanges extérieurs, révèle aussi que les transferts de fonds effectués par les MRE se sont élevés à plus de 36,34 milliards de DH au titre des cinq premiers mois de 2021, contre 24,19 milliards de DH sur la même période un an auparavant. Ces transferts sont en progression de 50,2%. Ces différentes indications sont des signaux annonciateurs de bonne nouvelle pour la relance post Covid-19. Pour accompagner cette dynamique en vue, il faudra créer les conditions idoines à l'échelle régionale pour que ces transferts se transforment en des investissements créateurs d'emplois et de revenus. Dans cette optique, le CRI de Béni Mellal-Khénifra accompagnera les MRE dans leurs projets d'investissement à la fois dans le volet relatif au financement dans le cadre du programme Intelaka que dans l'accès aux mesures incitatives offertes dans le cadre du fonds MDM Invest ou du fonds régional d'appui à l'investissement ainsi qu'à la création de l'emploi au niveau de la plateforme industrielle intégrée « Agropôle Béni Mellal ». Facilitateurs de commerce A une autre échelle, Mahmoud Arbouch, toujours dans son analyse, soutient que les Marocains du Monde peuvent être d'importants facilitateurs de commerce avec le royaume. « Parce qu'ils connaissent bien leur pays d'origine, et grâce à leurs contacts, les Marocains du Monde peuvent être d'importants facilitateurs du commerce avec le Maroc, tant du côté des importations que des exportations », fait-il remarquer. Pour notre interlocuteur, une diaspora généralement importante est significativement associée à une plus grande intensité du commerce bilatéral entre les pays d'origine et de destination. En plus, l'effet de la diaspora sur le commerce peut être beaucoup plus prononcé pour le commerce des produits hétérogènes ou différenciés, que pour les produits homogènes tels que les produits de base. Sachant que les exportations du Maroc sont de plus en plus hétérogènes, on ne peut qu'être d'accord avec l'expert du PCNS quand il dit que « la diaspora peut jouer un rôle déterminant de facilitation de commerce pour ce type de produits car elle est bien placée pour combler les asymétries d'information dans des secteurs spécifiques ». Toujours est-il que les Marocains du Monde ont un rôle central dans la dynamique de la relance en maintenant le cap de la dynamique des transferts toujours plus soutenus.