Suite aux dénonciations du comité de soutien de Soulaimane Raissouni et des déclarations du Département d'Etat américain sur la condamnation de ce dernier, le Parquet s'est défendu de toute instrumentalisation de la procédure judiciaire. Voilà une affaire dont tout le monde aurait aimé se passer. D'abord les protagonistes eux-mêmes, en la personne du journaliste Soulaimane Raissouni (S.R.) et sa présumée victime, mais surtout le Maroc dont l'image de marque à l'international se retrouve écornée en cette période trouble et tendue marquée par la multiplication des frictions diplomatiques. Une affaire qui a débuté en mai 2020 et qui a débouché sur la condamnation à 5 ans de réclusion de Raissouni et un dédommagement de 100.000 Dh en faveur du plaignant. Le procès a défrayé la chronique pendant 8 mois, marqué par une grève de la faim du jugé qui dure depuis 90 jours. Les avocats et soutiens de S.R. dénoncent depuis le début de la procédure judiciaire une persécution liée à ses opinions et écrits dans la presse. Pour eux, Raissouni aurait été poursuivi sans être inculpé et son droit à la présomption d'innocence aurait été bafoué, alors que ses demandes et plaidoyers auraient été rejetés. L'absence de S.R. comme de sa défense de la dernière trame de son procès sont également signalés comme des entorses à la procédure, selon les soutiens de l'ex-rédacteur en chef d'Akhbar Al Yaoum, qui a depuis mis la clé sous la porte. Un argumentaire de l'instance de soutien à Raissouni, balayé par le Procureur général du Roi près la Cour d'appel de Casablanca. « Le prévenu est poursuivi pour des délits liés au droit commun qui n'ont aucun lien avec son travail de journaliste, et dont il a été informé et y a répondu en présence de sa défense depuis sa première comparution devant le juge d'instruction le 25 mai 2020 », avant d'ajouter que « la décision de la mise en détention provisoire du mis en cause a été prise par le juge d'instruction conformément à la loi, et que sa défense avait, lors de la phase d'instruction préparatoire, préalablement exercé son droit de recours devant la Chambre correctionnelle à trois reprises ». Concernant l'absence de S.R. des audiences, le parquet a précisé que « le mis en cause a campé sur sa position en refusant de comparaître devant le tribunal qui a décidé, en conséquence, de poursuivre l'examen de l'affaire en son absence, tout en chargeant le greffier d'aller en prison après chaque séance pour l'informer des faits ». Une procédure qui s'est prolongée jusqu'au verdict prononcé le 10 juillet dernier. Au niveau international, ce verdict a été commenté par le Département d'Etat américain qui s'est déclaré « déçu » par la décision de la justice marocaine. « Nous pensons que le processus judiciaire qui a conduit à ce verdict contredit la promesse fondamentale du système marocain de procès équitables pour les personnes poursuivies par la justice, et est incompatible avec la promesse de la Constitution de 2011 et le programme de réformes de Sa Majesté le Roi Mohammed VI », a déclaré Ned Price, porte-parole du Département d'Etat américain, lors d'un point de presse.