Après la fin de sa première année, le Fonds de l'eau du Sebou vient de lancer le 7 juillet une deuxième phase de financement d'initiatives de la société civile. Parmi les projets portés par le bureau marocain de l'organisation mondiale pour la Nature WWF, le Fonds de l'Eau du Sebou se distingue par une approche ambitieuse et surtout, tombe à pic. Alors que le château d'eau du Maroc –le Moyen Atlas- qui est pourtant connu pour la richesse de ses ressources hydriques, voit se tarir bon nombre de ses sources et s'assécher plusieurs de ses lacs emblématiques, l'impact de la surexploitation et du changement climatique semble irrémédiablement s'y installer, menaçant ainsi de sévir plus fort si rien n'est fait pour renverser la tendance. Les experts de tous bords estiment que le spectre de la pénurie hydrique peut encore être exorcisé à condition de mettre fin aux cercles vicieux de la surexploitation pour privilégier les bonnes pratiques de gestion durable des ressources en eau. C'est dans cette perspective que le Fonds de l'eau du Sebou a été créée et officiellement lancé en novembre 2019, et qu'il a franchi ce 7 juillet 2021, une nouvelle étape vers la réalisation de ses objectifs. Une première phase réussie Conçu comme un mécanisme de financement durable, basé sur le paiement pour les services écosystémiques, qui permet la conservation des ressources hydriques, la restauration de la biodiversité et la préservation des activités socio-économiques et culturelles qui en dépendent,le Fonds de l'Eau du Sebou a commencé sa vie en subventionnant les initiatives de 5 organisations de la société civile locale. Menées tout au long de l'année 2020, les 5 success-stories, qui sont à différents degrés de réalisation, ont cependant mis en évidence des retombées positives sur les ressources hydriques et les populations locales concernées. Après cette première phase réussie, 10 nouvelles initiatives ont été sélectionnées par le Comité du Fonds de l'Eau du Sebou, parmi 22 propositions soumises lors de ce deuxième appel à projets. Présidée par le gouverneur d'Ifrane, la cérémonie qui a formalisé ce nouvel engagement s'est déroulée le 7 juillet au siège de la Province, en présence des membres du Comité du Fonds de l'Eau du Sebou et des représentants des associations dont les projets ont été retenus. Réengagement du comité du Fonds « Cette phase de subvention bénéficie du soutien financier de la Fondation MAVA, du WWF et du Centre de Coopération pour la Méditerranée de l'UICN » précise Mme Yousra Madani, directrice du WWF Maroc ajoutant que « les 10 projets retenus pour cette deuxième phase de subvention s'articuleront autour d'axes prioritaires bien définis, à savoir : l'utilisation durable des eaux et sols, la promotion des bonnes pratiques agricoles durables, la conservation et restauration des cours d'eau et des zones humides, la protection et gestion durable de la Biodiversité et l'éducation à à l'environnement et valorisation du patrimoine naturel et culturel ». À cette occasion, le Comité du Fonds de l'Eau du Sebou a « réitéré l'engagement de ses membres » à travers la signature d'une convention de partenariat entre la Province d'Ifrane, l'Agence du Bassin Hydraulique du Sebou, la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte contre la Désertification du Moyen Atlas, la Direction Provinciale de l'Agriculture à Ifrane, la Délégation du Tourisme d'Ifrane et le WWF Maroc. Un modèle au niveau continental « Grâce au Fonds de l'Eau du Sebou, les organismes de la société civile locale peuvent mettre en oeuvre des projets pilotes basés sur les meilleures pratiques de gestion durable de l'eau et du sol en intégrant des solutions fondées sur la Nature. L'idée est de multiplier ce genre de projets puis de répliquer les expériences dans les autres régions du bassin du Sebou » souligne pour sa part, Oussama Belloulid, chef du projet Eaux Douces au WWF Maroc. Premier Fonds de l'eau dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, Le Fonds de l'Eau du Sebou « est unique en son genre puisqu'il s'adapte aux spécificités du contexte national et rassemble plusieurs axes complémentaires » précise notre interlocuteur qui confie que « plusieurs nouveaux Fonds de l'Eau nouvellement créés dans le continent africain s'inspirent du modèle marocain pour essayer de répliquer la même démarche ». Avec l'augmentation des nombres de bénéficiaires et l'élargissement de ses zones d'action, le Fonds de l'eau du Sebou est manifestement en bonne voie pour contribuer à rendre vertueux, les cercles vicieux. Un modèle à suivre.
Souhail AMRABI Le bassin du Sebou en chiffres S'étendant sur une superficie de 40 000 km2, le bassin du Sebou englobe 4 régions et 17 provinces et préfectures. Ses apports en eau s'élèvent à plus de 5.6 Milliards de m3/an et il fournit 30% des ressources en eaux de surface et 20% des ressources en eaux souterraines du pays. Les eaux du Sebou et de ses affluents sont essentielles à la vie et aux activités de plus de 6,2 millions de Marocains. La zone abrite par ailleurs une forte économie agricole et industrielle qui contribue de façon importante à l'économie nationale.
Les Fonds de l'eau dans le monde Le premier Fonds de l'eau a été lancé en 2000 à Quito en Equateur pour fournir un approvisionnement en eau propre à près de 2 millions de personnes et assurer un financement pour les domaines critiques en relation avec les ressources hydriques de la ville. Il existe actuellement une trentaine de Fonds de l'eau opérationnels dans le monde et autant en cours de réalisation principalement sur le continent américain. En Afrique, en plus du Fonds de l'Eau du Sebou, il existe deux autres Fonds similaires : au Kenya et en Afrique du Sud.
3 questions à Oussama Belloulid, chef de projet au WWF Maroc « Nous serons présents aux côtés des bénéficiaires pour garantir les meilleures chances de succès » Spécialisé en gestion des ressources hydrique, Oussama Belloulid, chef de projet Eaux Douces au WWF Maroc répond à nos questions sur la deuxième phase du Fonds de l'Eau du Sebou.
- Quels sont les critères de sélection des projets retenus par le Comité du Fonds de l'eau du Sebou ? - Les projets ont été sélectionnés par le Comité du Fonds de l'eau du Sebou après l'étude des propositions reçues suite à la publication du deuxième appel à projets. Les critères de sélection ont été déterminés sur la base des axes prioritaires prédéfinis, mais également sur la base de l'intérêt et de l'apport que peut constituer chaque projet. L'idée a été de choisir les initiatives les plus porteuses en termes de bonnes pratiques et de retombées positives potentielles sur les ressources hydriques et les populations locales. - La collaboration avec les diverses institutions marocaines a-t-elle été satisfaisante dans ce projet ? - Le bon fonctionnement du Fonds de l'Eau du Sebou dépend de la participation et contribution active de chacune des parties prenantes institutionnelles représentées dans le Comité du projet. Je peux vous assurer que la collaboration se fait actuellement dans les meilleures conditions. - Quelles sont les prochaines étapes prévues dans le cadre du Fonds de l'eau du Sebou ? - À l'instar de ce qui a été fait durant la première phase, le Comité du Fonds de l'eau du Sebou va maintenant accompagner chaque projet pour permettre une implémentation optimale. Après une première phase qui permettra de bien détailler chaque initiative, les mises en oeuvre sur le terrain vont débuter. À chaque étape, nous serons présents aux côtés des bénéficiaires pour garantir les meilleures chances de succès. Ces projets de la société civile locale sont des solutions qui consacrent les meilleures pratiques, mais sont également des modèles qui se veulent comme des exemples à suivre, ce qui illustre bien l'importance du travail de terrain qui se profile pour les mois à venir.