Acquérir une industrie d'armement représente un levier de croissance considérable pour le secteur industriel marocain. Nombre de pays émergents, comme le Brésil ou l'Afrique du Sud, ont tenté ce pari très tôt pour gagner en autonomie en matière de Défense, mais également pour en faire une locomotive à même de moderniser et tirer vers les secteurs les plus pointus leurs tissus industriels respectifs. Dans le cas du Maroc, la future industrie militaire bénéficie déjà d'un soutien financier considérable de l'Arabie Saoudite qui prévoit d'injecter 22 milliards de dollars pour accompagner la mise en place d'une industrie de la Défense 100% marocaine. Cette future plateforme devrait également bénéficier d'un soutien technique des USA et d'Israël. Les centres de maintenance et de R&D des Forces Armées Royales, dont certains fonctionnent déjà en partenariat avec des groupes comme l'américain General Dynamics, devraient servir de fondation pour le futur écosystème. Ce dernier profitera de la présence au Royaume d'opérateurs tels Airbus, Thales, Safran, Scania et Renault Trucks qui disposent tous de filiales dédiées à la Défense facilement déployables au Maroc. Parallèlement, la récente décision de Paris de réduire ses effectifs engagés dans l'opération Barkhane représente une occasion en or pour la future industrie militaire marocaine. Le retrait de l'armée française devrait donc déboucher sur une course à l'équipement chez les armées sahéliennes, dont une grande partie des officiers supérieurs ont suivi leur formation au Maroc. Reste à savoir tout de même si cette future industrie sera opérationnelle à temps, du moins pour les munitions et véhicules militaires, sachant qu'un réel écosystème de la Défense reste un savant mélange entre militaires et civils, avec une forte composante de communication, d'événementiel et d'intelligence économique dans un secteur hautement concurrentiel où les frontières restent floues entre intérêts privés et étatiques.