La ministre espagnole des Affaires étrangères s'est montrée confiante quant à un retour à la normale des relations avec le Maroc, refusant toutefois d'admettre toute responsabilité dans le déclenchement de la crise. Parallèlement, Podemos a de nouveau débordé le gouvernement Sanchez en organisant à Madrid une manifestation de soutien au Polisario. Dans une interview accordée au quotidien barcelonais La Vanguardia, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, est revenue sur la crise qui secoue les relations entre Rabat et Madrid depuis un mois. « Nous sommes entrés depuis un mois dans une situation de crise que nous ne désirions absolument pas et de laquelle nous souhaitons sortir le plus rapidement possible », a précisé Gonzalez Laya face au journaliste du quotidien catalan, avant d'ajouter que « nous allons oeuvrer à mettre en place un espace de confiance qui servira de base à la reprise des relations. Ce qui exige une grande prudence de ma part ». Concernant sa décision d'autoriser l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne, la cheffe de la diplomatie s'est montrée inflexible et a refusé d'évoquer une erreur. Parallèlement, sur la question du Sahara marocain, Gonzalez Laya a déclaré que son gouvernement était « disposé à considérer toute solution que le Maroc mettrait sur la table ». Questionnée sur le possible déploiement de l'agence Frontex dans les villes occupées de Sebta et Mellilia, Gonzalez Laya a botté en touche. « L'une des questions que nous sommes en train d'évaluer est de savoir s'il faut incorporer, même de manière partielle, l'agence Frontex dans la surveillance des frontières extérieures de l'UE à Sebta et Mellilia. Rien ne se fera, par ailleurs, sans l'accord des autorités des deux villes ». Interrogée par rapport à la discrétion de Washington sur la brouille entre Rabat et Madrid, la ministre a nié tout affaiblissement des relations entre son gouvernement et l'Administration Biden, qu'elle décrit comme « solide ». Pour cette dernière, le mutisme des Etats-Unis s'expliquerait par l'intérêt porté par l'Administration américaine aux évolutions géopolitiques dans l'Océan pacifique et notamment dans sa guerre commerciale avec la Chine. Sur un tout autre registre, la capitale espagnole Madrid a enregistré, samedi 19 juin, une manifestation pro-Polisario. Organisée par Unidas-Podemos, une formation membre du gouvernement Sanchez, cette manifestation qui a mobilisé quelque 3.000 personnes, selon l'agence EFE , a vu la participation de nombreux parlementaires et eurodéputés du parti d'extrême gauche, notamment Miguel Urban, Anton Gomez Reino, Idoia Villanueva ou encore Manu Pineda. Là où aucun des ministres de la formation n'a fait le déplacement. Ce rassemblement représente, selon les observateurs, un coup de pression au gouvernement Sanchez qui, en plus de la crise avec Rabat, fait face à une pression interne sur les questions catalane et basque. Unidas- Podemos compte ainsi décrocher une « position plus ferme visà- vis de Rabat sur le Sahara », en témoignent les appels faits par les représentants de la formation, lors de la concentration, sur « la responsabilité historique de l'Espagne au Sahara » ou encore « l'organisation d'un référendum d'autodétermination », voire « la reconnaissance de la RASD ». Un double discours de ce parti membre de la coalition gouvernementale qui, rappelons-le, a largement participé à la dégradation des relations entre le Maroc et l'Espagne, notamment suite à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara par l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump, en novembre dernier.