Anas El Filali, PDG de LOREM C'est une première nationale. Les premières séries de dessins animés en Darija et en 3D, 100% marocaines, seront produites d'ici 2022. Détails - Votre studio d'animation a été sélectionné pour produire des films d'animation 3D. C'est une première nationale. Une fierté et une responsabilité ? - Tout à fait, puisque le scénario de notre dessin animé familial a été orienté de telle manière à ce qu'on donne espoir aux jeunes, aux enfants et à leurs familles dans leur pays. Derrière le scénario, nous essayons de véhiculer un ensemble de messages très importants. On fait rêver l'enfant marocain. On asseoit les valeurs du pays, notamment la solidarité et la famille, mais on donne aux enfants de nouveaux éléments pour développer le pays de demain. Notre dessin animé familial s'adresse à une large cible, allant de 5 à 77 ans. La série compte 20 épisodes de 4 minutes chacun. Elle devrait être disponible en 2022, et on, l'espère, avant le prochain Ramadan. Quant à son histoire, « elle parle globalement du Maroc dans un monde futuriste, et du Maroc d'aujourd'hui qui vont se rencontrer. - Comment vous vous y préparez ? - Aujourd'hui, nous sommes à l'étape de pré-production qui consiste à préparer tous les éléments de décors et des personnages, avant de démarrer la production. C'est un travail volumineux en temps. Le premier épisode de notre film 3D sera prêt en septembre. On aura besoin d'environ huit autres mois pour terminer toute la saison. - Le budget proposé par la chaîne 2M, de 2 millions de DH, est-il timide ? - Certes, ce budget ne permettra pas à notre studio de couvrir toutes ses charges, mais nous comprenons que 2M a un budget maximum qu'elle ne peut pas dépasser. On a donc dû faire baisser le nôtre, qui était quasiment le double. Pour ce faire, nous avons fait en sorte d'utiliser moins d'éléments et de personnages, et nous avons construit un monde futuriste, grâce à la 3D. Notre boîte va toutefois supporter une partie du coût de production, mais notre objectif est de faire émerger cette industrie 3D au Maroc, et de roder notre machine à de grandes productions, dans l'espoir d'avoir un marché national plus important dans le futur. - Jusqu'à présent, les films d'animation étaient majoritairement importés. Le Maroc pourra-t-il un jour devenir exportateur dans ce domaine ? - Effectivement, ce genre de programme pourrait être exporté plus facilement que la fiction classique. Nous avons les compétences pour faire notre propre production, au lieu de la modélisation pour les étrangers. Notre objectif c'est d'exporter les réalisations locales à l'international à terme. Ainsi, si cette série plaît aux Marocains, et que des étrangers veulent l'avoir, on va la traduire dans leurs langues. C'est bien une série marocaine, mais qui s'adapte très bien à tous les éléments culturels internationaux. A vrai dire, notre challenge au Maroc est l'humain. Il n'y a pas assez de compétences locales ou d'écoles de formation spécialisées en animation. Par voie de conséquence, ils changent de métier ou restent généralistes. - Depuis le déclenchement de la pandémie, les tournages ont été interdits. Qu'est-ce qui vous a permis de maintenir le cap ? - Ce qui nous a permis de maintenir le cap, notamment au niveau de revenus, et de ne pas perdre trop d'argent, ce sont les contrats signés avec des Européens qui achètent nos services en matière de films d'animation.
Recueillis par Safaa KSAANI Portrait Pionnier de l'animation 3D au Maroc
Spécialisé dans le film corporate et le film d'animation 3D, Anas El Filali a pu associer l'image aux connaissances du monde institutionnel cumulé. Il compte à son actif 10 ans en production de contenu, 8 ans en production et réalisation de films d'animation et cinq ans en réalisation de films corporate. "Depuis 2005, le digital a révolutionné la communication. J'ai eu la chance d'accompagner l'évolution du Maroc à ce propos. Depuis 2008 et croyant fortement dans le concept du « learning by doing », le meilleur diplôme est mes 13 ans d'expérience sur le terrain de la communication institutionnelle mais aussi auprès d'ONG, de personnalités du monde de la politique et des affaires au Maroc". En 2012, il a créé Lorem Group. Un groupe spécialisé dans la communication avec un versant digital, qui était au début une startup spécialisée dans le consulting et le développement digital. Vu l'évolution du contenu digital, il a entrepris en 2015 une formation en réalisation vidéos qui s'est soldée par la production de vidéos importantes pour la nation (dont les Films AMDIE et le film Technique officiel de la candidature #Morocco2026 diffusé devant le congrès de la FIFA -13 Juin 2018). Anas El Filali a un parcours atypique et non linéaire. Après un Doctorat en médecine de l'Université Hassan 2 de Casablanca, obtenu en 2006, il a eu un Master en gestion d'entreprise. En 2011, il obtient un diplôme interuniversitaire de Paris V Descartes. S.K.