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Résolution du Parlement européen: Les pays Arabes font front commun autour du Maroc
Publié dans L'opinion le 13 - 06 - 2021

Directement après le vote de la très contestée Résolution du Parlement européen, plusieurs pays arabes, ont soutenu la position marocaine, en dénonçant l'attitude hautaine de certains membre de l'Union et en regrettant la «politisation» de la question de l'immigration. Détails.
Quelques jours avant le vote de la Résolution du Parlement européen, on aurait cru que le Maroc faisait cavalier seul dans son duel avec l'Espagne au moment où la communauté internationale regardait bouche bée les échanges entre Rabat et Madrid sur fond de discorde sur l'affaire Brahim Ghali et la crise migratoire de Sebta. L'entrée en scène du Parlement de Strasbourg a fini par changer la donne, en suscitant une vague de solidarité avec le Royaume et notamment celle de sa famille arabe.
Quelques heures après le vote de la Résolution rejetant « l'utilisation des mineurs par le Maroc » durant la crise migratoire de Sebta, les communiqués des parlements des pays arabes fusaient pour soutenir le Royaume contre l'Espagne, qui s'est prévalu de son appartenance au bloc européen pour mobiliser les 27 Etats membres de l'UE à ses côtés contre un pays « partenaire ». Tous les pays arabes ayant soutenu le Maroc sont unanimement d'accord pour dénoncer la tentative espagnole de se cacher derrière le parapluie européen dans son face-à-face avec Rabat. Une tentative décriée également par le ministère des Affaires étrangères, qui a dénoncé à son tour l'instrumentalisation du Parlement européen dans la crise maroco-espagnole, qui s'inscrit, selon le communiqué du département de Nasser Bourita, dans une « logique de surenchère politique à courte vue ».
Le soutien s'élargit
Le Parlement arabe, basé au Caire, a été l'un des premiers à agir, avant même le vote de la Résolution, en affichant, dans un communiqué publié le 10 juin, sa pleine solidarité avec le Maroc « contre tout ce qui l'offense ou représente une ingérence dans ses affaires intérieures, et son soutien à toutes les mesures qu'il prend à cet égard ». Il s'agit d'un soutien contre les tentatives espagnoles d'impliquer les institutions européennes, en particulier le Parlement de Strasbourg. Le Parlement arabe l'a mis en garde contre toute ingérence risquant d'aggraver une crise bilatérale qui pourrait se résoudre par les canaux diplomatiques. Il a également annoncé la tenue d'une réunion d'urgence le 26 juin pour discuter du texte de la Résolution qui contient des « accusations infondées » sur la politique migratoire du Maroc. Aussi, l'instance législative arabe a-t-elle dénoncé l'intrusion injustifiée des eurodéputés dans la crise entre Rabat et Madrid. Une crise, faut-il le rappeler, dont la responsabilité incombe au gouvernement espagnol qui a accueilli le chef du Polisario Brahim Ghali sur son territoire muni d'un faux passeport algérien pour le faire entrer à l'abri du regard de la Justice espagnole. Ce qui a provoqué la colère de Rabat qui n'a pas tardé à rappeler son ambassadrice Karima Benyaïch. La Ligue arabe a également rejoint le camp du soutien, la principale organisation panarabe a exprimé son soutien au Royaume, en s'en prenant sévèrement à « la tentative de politisation indésirable de la question migratoire ».
La Ligue, présidée par l'Egyptien Ahmed Aboul Gheit, a appelé les Européens à coopérer pratiquement avec les pays d'accueil, tout en reconnaissant le rôle « responsable » que joue le Royaume en matière de migration. En effet, les chiffres annoncés par la diplomatie marocaine sont parlants : 14.000 tentatives de migration irrégulière avortées, 5000 réseaux de trafics et 80.500 migrants sauvés au large de la Méditerranée depuis 2017.
La Ligue arabe est allée jusqu'à dénoncer « l'obstination » du Parlement européen d'aller de l'avant dans ses « positions provocatrices » sur des questions arabes, appelant à une sérieuse « action arabe ». La nature de l'action n'a pourtant pas été précisée. On en saurait davantage après la réunion d'urgence du 26 juin.
Par ailleurs, le soutien au Maroc s'est amplifié jusqu'au Golfe, le Conseil de Coopération des Etats arabes du Golfe, représentatif de tous les pays de la région, a réitéré sa solidarité avec le Maroc, tout en critiquant la Résolution du Parlement européen, qui « fait fi des efforts du Maroc dans la lutte contre l'immigration clandestine ». Le Parlement du Bahreïn a choisi de s'exprimer par la voix des deux Chambres de son Parlement, à savoir la Chambre des Représentants et le Conseil de la Choura. Toutes les deux ont dénoncé l'initiative du Parlement européen, jugée «inappropriée, contraire à la réalité et à la vérité, et réfutée par toutes les mesures prises par les autorités marocaines».
Les parlementaires yéménites n'ont pas manqué à leur tour de soutenir le Royaume, en qualifiant l'initiative européenne d'»ingérence flagrante dans les affaires intérieures marocaines». Pour sa part, le Conseil de Coopération islamique a fait de même, apportant toute sa solidarité au Maroc.
Bien que ce soutien arabe soit symbolique, il demeure important sur le plan politique du moment que le soutien international n'en reste pas moins indispensable pour affermir la position du Maroc dans son différend avec les Espagnols. Ce soutien n'est pas nouveau, nous indique Mohammed Maelaïnin, diplomate et ancien ambassadeur, qui considère que le soutien des pays arabes et africains au Maroc face au voisin ibérique s'inscrit dans leur soutien historique à la marocanité de Sebta et Mellilia. « Plusieurs Résolutions de la Ligue arabe et plusieurs Résolutions de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) témoignent de l'appui du Maroc pour la récupération de ces deux présides. Les archives de ces deux organisations en témoignent », a-t-il expliqué.
Le Maroc garde le soutien en Europe
Quoique l'Espagne, par l'intermédiaire de ses députés, ait pu obtenir une Résolution hostile au Maroc, celle-ci ne fait pas l'unanimité en Europe. Plus de 250 eurodéputés s'y sont soit opposés, soit abstenus. Des personnalités comme les Français Brice Hortefeux et Nicolas Bay ont fustigé une « erreur », qui manque de sagesse. À leur point de vue, le Parlement européen n'a fait que s'immiscer dans un différend maroco-espagnol. Pour sa part, Nicolas Bay considère que l'Espagne est en partie responsable de ce qui s'est passé à Sebta, en abritant le chef d'une « organisation terroriste ».
Même son de cloche pour Dominique Riquet, membre du Renew Groupe, pour qui le texte voté par ses collègues n'est pas de nature à apaiser la tension entre Rabat et Madrid, au moment où tout le monde cherche l'apaisement.
En gros, l'initiative européenne ne saurait être plus qu'une solidarité symbolique envers l'Espagne, estime Lahcen Haddad, ancien ministre et député de l'Istiqlal à la Chambre des Représentants. Selon lui, les eurodéputés espagnols ont échoué à obtenir une condamnation du Maroc, vu que le texte se contente de « rejeter » la supposée exploitation des mineurs pour des fins politiques. Le député istiqlalien estime que la coopération entre le Royaume et l'Union Européenne n'est pas remise en cause, du moment que la Résolution a souligné l'importance du partenariat avec le Maroc, qu'elle considère toujours comme « un partenaire privilégié ».
La Commission Européenne loue les efforts du Maroc en matière de migration
En dépit de la Résolution du Parlement européen, les autres institutions de l'UE et notamment la Commission Européenne semblent vouloir préserver la coopération avec le Maroc, loin de la spéculation et la surenchère politique. La commissaire européenne à l'Egalité Helena Dalli a salué la décision du Maroc de rapatrier les mineurs isolés dans les pays européens. « L'UE bénéficie d'un long partenariat stratégique avec le Maroc, l'un de nos voisins avec lequel nous avons une relation stratégique dans beaucoup de domaines. Cela fait plusieurs années que l'UE et le Maroc coopèrent parfaitement, ce qui nous a permis d'atteindre des résultats positifs, surtout ces dernières années », a-t-elle déclaré. La responsable européenne considère qu'il est essentiel de renforcer la coopération avec le Royaume afin d'essayer de trouver des solutions communes aux enjeux socio-économiques.


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