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Pour la paix et le développement au Sahara marocain : Le danger des mirages
Publié dans L'opinion le 06 - 05 - 2021

Sous des appellations variées, la question interpelle depuis des décennies. Dans la terminologie issue du droit de la décolonisation, il s'agit du Sahara Occidental. Dans la terminologie du droit national marocain, des Provinces du Sud. Dans la terminologie de l'anthropologie historique, du Sahara marocain.
Cette analyse porte mon livre Le Sahara marocain (2019. La Croisée des Chemins). Celui-ci est le fruit de deux sources convergentes, l'observation, au cours de plusieurs voyages, de faits économiques, sociaux et religieux, et l'étude des livres et documents qui témoignent de l'existence de liens venant des premiers temps de l'Islam. Ces faits sont têtus comme il est dit souvent, ils sont bien plus obstinés que ne peuvent l'être leurs négations. Aussi, quand ils dérangent, les hommes sont ainsi faits qu'ils ont tendance à leur substituer les mirages qui leur conviennent. Ce phénomène optique est bien connu des habitants des déserts comme n'étant qu'une illusion trompeuse. Dès lors, comme ils savent le faire pour maquiller un animal fatigué en un fringant coursier, les maquignons interviennent. Dans l'histoire, l'art du droit s'est prêté assez souvent au maquignonnage pour qualifier des apparences, après falsification des faits. C'est pourquoi il ne peut y avoir d'Etat moderne que « démocratique » comme l'indique l'appellation République arabe sahraouie démocratique - RASD-. Le mirage se matérialise alors en un mot. Mais, que ce mot en devienne l'enveloppe juridique ne lui donne pas pour autant une réalité. Toutefois, la force de toute tricherie est faible et très limitée, lorsque la contradiction avec les faits est trop grande. Ses échos s'arrêtent aux seules oreilles qui y trouvent quelque intérêt. Elle ne trompe pas plus loin. Aussi, le Sahara de l'Ouest est aujourd'hui reconnu marocain par le plus grand nombre des Etats du monde actuel. L'illusion n'a vécu que le temps où le Monde était partagé. A l'Est, le communisme, fort de ses abstractions, prétendait en faire un modèle universel. A l'Ouest, des systèmes pluralistes fondés sur le libéralisme économique et une autre idée de la démocratie. Trente ans après la chute de l'URSS et la fin du conflit politique et militaire Est-Ouest, les facteurs de la sécurité et de l'insécurité dans le monde ne sont plus les mêmes, tout particulièrement dans les pays du Sahel. Il n'est pas besoin d'y revenir, il s'agit de conflits exogènes, expatriés dans des zones extrêmement vulnérables. Comme ceux-ci ne parviennent pas à se développer dans les zones sahariennes sous souveraineté marocaine, ils voient une opportunité dans la contestation de cette dernière.
«L'Algérie a engendré, et non pas simplement créé, le Polisario et la RASD»
On ne peut poursuivre sur le sujet sans évoquer l'Algérie. Bien qu'elle refuse de s'affirmer comme telle, elle est entièrement partie prenante. Cette réalité indiscutable ne trompe personne. Les faits, là encore, s'imposent. L'Algérie a engendré, et non pas simplement créé, le polisario et la RASD. Tous trois ont la même nature. Cette tromperie date de l'acte de décolonisation par l'Espagne, il y a plus de 45 ans. Elle permet à l'Algérie de se présenter devant la communauté internationale comme un Etat neutre, ne considérant que les intérêts démocratiques de la population et les droits de l'Homme. L'audace est téméraire quand on sait ce qu'il en est dans ce pays. Elle relève de l'arrogance. Je me dois de revenir une nouvelle fois sur la disparition du dirigeant du polisario Ahmed El Khalil en 2009 à Alger, étant, en effet, l'avocat de ses frères et de certains de ses fils. Il avait formulé des critiques sur certaines pratiques du pouvoir. Il n'a pas été jugé, mais détenu dans un secret absolu. Est-il vivant ? Est-il mort ? Nous n'en savons rien. Aucune des démarches entreprises auprès de la justice et des pouvoirs publics algériens n'a reçu la moindre réponse. Il en a été de même de la part de la Croix Rouge, en raison de la neutralité qu'elle souhaite observer dans ses rapports avec les Etats. La diplomatie du régime est encore une fois fondée sur un mirage. Qualifiant le polisario et la RASD de représentants exclusifs des populations du Sahara, elle déclare ne leur apporter que son soutien politique alors qu'ils ne sont que son prolongement. Cette illusion lui permet de combattre systématiquement les efforts internationaux qui tendent à une reconnaissance définitive du statut d'autonomie avancée du Sahara sous souveraineté du Maroc. Pour ce faire, elle invoque des droits construits à cet effet, autodétermination, droits de l'Homme... etc. Aujourd'hui, l'opinion internationale n'est plus abusée. Un pays qui place massivement en détention ceux de ses ressortissants qui en appellent à la démocratie et aux droits de l'Homme a-t- il la légitimité de parler au nom de habitants de Laayoune, de Smara ou encore de Dakhla ? Utilisées comme un terreau, ces fictions à partir desquelles les dirigeants algériens espèrent faire fructifier le conflit, prennent actuellement une coloration dangereuse tant il est raisonnable de craindre l'enclanchement d'un conflit militaire. On sait malheureusement de longue date que lorsque la politique est défaillante, les prémices de la guerre apparaissent. Ceux-ci se dessinent sous nos yeux : achats massifs d'armes par l'Algérie, importantes manœuvres militaires dans la zone de Tindouf officiellement octroyée au polisario, communiqués belliqueux des médias officiels, doivent retenir l'attention de la communauté internationale et des pays voisins. Si, en Novembre dernier, à Guerguerat, il a suffi que le Maroc tousse pour que la route vers la Mauritanie soit réouverte à la libre circulation, une vraie guerre de chars, d'aviation et de missiles bouleverserait la région et l'Afrique. Daesh et les colonnes infernales du crime, en embuscade au Sahara et au Nord des pays du Sahel, en tireraient alors les bénéfices. Face à un si grand danger, la sagesse impose à tous d'apprécier cette juste connaissance des faits, en consacrant dans le droit international la nature historique avérée de ce Sahara profondément marocain. Le processus, désiré par l'immense majorité des pays, notamment africains, est aujourd'hui engagé fermement : vingt-trois Consulats généraux ont été ouverts à Laayoune et Dakhla. Ajoutons-y la symbolique de la carte du Maroc intégrant le Sahara, que retiennent désormais les Etats Unis, première puissance économique et politique du Monde et modèle pour nos libertés. Tout ceci indique que le résultat est désormais tout proche. C'est ce que pense une immense majorité de Français, ce qui, sans doute, explique la décision récente du parti politique du Président Macron de créer une représentation à Dakhla.


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