Après plus d'une année de pandémie, accompagnée d'une batterie de mesures restrictives, le constat est sans appel : les Marocains sont plus las que jamais. En témoigne le bilan glaçant présenté par Noureddine Boutayeb à la première Chambre, lequel signale l'interpellation de plus d'un million et 530.000 personnes, depuis juillet dernier, pour violation de l'état d'urgence sanitaire, soit plus de 5.700 interpellations par jour. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces chiffres ne reflètent pas l'insouciance de la population, mais témoignent plutôt de son ras-le-bol des mesures de semi-confinement et couvre-feu nocturne. Car rappelons-nous que de grands efforts ont été fournis durant la première vague de la pandémie. La majorité écrasante des Marocains s'était alors montrée solidaire et large d'esprit. Ensuite, une deuxième vague était annoncée après l'Aïd El Kbir, suscitant un nouveau durcissement des mesures, mais depuis, de très nombreux concitoyens ont décidé de plonger la tête dans le sable, bien qu'ils soient conscients de la gravité de la situation épidémiologique. Un comportement qui demeure relativement compréhensible, du fait que la réussite de la phase des restrictions reste tributaire des mesures de soutien qui l'accompagnent. Il est vrai que certains violent le couvre-feu nocturne pour retrouver un semblant de vie normale, il n'en demeure pas moins qu'une grande partie de personnes prennent le risque pour gagner leur vie, ce qui met les autorités publiques entre le marteau et l'enclume. Il ne faut donc pas s'étonner de voir les restaurateurs servir des cafés le soir par l'œil de bœuf ou sous les rideaux de fer, ou encore les chiffonniers qui errent dans les rues des villes du Royaume pour trouver la « bonne affaire », car ce n'est, en fin de compte, que le résultat de la politique improvisée du gouvernement !