Après une année sinistrée par le Covid, la généralisation de la protection sociale se profile comme l'acte constitutif d'un nouvel « Etat social » au Maroc. Un défi que le parti de la Balance se déclare prêt à relever. «Investir dans le social », tel est le slogan brandi par le Parti de l'Istiqlal à la veille des prochaines élections législatives, qui décideront de l'avenir du Maroc durant les cinq prochaines années, dans une période décisive de son Histoire post-moderne. Relance post-Covid-19, nouveau modèle de développement, refonte du système de sécurité sociale...autant de défis que devra relever le prochain Exécutif qui devra se faire élire selon le nouveau code électoral. Confiant dans sa capacité d'incarner une alternance crédible et sociale, le Parti de l'Istiqlal veut tourner la page de deux quinquennats de politiques économiques, jugées ultralibérales, menées par l'actuelle majorité sous commandement du PJD. Une politique de dérégulation des marchés, fort complaisante vis-à-vis des grandes entreprises et très préjudiciable au pouvoir d'achat des classes moyennes, estime Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de Allal El Fassi, dans son allocution, lors de la huitième session du Comité central, tenue samedi, sous le thème « Intégration de la protection sociale, levier de la justice sociale ». 2021 : la santé avant tout La pandémie du Covid-19 a révélé la fragilité de la grande majorité de la société, qui fut sensible aux aléas de la crise sanitaire, en n'étant pas suffisamment protégée contre les risques socio-économiques (récession, perte d'emplois, cessation d'activité professionnelle, etc.). Vu la prépondérance de l'informel, il a fallu des efforts énormes de l'Etat pour indemniser les gens durant le confinement, sans oublier les catégories professionnelles vulnérables impactées par les mesures restrictives. Une réforme du système social a été donc irréversible. Lancé par SM le Roi, le chantier de généralisation de la couverture sociale sur l'ensemble de la population sera la priorité du prochain gouvernement qui doit consacrer les cinq prochaines années à l'exécution du projet royal, qui bénéficiera à plus de 22 millions de personnes vulnérables. D'ici 2025, ces derniers auront droit désormais à l'assurance maladie obligatoire (AMO), aux allocations familiales, à la retraite et à une assurance chômage en cas de perte d'emploi. « C'est à la prochaine équipe gouvernementale qu'incombe d'exécuter la réforme sociale lancée par SM le Roi et la concrétisation du nouveau modèle de développement », a indiqué Nizar Baraka, rappelant que le Parti de l'Istiqlal n'a eu de cesse de réclamer le renforcement de la sécurité sociale, compte tenu de ses valeurs égalitaristes. Le Parti fait de la protection sociale le centre des priorités de son programme, confie M. Baraka, ajoutant que la crise du Covid-19 a montré son rôle de stabilisateur automatique pour faire face aux fluctuations et aux incertitudes économiques. Selon le leader de l'Istiqlal, protéger les gens contre les risques sociaux, c'est leur permettre de jouir pleinement de leur citoyenneté. Prévue sur cinq ans, la mise en place d'un régime social universel se fera de 2021 à 2025, avec comme première étape la généralisation de l'AMO d'ici 2022, avant de se pencher sur la généralisation des allocations familiales, des pensions, et de l'indemnité de perte d'emploi. En parallèle, une réforme totale et exhaustive du système de santé s'impose pour déboucher sur une vraie politique de santé, qui soit en mesure de procurer des services médiaux de qualité aux citoyens. Compte tenu de l'état critique de l'hôpital public, une réforme du secteur serait indispensable si on ambitionne de généraliser la couverture sociale à tous les Marocains. Selon Nizar Baraka, une politique de développement de l'industrie de médicaments comme la réforme totale du système de santé sont des conditions sine qua non pour la réussite du projet ambitieux de la généralisation de la couverture sociale. En plus de l'infrastructure hospitalière qui a besoin d'investissement, Nizar Baraka appelle à un renforcement des ressources humaines dans le secteur de la Santé, au moment où plusieurs médecins et chirurgiens quittent le Maroc chaque année, faute de moyens et de conditions propices à leur épanouissement professionnel. Le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal préconise d'augmenter les effectifs des médecins, des infirmiers et des aides-soignants, tout en luttant contre les disparités entre les régions en matière d'accès aux services médicaux, avec un système de gouvernance régional. Par ailleurs, le leader de l'Istiqlal a mis le point sur la nécessité de rétablir la souveraineté sanitaire, d'autant que la pandémie du Covid-19 a dévoilé les carences du Maroc en la matière. « Avant, 85% des médicaments que nous consommions étaient produits au Maroc, tandis que nous sommes à 55% aujourd'hui », a-t-il regretté, plaidant pour que le nouveau régime social prenne en charge la totalité des médicaments « made in Morocco ». Elections 2021 : prélude à un Etat social Les prochaines élections seront l'occasion de former un gouvernement efficace, capable de redresser le pays après le calvaire de la pandémie et mener les réformes décisives. Selon Nizar Baraka, il s'agit également d'une occasion pour évaluer le bilan des politiques publiques menées par le gouvernement de Saâd Dine El Othmani, après cinq ans. À cet égard, le leader de l'Istiqlal a appelé l'Exécutif à ne pas se soustraire à ses responsabilités et rendre compte aux Marocains de cinq ans au pouvoir, sans se cacher derrière le discours de victimisation. « Il faut une véritable rupture avec les politiques désuètes menées jusqu'à présent qui se sont avérées inutiles », a-t-il asséné, poursuivant : « Le nouveau modèle de développement doit s'édifier sur un véritable pacte social, qui soit bénéfique à toutes les catégories sociales, sans distinction ni discrimination. Tout cela ne pourrait aboutir sans une équipe gouvernementale issue d'une majorité homogène et harmonieuse, contrairement à celle d'aujourd'hui, minée par les divisions. Avec le changement du quotient électoral, la fin du cumul des mandats et le renforcement de la participation des femmes, l'espoir d'une vraie alternance démocratique est au rendez-vous, estime M. Baraka.