Lors d'une interview accordée à l'hebdomadaire panafricain « Jeune Afrique », la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a abordé les points culminants des relations maroco-espagnoles. Encore une fois, Arancha Gonzàlez a manqué l'occasion d'éclaircir les zones d'ombre de la position espagnole à l'égard de la souveraineté et de l'intégrité du Royaume Chérifien. Au lieu de cela, la ministre a profité de son apparition sur les pages de l'hebdmodaire panafricain, dans son édition du 29 janvier, pour continuer d'empiler les déclarations qui relèvent du « politiquement correct », soutenant que « le Maroc n'est pas seulement un voisin, c'est aussi un partenaire », mettant en exergue le partenariat et le travail « en bonne intelligence dans la lutte antiterroriste » et affirmant qu'après l'Europe « c'est avec le Maroc que l'Espagne maintient les relations les plus étroites ». Enfin, interrogée sur l'évolution des statuts des villes occupées de Sebta et Melilia, Arancha Gonzàlez Laya a été catégorique, affirmant qu' « il n'y a rien à négocier : elles sont espagnoles ». Toutefois, comme à son habitude, la chef de la diplomatie espagnole n'a apporté aucune nouveauté concernant la position de son gouvernement par rapport au dossier du Sahara marocain. Alors que nombreux pays et institutions internationles adhèrent à l'initiative marocaine d'autonomie pour la région du Sahara marocain, suite à la proclamation américaine du 10 décembre, l'Espagne continue de botter en touche, de prôner la neutralité et de se cacher derrière son affiliation à une future décision du Conseil de Sécurité de l'ONU. Une position qui réveille les soupçons La postion espagnole par rapport au Sahara attise le doute quant aux réelles volontés de la diplomatie ibérique. D'ailleurs, la voisine du Nord a depuis toujours cultivé envers le Maroc une attitude équivoque basée sur une ambivalence qui frôle parfois la schizophrénie. En témoigne la lettre promue par les eurodéputés de Podemos, demandant à Joe Biden de révoquer la décision de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, alors que la diplomatie espagnole chantait les louanges d'une coopération fructueuse entre les deux pays, creusant encore plus l'ambiguïté et dévoilant les cartes de l'Espagne. Notons que lors d'une réunion des états major de deux partis de la coalition, notamment le parti leader (PSOE) et Podemos, Adriana Lastra, personne de confiance absolue de Pedro Sánchez, a déclaré : « Vous ne pouvez pas être l'opposition et le gouvernement en même temps. Il faut choisir », dans une tentative de recardrer ce qui peut être qualifié « d'écarts de conduite » des membres de Podemos dans le gouvernement. D'aucuns pourraient aller jusqu'à croire que les victoires successives de la diplomatie marocaine inquiéteraient la voisine du Nord, qui s'est longtemps servie du différend artificiel du Sahara comme levier diplomatique pour dicter ses desideratas économiques et politiques au Maroc. Le fantasme de Sebta Outre l'hostilité obsessionelle que témoignent certains membres de la coalition gouvernementale espagnole à l'égard du Maroc, le parti d'extrême droite Vox continue de soutenir son fantasme d'un mur d'enceinte autour de Sebta, en plein territoire marocain. Le porte-parole de Vox au Parlement de Sebta, Carlos Verdejo, a indiqué lors de l'Assemblée de Sebta qu'un tel mur permettrait de « défendre la ville d'une future révolution au Maroc ». Il a ajouté que «si demain il y a une révolution au Maroc, je ne vois pas comment vous et moi affronterons les masses de migrants marocains qui arriveront à Sebta ». Pas étonnant que l'idée ait pu choquer le reste des groupes politiques de l'Assemblée. Le socialiste Manuel Hernández a même accusé Vox de promouvoir le populisme. Les députés ont également rejeté une proposition du parti d'extrême droite criminalisant l'immigration irrégulière. Nabil LAAROUSSI