Les répercussions économiques de la pandémie mondiale ne semblent pas toucher le secteur automobile, en témoigne les 912 millions de DH d'investissement annoncés dans le secteur par le ministère de l'Industrie. Une enveloppe qui renforce la présence industrielle de 2 groupes japonais, Yazaki et Sumitomo, via 4 unités de production dans 4 villes L'écosystème automobile marocain continue son développement. Les deux nouveaux protocoles d'accords signés par le ministère de l'Industrie et les deux groupes nippons Yazaki et Sumitomo en sont une illustration claire. Des accords qui prévoient la création de 4 unités industrielles, pour une enveloppe globale de 912 millions de dhs, et qui devraient générer la création de 8.300 postes de travail. Yazaki et Sumitomo renforcent leurs positions Des investissements qui représentent un renforcement des capacités des groupes déjà présents au Maroc. Yazaki s'est ainsi engagé sur une extension de ses activités via la création de 3 nouvelles usines, à Tanger, Kénitra et Meknès. Ce qui devrait entraîner la création de 6.300 emplois, pour une enveloppe budgétaire de 462 millions de DH. Sumitomo s'est engagé pour sa part sur la mise en place de sa 5ème usine à Casablanca. Montant de l'opération : 450 millions de DH, pour 2.000 postes à pourvoir. Des investissements qui marquent l'importance prise par le segment de la production des faisceaux de câbles, au sein de l'écosystème automobile. Preuve en est le renforcement de capacité de Sumitomo qui vient pour satisfaire les besoins de ses clients FCA et GNH Global. L'entreprise présente depuis 2001 au Maroc via 3 filiales, Sews MFZ, SEBN et Sews Cabind, s'est depuis hissée comme l'un des plus importants pourvoyeurs d'emplois du Royaume avec quelque 25.000 postes de travail créés en 19 ans de présence. Le câblage en proue Un renforcement du segment du câblage, qui renseigne sur l'intérêt des équipementiers pour le Hub Maroc. Une plateforme dont les synergies avec les écosystèmes espagnols, turcs et portugais où sont présents les mêmes opérateurs commencent à prendre forme. Une sorte de « cercle vertueux industriel » où la plateforme marocaine reste une étape de réexpédition et de montage, des activités à faible valeur ajoutée. « Le Maroc est en passe de devenir le hub automobile le plus compétitif au monde. Nous comptons poursuivre sur cette lancée en améliorant l'intégration profonde de nos écosystèmes et en décarbonant la production industrielle », peut-on lire dans un communiqué du ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie verte et numérique. Ces nouveaux investissements « attestent de la résilience du secteur industriel marocain et de la confiance en la plateforme de production marocaine, dont la qualité, la performance et la diversité offrent d'excellentes perspectives d'avenir et de croissance aux leaders industriels mondiaux », indique la même source. La diversification et le sourcing local comme défis Tout le défi pour la tutelle, comme pour les opérateurs marocains ayant réussi à s'arrimer à cet écosystème, reste de permettre à la plateforme d'évoluer, vers des activités à forte valeur ajoutée comme l'ingénierie, le bloc moteur ou encore le design. Des segments attractifs qui favorisent la formation et la pérennisation de nouveaux paliers métiers, notamment au niveau du « middle management ». Une montée en régime qui permet aussi de prémunir cet écosystème de tous risques de relocalisation, comme ce fut le cas des bassins industriels français, américains ou allemands. Pour l'heure, l'intégration du segment moteur aux activités industrielles se fait toujours attendre, alors que PSA s'était engagé sur la question lors de l'annonce de son implantation au Maroc. La question du sourcing local reste un des axes majeurs de pérennisation de l'écosystème automobile. PSA revendique ainsi 66 fournisseurs au niveau du Royaume, dont 29 en « Greenfield », soit des investissements qui ne se limitent pas à la seule création d'emplois, mais permet également un transfert de technologie et de savoir-faire. Renault, pour sa part, passait commande auprès de 76 opérateurs locaux en 2019 et s'est engagée à tripler ce chiffre d'ici 2023. La question environnementale fait également partie des défis à relever pour un écosystème en plein développement qui souhaite intégrer en amont les impératifs écologiques. Autre piste de diversification pour l'écosystème reste la machinerie industrielle à l'image de l'investissement conjoint entre OCP et Cummins, pour la mise en place d'un Master Rebuild Center (MRC), de moteurs d'engins de mines utilisés par le Groupe phosphatier dans ses activités minières. Amine ATER 3 questions à Taoufik Moucharraf, directeur de la communication au ministère de l'Industrie « Le secteur de l'automobile et notamment le segment du câblage représente l'un des plus importants pourvoyeurs d'emplois du marché » Taoufik Moucharraf, directeur de la communication au ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie verte et numérique, a répondu à nos questions sur l'élargissement de l'écosystème automobile dans le tissu industriel marocain. - Que représentent les nouveaux investissements des groupes japonais pour l'écosystème? - Avec 3 usines pour Yazaki et 1 usine pour Sumitomo, l'on peut dire que ce sont des investissements qui permettent de diversifier l'écosystème câblage, ces nouvelles unités industrielles illustrent la relance du secteur automobile et son ancrage marocain via cette montée en régime dans la plateforme marocaine. Cette annonce renseigne par ailleurs sur le dynamisme du secteur et des équipementiers. Le secteur de l'automobile et notamment le segment du câblage représente l'un des plus importants pourvoyeurs d'emplois du marché. Il y a tout un écosystème qui y est lié et qui nécessite de la main-d'œuvre pour répondre à la demande. - Quelle valeur ajoutée sera apportée au secteur par ses nouvelles implantations ? - Assurer la création de 8.300 emplois dans un contexte post-Covid, à contre-courant de la tendance mondiale qui tend vers l'austérité, est un élément qui traduit la confiance dont jouit la plateforme marocaine, que l'on peut qualifier de totale de la part des investisseurs. La résilience du secteur automobile marocain n'est plus à démontrer, les industriels se projettent sur la plateforme Maroc. Tout cela va nous permettre de faire de cette plateforme l'une des plus compétitives au monde, tout en la renforçant via de l'intégration en profondeur de manière à intégrer de nouveaux métiers à forte valeur ajoutée comme à migrer vers une production décarbonée. - Qu'en est-il de la diversification des métiers de l'écosystème ? - Il y a un travail très sérieux mené avec des groupes comme PSA pour intégrer de nouveaux métiers. C'est un travail continu et permanent que de convaincre ce genre de groupes de mettre en place au Maroc un écosystème moteur. L'objectif est d'avoir, à terme, un centre d'ingénierie automobile performant et compétitif. L'un des principaux objectifs du ministère reste de maintenir l'effort en termes de montée en régime et en gamme de l'industrie automobile marocaine.
Recueillis par A. A. Encadré Industrie : Automobile, en pôle position sur l'emploi Il y a quelques années, évoquer un secteur automobile marocain pourvoyeur d'emploi aurait fait figure de mauvaise plaisanterie. Aujourd'hui le secteur compte quelques 180.000 salariés, qui devraient être renforcés par les près de 9.000 postes qui devraient être mis en place suite au démarrage des nouvelles unités annoncées par les japonais, Yazaki et Sumitomo. Une demande en main-d'œuvre qui détonne avec la morosité économique post-covid. Pour la tutelle, cette tendance devrait se maintenir avec une montée en gamme de la chaîne de valeur de l'écosystème via l'intégration de nouveaux métiers à l'image de la carrosserie, de l'emboutissage/ métal, des batteries ou encore du powertrain. Une diversification qui devrait se répercuter sur les embauches, il n'empêche que la tutelle comme les opérateurs doivent encore relever le défi, d'intégrer l'ingénierie notamment celle du bloc moteur, pour entamer une montée en régime des métiers et profils recherchés. Un objectif qui représente un préalable à un véritable mouvement de transfert de technologie qui par ricochet permettrait d'amortir le choc, en cas de relocalisation des acteurs présents sur d'autres marchés qu'ils jugeraient plus compétitifs. Une manne qui permettra de faire face, même en partie, à la montée vertigineuse du chômage comme répercussion de la pandémie. Repères L'espoir de la reprise Touché de plein fouet par la crise économique provoquée par la pandémie, le secteur de l'automobile a enregistré une baisse exceptionnelle de 19,7% en 2020 par rapport à 2019. Quelque 133.308 unités ont été vendues contre 165.918 par rapport à l'année d'avant. Dans ce sillage, il convient de noter que le marché des voitures neuves connaît cette régression après déjà une première baisse en 2019 avec -6,5%. Néanmoins, le mois dernier a été marqué par un petit rebond du marché auto (malgré un écart de 2,28% par rapport à 2019), donnant une lueur d'espoir aux professionnels du secteur. Tanger tire son épingle du jeu S'agissant des ventes par villes, Tanger est la moins impactée par la crise avec une chute de seulement 2%, selon le bilan du marché de l'automobile dévoilé par l'Aivam lors d'une visioconférence, soulignant qu'Agadir devient troisième pôle du Royaume. La plus forte baisse est à Marrakech avec un taux de -31%. Le poids des ventes des véhicules particuliers par ville en 2020 fait ressortir une part de 40,8% pour la métropole, suivie de Rabat-Salé (13,5%), Agadir vient ensuite avec 7,9%, puis Marrakech (6,7%) et finalement Tanger avec 4,2%.