En raison de la pandémie, la journée internationale des migrants, célébrée le 18 décembre, revêt une nouvelle dimension cette année. Comme chaque année, le monde entier célèbre, le 18 décembre, la Journée internationale des migrants en commémoration de l'adoption de la Convention internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leurs familles. L'occasion de revenir sur la situation de cette catégorie de la société, noyée dans le désarroi suite aux manques d'accompagnement et dont la situation s'est affreusement dégradée en ces temps de crise.
En 2019, le Royaume ne comptait pas moins de 98.000 personnes migrantes internationales résidant au Maroc, dont 40.000 en situation irrégulière et 5.000 réfugiés, à en croire le dernier recensement de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Ces derniers, ayant été contraints de fuir leurs pays d'origine en quête d'un avenir et de conditions de vie décentes , se retrouvent aujourd'hui dans une situation de vulnérabilité extrême suite aux mesures préventives, imposées par la pandémie. «Les mesures de confinement adoptées pour juguler la propagation de Covid-19 ont fait que de nombreux migrants, n'occupant que des emplois précaires ou informels, se sont retrouvés au chômage. Ces derniers n'ont plus aucune source de revenu pour répondre à leurs besoins de première nécessité», a indiqué Boubker Largou, président de l'Organisation Marocaine des Droits de l'Homme (OMDH). Il a ajouté que «malgré les efforts fournis par le gouvernement, les besoins essentiels des migrants n'ont pas été suffisamment couverts. Pire, actuellement, ils sont laissés à leur triste sort alors qu'au début, ils étaient au moins accueillis dans des centres d'hébergement pour se protéger contre la pandémie». C'est ainsi qu'il affirme que «les réponses politiques, économiques et sociales élaborées par le gouvernement doivent prendre en considération cette catégorie menacée plus que les autres de choper le Coronavirus et de mettre sa vie en danger».
Des défis à relever
Le Maroc a certainement fait beaucoup de progrès en la matière, spécialement avec «l'adoption de la Stratégie Nationale d'Immigration et d'Asile (SNIA), ainsi que le lancement en 2016 et 2018 des campagnes de régularisation à l'initiative de SM le Roi Mohammed VI. La SNIA a assuré l'accès à l'éducation, au logement, à la santé...Mais d'autres défis sont à relever, notamment en termes d'intégration à l'emploi ou à la justice. Cette stratégie, comptant 27 objectifs spécifiques, 11 programmes et 81 actions, a été lourdement critiquée par la société civile à cause de son caractère restreint et limité», nous a indiqué un acteur humanitaire interrogé par « L'Opinion » souhaitant garder l'anonymat.
Elle a ainsi mis la lumière sur la loi 02.03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers au Royaume, à l'émigration et l'immigration irrégulières. «Adoptée en 2003, celle-ci ne répond plus aux besoins et aux réalités actuels. D'où les complications qui se posent en matière de renouvellement des titres de séjour, étant donné que les conditions et les procédures exigées ne sont plus les mêmes».
Notre source s'est indignée face à certaines pratiques «abusives» durant cette période dont «des opérations de refoulement et de reconduite à la frontière, ou au pays d'origine, qui ont régulièrement eu lieu lors des arrestations de sans-papiers», ajoutant que «les migrants sont désormais confrontés à diverses barrières institutionnelles et administratives nécessitant un cadre juridique bien défini».
Siham MDIJI Repères Migrants : pour un meilleur accès aux soins de santé span style="font-family: Georgia, Times, "Times New Roman", serif; font-style: italic;"Lors d'un webinaire, tenu le 15 décembre, Oxfam et Handicap International ont présenté les résultats d'une étude menée par Economia, centre de recherche du groupe HEM, sur «les déterminants socioculturels d'accès à la santé pour les personnes migrantes au Maroc». Celle-ci a exposé les lacunes rencontrées par les migrants en termes d'accès à la santé, qui constitue un droit inaliénable pour tous. Oxfam a également présenté plusieurs recommandations à la fois aux acteurs publics, aux organisations internationales, à la société civile et aux partenaires au développement pour remédier à ce problème. Nouveau couloir maritime pour les migrants span style="font-family: Georgia, Times, "Times New Roman", serif; font-style: italic;"Outre la ville de Tanger qui est la destination traditionnelle des migrants souhaitant traverser la Méditerranée, les provinces du Sud deviennent également un point de départ favori des candidats à l'immigration vers les îles Canaries. Le phénomène a été observé pour la première fois en 2018, puis a augmenté en 2019, pour être multiplié par sept atteignant ainsi 18.300 personnes, dont la moitié sont des Marocains. Selon les autorités espagnoles, le nombre de Marocains est supérieur à celui des subsahariens depuis la fin de l'été.