L'opération militaire lancée par le pouvoir contre le Tigré, entre dans une phase décisive avec l'expiration de l'ultimatum d'Abiy. Les appels à la médiation et à la protection des populations civiles du Tigré se faisaient plus pressants mardi, à la veille de l'expiration de l'ultimatum donné par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed aux dirigeants de la région dissidente pour se rendre. Le pouvoir fédéral assure être en mesure de lancer la bataille de Mekele, la capitale de la région, afin d'en déloger les dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et de les remplacer par une nouvelle administration. Dimanche soir, Abiy leur a lancé un ultimatum de 72 heures pour se rendre, auquel le président du président du Tigré et chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, a répondu: «Nous sommes un peuple de principes et prêts à mourir». La perspective d'un assaut contre Mekele, qui compte 500.000 habitants, outre un nombre indéterminé de déplacés qui s'y sont réfugiés depuis le début du conflit, inquiète la communauté internationale et les organisations de défense de droits de l'Homme. «Tandis que les troupes fédérales éthiopiennes entament leurs préparatifs pour encercler Mekele, Amnesty International rappelle à toutes les parties qu'attaquer délibérément des civils (...) est interdit par le droit humanitaire international et constitue un crime de guerre», a souligné Deprose Muchena, responsable Afrique de l'Est et australe pour l'organisation. Rhétorique « hautement agressive » des deux camps La haute commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, s'est alarmée mardi de «la rhétorique hautement agressive» des deux camps, craignant qu'elle ne «mène à de nouvelles violations du droit humanitaire international». Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU a appelé les parties à permettre aux civils en quête d'une aide humanitaire de traverser les frontières internationales et nationales. A l'ONU, Européens et Africains ont étalé leurs divisions. La première réunion du Conseil de sécurité sur le conflit organisée mardi a d'abord été annulée à la demande des pays africains, pour donner plus de temps à la médiation de l'UA. Mais les Européens membres du Conseil - Belgique, Allemagne, France, Estonie, Royaume-Uni - soutenus par les Etats-Unis, ont annoncé que la réunion se tiendrait bien: «A un moment donné, on doit mettre (le dossier éthiopien) à l'agenda, même si ça ne plaît pas aux Africains», a souligné un diplomate européen sous couvert d'anonymat. Le réunion a bien eu lieu, sans donner lieu toutefois à une déclaration commune. «Les Européens ont fait part de leurs préoccupations, condamné les violences à caractère ethnique et demandé la protection des civils», a affirmé un diplomate européen. Interrogé sur les hésitations qui semblent dominer au Conseil de sécurité sur le conflit du Tigré, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a souligné que l'Union africaine était en première ligne dans les efforts internationaux et que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres soutenait cette approche.