Dans la Vision 2020 pour la culture, le ministère du même nom déclinait son programme de développement selon deux axes directeurs, la culture, bien entendu, et le patrimoine. La part des choses est ainsi faite entre le Patrimoine matériel et immatériel, et la Culture, fondamentalement les industries culturelles et créatives qui s'imposent dans une logique d'écosystème, de complémentarité entre les professions et d'agrégation des compétences techniques et industrielles, avec les services, diffusion et distribution des produits culturels. Le projet en soi, la mise en œuvre de la Vision 2020, s'inscrit dans une logique économique : « faire de la culture un vecteur de développement économique » dans lequel l'écrivain, selon cette douce et belle utopie, pourrait vivre de sa plume, l'artiste de ses pinceaux et le musicien de ses notes de musique. Le patrimoine appartient à l'histoire, certes, mais il fait l'actualité et se projette dans l'avenir. La question « Le patrimoine historique, quel référentiel de restauration? » pour en assurer la pérennité, a réuni des chercheurs et scientifiques, sous la houlette de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Rabat, afin de débattre du cadre normatif de restauration du patrimoine bâti. L'évolution des techniques de restauration, le développement de nouveaux métiers et la numérisation, ont retenu l'attention des participants. A cette occasion, le ministre de la Culture, Othmane El Ferdaous, a soutenu que « Le patrimoine s'inscrit dans des temps longs et requiert la collaboration entre plusieurs générations d'ouvriers, d'archéologues, de constructeurs et d'architectes pour le sauvegarder, le réhabiliter et lui redonner sa valeur centrale ». Ahmed Toufiq, ministre des Habous, a même suggéré l'introduction du patrimoine dans l'enseignement afin d'en faire un support de la culture générale individuelle. Mieux encore, et plus fondamentalement, le patrimoine participe au renforcement des valeurs d'identité et de citoyenneté, d'où l'intérêt de son inclusion dans les manuels scolaires, parallèlement à sa fonction affirmée de levier de développement économique. La présence du ministère des Habous à la rencontre est d'autant plus importante que ce département assure l'entretien et la préservation de milliers de bâtiments patrimoniaux. Son rôle est incontournable comme le montre les chiffres qui concernent la restauration de 840 mosquées historiques, 6.500 zaouias et mausolées, 330 hammams et 250 hôtels. A ce jour, le ministère des Habous a assuré la restauration de 77 mosquées (soit 70% des grandes mosquées historiques du Royaume), de 45 zaouias et de huit écoles, selon les chiffres avancés lors de cette rencontre scientifique. Le tourisme aime le patrimoine La vision Patrimoine 2020 reste attachée à la protection et la valorisation du patrimoine, mais qui s'inscrit dans une logique de développement d'une économie du patrimoine culturel, avec l'ambition explicitement affirmée d'en faire un levier de développement économique global, porté notamment par le tourisme local et international. La ministre du Tourisme, de l'Artisanat, du Transport aérien et de l'Economie sociale, Nadia Fettah Alaoui a mis l'accent sur cette dimension « économique » en insistant sur le fait que du point de vue touristique, le patrimoine historique apporte une forte valeur ajoutée à l'image d'un pays. Elle ajoutera que «Le Maroc, avec sa diversité exceptionnelle de sites et de monuments historiques, compte faire de ces segments un des points forts de sa stratégie» touristique. La stratégie « Patrimoine 2020 » s'appuie sur la restauration, la valorisation et à la promotion des grands sites du patrimoine culturel, par région et par type de patrimoine. Il s'inscrit ainsi dans une logique d'amélioration et de participation à l'attractivité d'un territoire, au double plan national et régional, afin de favoriser l'émergence d'un tourisme culturel qui fait défaut actuellement, comparé au tourisme balnéaire et, peut-être même, de montagne. Abdallah BENSMAIN