La Coordination des Marocains du Monde du Parti de l'Istiqlal a tenu une réunion dédiée à la communauté marocaine résidant en France. Plusieurs questions ont été soulevées. - La section d'Argenteuil est désormais composée d'une cinquantaine de membres, tous ingénieurs, principalement spécialisés dans les nouvelles technologies. Est-ce une fierté ? - C'est toujours une fierté pour nous à chaque fois que nous créons une section. Ce l'est d'autant plus quand nous avons une section composée d'une cinquantaine de membres, tous ingénieurs, principalement spécialisés dans les nouvelles technologies, qui adhèrent au Parti de l'Istiqlal et à cette volonté de participer aux changements en cours au Maroc. Pour nous, c'est un bon signe surtout dans cette période de crise sanitaire, où en général les gens se recoquillent sur eux-mêmes. Ce sont des jeunes qui veulent se battre pour améliorer leur sort et celui de leurs concitoyens. C'est une double fierté. Ce sont majoritairement des salariés de très grandes entreprises. - Lors de cette réunion, tenue jeudi 8 octobre, de nombreux sujets ont été abordés, en particulier ceux liés à la nécessité de la transformation numérique au Maroc. Sommes-nous vraiment prêts à installer la 5G ? -Concernant la 5G, des pays en voie de développement, comme le Maroc, doivent saisir les opportunités des révolutions technologiques en cours et prendre le pas, et bien entendu, le Maroc peut et doit obtenir cette technologie le plus rapidement. Aucun obstacle ne s'oppose à cette révolution, à part celui d'ordre géopolitique. Les plus avancés en la matière sont les chinois, avec le groupe Huawei. On sait la réticence de nos alliés américains là-dessus, mais je crois que le Maroc est souverain. Il peut comprendre la nécessité d'obtenir son indépendance technologique et de sauter le pas, quitte à le faire avec les chinois pour cette partie, et peut être avec nos alliés américains sur autre chose. En tout cas, je crois que le Maroc a l'ambition et les moyens de le faire et j'espère que la volonté politique est là également. - Lors de votre intervention, vous avez affirmé "qu'il est inconcevable qu'en 2021 la digitalisation dans les services publiques ne soit pas une réalité ". Qu'est-ce qui nous manque ? - Ce qui nous manque sont les compétences locales. Elles existent à l'étranger, et sont peut-être moins visibles au niveau local. Ce qui manque réellement, c'est la volonté politique et surtout le principe de la subsidiarité politique. - Face au retard technologique et informatique que connaît le Maroc, la fuite des cerveaux est-elle justifiable ? - La fuite des cerveaux est une réalité, une déchirure et un choix de vie, qui n'est pas liée aux salaires, ni au manque d'opportunités d'emploi. Elle est plutôt liée à d'autres paramètres, notamment la bonne gouvernance, à la justice sociale et économique ainsi qu'à la sécurité sanitaire. Donc on parle de politique publique. D'ailleurs, c'est le programme du Parti de l'Istiqlal, si nous parvenons au gouvernement. C'est vraiment un tout, qui fait que le citoyen décide ou ne décide pas de quitter son pays. Donc il n'y a personne qui décide de le quitter du jour au lendemain. Le jour où on atteindra ces objectifs, nos cerveaux resteront au Maroc. J'en suis persuadé. - Veiller au renforcement de l'esprit d'entreprendre des jeunes permettra-t-il de limiter cette fuite ? - Oui, forcément ! Mais l'esprit d'entreprendre, de créer des initiatives, et de participer à la richesse d'un pays est une culture. Il faut donc transformer cette culture à l'intérieur même de nos universités, qui aujourd'hui crèent une "armée" de diplômés chômeurs. On doit leur apprendre à créer des entreprises, même si elles sont en faillite par la suite. Ils doivent se relever et créer encore, jusqu'au jour où ils auront une entreprise qui tient la route et qui participe au développement de leurs pays, surtout qu'on sait pertinemment aujourd'hui que ce sont les PME qui soutiennent réellement les pays développés. Contrairement à ce que l'on croit, ce ne sont pas les entreprises qui font la croissance des pays développés, mais les PME. - Une autre question importante a été soulevée, celle sur la possibilité d'activer l'article 17 de la Constitution marocaine, qui indique que les MRE jouissent du droit de voter et de se présenter aux élections. Quel est votre commentaire ? - Sur ce sujet, nous avons milité pendant des années pour que les MRE puissent avoir leur droit de vote et qu'ils puissent avoir leur propre représentant au sein du Parlement et éventuellement au sein de la deuxième Chambre. À plusieurs reprises, le PI a porté la question au gouvernement Benkirane, en lui remettant un mémorandum à ce sujet. Nous avons également fait une proposition de loi, toujours au sein du Parlement. Aujourd'hui, sous le mandat de M. Nizar Baraka, le Parti est toujours à côté des MRE sur ce sujet d'importance. Nous estimons que nous ne pouvons pas écarter 6 millions de Marocains et des citoyens des affaires publiques. Soit des citoyens à part entière, soit nous ne le sommes pas. On ne veut pas être des citoyens de seconde zone ni des sous-citoyens. Recueillis par Safaa KSAANI Portrait : Celui qui a participé au lancement des Téléboutiques au Maroc Atypique, est le mot pour décrire son parcours. Mohamed Saoud est l'un des seuls membres de la diaspora de la 3ème génération qui a décidé de s'investir dans la politique de son pays d'origine, le Maroc, où il a été élu à tous les niveaux, élu communal, régional et sénateur. Il a pu accéder à toutes les responsabilités partisanes du doyen des partis du Maroc, l'Istiqlal. Il y a été élu au Secrétariat local, Secrétaire Provincial, Secrétaire Régional et maintenant membre du comité Exécutif, la plus haute instance du Parti. Actuellement, "nous sommes entrain de créer le maximum de sections et une dynamique au niveau de la diaspora pour les encadrer, ce qui nous amène à une cinquantaine de sections créées à l'étranger dans plus ou moins 25 pays. C'est un travail qui a été fait sur deux législatures. Cela fait 10 ans que j'ai cette charge au sein de l'Istiqlal", nous affirme-t-il fièrement. A la base, cet homme d'affaire bruxellois n'était pas fait pour la politique. Il a débuté dans le monde de la Télécommunication et a été parmi ceux qui ont créé et développé les Téléboutiques dès 1994, alors qu'il avait 21 ans. Depuis, il a participé à plusieurs innovations, des logiciels de gestion de cybercafés, aux cartes prépayés, à la dématérialisation des produits et services, puis au M-Payment et à l'e-banking. Son parcours a connu un tournant en 1999 suite à un appel de Sa Majesté le Roi, à toutes les forces vives de la nation, y compris les Marocains Résidants à l'Etranger, de procéder au Jihad économique car le Maroc en avait grand besoin. "J'avais l'impression que ce discours m'était adressé personnellement, je me suis senti dans l'obligation de réagir et c'est ainsi que je me suis mis à chercher à investir au Maroc pour soutenir à mon niveau, mon Pays d'où l'achat d'un Hôtel qui appartenait à l'Etat dans le cadre de la privatisation, l'hôtel Riad à Larache" nous confie-t-il. S. K. Repères Le PI se mobilise pour la Communauté marocaine à l'étranger La Coordination des Marocains du Monde du Parti de l'Istiqlal a tenu une réunion, jeudi 8 octobre via l'application Zoom, qui était dédiée à la communauté marocaine résidant en France. M. Rafik Soufiane y a été élu à l'unanimité secrétaire de la section d'Argenteuil. A cette réunion, qui était présidée par le Dr Mohamed Saoud, membre du Comité exécutif, en charge des Marocains du monde et des affaires d'immigration, Abdellatif Maazouz, président de l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) et par Monsieur Hadj Chafiq, coordinateur du Parti de l'Istiqlal en Europe. Plus de cinquante ingénieurs ont répondu présents. De nombreux sujets de préoccupation pour la communauté marocaine résidant à l'étranger ont été abordés, en particulier ceux liés à la nécessité de la transformation numérique au Maroc. 500.000 Marocains titulaires d'un BAC +5 vivent à l'étranger Lors de son intervention, le Dr Mohamed Saoud a souligné l'importance de la numérisation pour le royaume afin de confirmer sa position parmi les pays d'élite dans la révolution numérique connue de par le monde. Il a aussi souligné la nécessité de boucler le chemin dans le cadre de ce saut numérique en développant l'esprit d'entrepreneuriat, notamment auprès de la jeune génération. Il a tenu à noter que le Maroc possède les compétences dans ce domaine puisqu'il compte 500.000 Marocains titulaires d'un diplôme BAC + 5 résidant à l'étranger, ce qui nécessite le développement de politiques proactives et globales pour les intégrer dans ce cadre.