En mars, lorsque la vague du Coronavirus avait atteint le Maroc, ses répercussions économiques, aggravées par la durée record de 80 jours de confinement généralisé décrété par le gouvernement, ont déboulé sur le Royaume à la vitesse d'un tsunami ravageur qui a emporté dans son élan fou nombre de secteurs productifs aujourd'hui sinistrés. Aussitôt le confinement levé, un autre déluge, cette fois-ci sanitaire, a repris le relais, générant une augmentation marquée du nombre de contaminations et de décès qui continue à s'aggraver, jour après jour. Entre temps, la crise économique consécutive à la pandémie de la Covid-19, qui a mis à genoux l'économie nationale en quelques semaines, a fini par prendre l'allure d'une coulée de lave à la progression plus lente certes, mais toute aussi ravageuse. Résultat des courses, notre système économique, sans s'être totalement écroulé, semble aujourd'hui cuire à petit feu, en s'installant dans une crise structurelle dont attestent les chiffres faussement rassurants dévoilés par le Wali de Bank Al-Maghrib lors de sa dernière sortie : 7,9% de déficit public contre 11,4% en France, 6% de déficit du compte courant au lieu des 10,3% annoncés en juin, et un taux d'endettement de 73% du PIB contre une moyenne de 105% en zone euro et 141% aux Etats-Unis d'Amérique. Là où nombre de nations ont décidé de prendre le taureau par les cornes en favorisant l'endettement, l'investissement et l'injection de cash dans leurs économies, notre gouvernement, lui, au lieu de mettre à profit la période de confinement généralisé pour préparer la relance économique, a versé dans les calculs d'épiciers en coupant dans les dépenses d'investissements (- 4,7%) et en se focalisant sur le maintien sous contrôle de la régression des recettes ordinaires générée par un recul des rentrées fiscales. En parallèle, des secteurs comme le tourisme, l'événementiel, le textile, l'industrie et bien d'autres ont sombré dans une crise dont il sera très difficile de se relever à court et à moyen termes, aggravant ainsi la précarité de millions de Marocains sacrifiés comme des fantassins face à l'afflux dévastateur du chômage, de l'incertitude et de la peur inhérents à une paupérisation galopante des couches moyennes et populaires (1 million de nouveaux pauvres en six mois). En somme, c'est le moment ou jamais pour faire preuve de plus d'audace en rappelant la cavalerie des investissements publics à la rescousse. Majd EL ATOUABI