Airbus, ses salariés et tout son écosystème subit de plein fouet l'impact de la crise Covid-19. Aussitôt après l'annonce par le constructeur aéronautique européen Airbus de la suppression de 15.000 postes, les syndicats concernés se mobilisent, crient leur refus et appellent aux négociations.
Les syndicats d'Airbus ont affirmé, ce mardi 30 juin 2020, leur opposition à tout « licenciement contraint » après l'annonce le même jour par le groupe de la suppression de près de 15.000 postes dans le monde, dont 5.000 en France, et appelé à des négociations face à une crise jugée « conjoncturelle ». Le constructeur a justifié sa décision par l'impact de la « crise sans précédent » subie par le secteur du transport aérien terrassé par le Covid-19, mais son plan a été jugé « excessif » par le gouvernement français. En plus des 5000 postes devant être supprimés en France, le constructeur compte se séparer de 5.100 salariés en Allemagne, 1.700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1.300 sur les autres sites du groupe dans le monde, a précisé mardi soir l'avionneur dans un communiqué. L'activité dans l'aviation commerciale a chuté de près de 40% au cours des derniers mois, précise-t-il. « Bien que des mesures forcées ne puissent être exclues à ce stade, Airbus travaillera avec ses partenaires sociaux pour limiter l'impact de ce plan en s'appuyant sur toutes les mesures sociales disponibles, y compris les départs volontaires, les mesures de retraite anticipée, ainsi que le chômage partiel de longue durée », a affirmé Airbus qui entend conclure en 2020 les discussions avec les syndicats. « Le secteur de l'aéronautique fait face à un choc massif, brutal et durable. Il est fort probable que la reprise sera progressive. Nous ne l'avons jamais caché », a réagi le ministère français de l'Economie. « Nous l'avons même anticipé avec la mise en oeuvre d'un plan de 15 milliards d'euros pour soutenir le secteur. Néanmoins, le chiffre de suppressions d'emplois annoncé par Airbus est excessif », a-t-il déploré en demandant de « réduire au maximum les départs contraints ». En plus des salariés qui feront l'objet de licenciement, tout l'écosystème d'Airbus subira l'onde de choc de la crise que traverse le constructeur. Les syndicats en colère Le plan de restructuration, présenté dans l'après-midi aux syndicats en comité européen, est « d'envergure » avec des chiffres « extrêmement lourds » de suppressions de postes, a réagi Dominique Delbouis, coordinateur FO du groupe Airbus, dans un point de presse devant le siège. « Pour FO, la ligne rouge est de diminuer ce chiffre qui nous paraît excessif, et de mettre en place toutes les mesures possibles pour ne pas avoir à déplorer le moindre licenciement contraint », a-t-il ajouté. « Pour être en mesure de redémarrer vite et fort, il faut garder tous les salariés dans l'entreprise », a affirmé le délégué FO, Jean-François Knepper, appelant Airbus à faire preuve de « responsabilité sociale » au vu notamment du soutien apporté par l'Etat à la filière. « Nous allons négocier, et si cela ne suffit pas, on verra », a-t-il ajouté, excluant dans l'immédiat un appel à la grève. « On veut les emmener à la table des négociations pour trouver des solutions sur l'emploi, sur les départs anticipés, sur le chômage partiel de longue durée ». Pour lui, comme « cette crise est conjoncturelle, (…) Airbus a suffisamment de ressources pour rebondir une fois la crise sanitaire passée. Et Airbus a d'autant plus de chances de rebondir qu'il est seul au monde, Boeing étant au tapis et les Chinois pas encore sur le marché ». Ces négociations vont durer quatre mois, à partir de début juillet, a-t-il précisé. « Aucun départ contraint de salariés du groupe ne pourra être envisagé », a également réagi la CFE-CGC, deuxième syndicat du groupe dans un communiqué. La direction « recourt trop vite à la solution radicale d'un plan social massif » alors que « la perte des emplois et des compétences est un risque lourd pour Airbus, qui prend le pari dangereux et irréversible de ne pas pouvoir répondre au besoin quand la situation du marché se rétablira. Car elle se rétablira », ajoute le syndicat. Comme FO, il demande à la direction « d'ouvrir immédiatement des négociations » pour trouver des solutions, notamment via la mise en place de « l'activité partielle de longue durée », la relocalisation d'activités, et « des mesures d'accompagnement du type mesures d'âge ». « Les aides publiques ne sont pas là pour financer des licenciements », relève aussi la CFE-CGC. Les syndicats prendront la parole jeudi midi devant les salariés d'Airbus pour leur annoncer les détails du plan pour la France, après un comité de groupe Airbus France dans la matinée. Le maire de Toulouse a indiqué dans un communiqué que « tous les moyens (seront mis) en oeuvre afin d'atténuer les effets de ce plan sur l'emploi des Toulousains ». « Je suis et resterai attentive à la situation de la filière aéronautique qui représente 40% de l'emploi industriel en région », a pour sa part déclaré Mme Delga après s'être entretenue avec le PDG du groupe Guillaume Faury, annonçant qu'elle présentera vendredi un « plan de relance régional pour la filière aéronautique et spatial, d'un montant de près de 100 millions d'euros ».