Le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES), réuni depuis une semaine à Paris, a dévoilé, lundi, le premier rapport intergouvernemental d'évaluation mondiale sur la biodiversité qui servira de base à la prochaine réunion de l'ONU sur la biodiversité, la COP15, prévue en Chine en décembre 2020. Le rapport, qui a mobilisé durant trois ans, sous l'égide de l'ONU, 150 scientifiques de 50 pays, épaulés par plus de 300 experts, est l'analyse la plus complète de la nature disponible à ce jour depuis l'Evaluation des écosystèmes pour le millénaire de 2005. Adopté par 132 pays, ce rapport sans précédent tire la sonnette d'alarme et souligne l'urgence d'agir pour la biodiversité, « notre patrimoine mondial environnemental ». Dans ce rapport, le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité peint un tableau sombre de l'avenir de l'être humain qui dépend de la nature pour boire, respirer, manger, se chauffer ou se soigner. Selon le rapport, 75% de l'environnement terrestre a été « gravement altéré » par les activités humaines et 66% de l'environnement marin est également touché. Résultat: environ un million d'espèces animales et végétales sur les quelque 8 millions estimées sur Terre, sont menacées d'extinction, dont « beaucoup dans les prochaines décennies ». « Nous sommes en train d'éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », a alerté Robert Watson, président de l'IPBES qui avait appelé, lundi dernier, à l'ouverture de la 7ème session plénière de l'IPBES, les gouvernements à prendre des mesures urgentes pour lutter contre l'érosion de la biodiversité. «L'érosion continue de la biodiversité mettra à mal la capacité de la plupart des pays à atteindre la majorité des objectifs du développement durable, et tout particulièrement la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et de l'eau, la santé publique, ainsi que l'objectif global qui est de ne laisser personne pour compte », avait-il averti, ajoutant que « si les gouvernements veulent atteindre les objectifs du développement durable, il faut agir d'urgence pour limiter les changements climatiques d'origine humaine et la perte de biodiversité». Créée en 2012, l'IPBES, considéré comme le GIEC de la biodiversité, est un organe intergouvernemental qui mobilise des centaines de scientifiques du monde entier. Il fournit aux décideurs politiques des évaluations scientifiques objectives de l'état des connaissances sur la biodiversité, les écosystèmes et les avantages qu'ils procurent aux personnes, ainsi que les outils et méthodes pour protéger et utiliser durablement ces atouts naturels vitaux. La prochaine session de l'IPBES se tiendra au Maroc en 2021.